
Renard roux (Vulpes vulpes)
DIFFICULTE: Difficile.
DISTANCE DE FUITE: 300 mètres… mais très variable.
Une étude a montré que 15% des canidés sauvages n’avaient pas une peur naturelle de l’homme. Ces 15% ne fuient pas l’observateur. Ils laissent les curieux les admirer, les photographes les immortaliser. J’en ai vu un, une fois en Croatie. Un de ceux qu’il faut avoir vu avant les chasseurs.
Le renard est un animal commun difficile à observer à cause de la chasse.
La distance de fuite est généralement élevée… à cause de la chasse. Normalement diurne, le renard devient nocturne… à cause de la chasse !
C’est un animal très utile pour:
-réguler les populations de campagnol.
-limiter la diffusion de la maladie de Lyme, maladie qui circule via les tiques et les campagnols affaiblis.
OU?
Il est présent dans toute l’Amérique du Nord, toute l’Eurasie et en Australie.
Mais les situations sont très différentes selon les continents:
-en Amérique du Nord: il est relativement moins observé car, malgré une augmentation des effectifs, les densités restent plus faibles qu’en Europe. Cet état de fait est lié à l’importance des forêts et à un équilibre différent déterminé par la présence de loups, coyotes, lynx roux…
-en Asie: au nord de l’Asie, la situation est proche de celle de l’Amérique du Nord, tandis qu’au sud, il existe plusieurs espèces de renards.
-en Australie: introduit pour la chasse à partir de 1833, le renard roux est responsable d’importants dégâts sur la faune australienne. Il est aujourd’hui considéré comme invasif (7.2 millions en 2012) et des campagnes d’éradication visent à réguler ses populations. C’est le pays où il est le plus signalé, en particulier dans le sud-est.
-en Europe: c’est le meilleur continent pour le voir.
A l’échelle continentale, c’est le nord ouest de l’Europe qui enregistre le plus d’observations : la France, puis le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Le Danemark, la Suisse, l’Espagne et la Suède sont également bien placés.
Localement, il faut vraiment distinguer les secteurs en fonction de la pression de chasse. On retiendra les lieux suivants:
1: le parc national des Abbruzes (Italie): c’est le lieu choisi par Luc Jacquet pour tourner les scènes avec des renards pour le film Le renard et l’enfant (2007). Dans ce parc, les renards sont peu farouches.
2: les bocages des Vosges (France): des pâturages totalement encadrés par des forêts multiplient les affûts possibles. Tous les bocages des zones faiblement peuplées sont favorables en France.
Photo 1 et 2: Renard roux curieux
Forêt de Gorski kotar; Croatie (21.07.2013).
Il est 7h30 du matin quand je croise ce renard sur une toute petite route perdue en forêt. Il est curieux. Il monte sur le talus pour me regarder à 25 m. Si j’avance un peu, il part, puis il revient comme si j’étais un compagnon de jeu.
A l’échelle locale, il y a deux types de sites très favorables:
-la zone de nourrissage: le renard est opportuniste mais il chasse d’abord et avant tout les campagnols. Pour cela, il fréquente notamment les prairies proches des forêts.
-le gîte: le renard utilise un terrier de blaireau, un terrier de lapin ou une cavité naturelle pour élever ses petits. En restant à distance, c’est un endroit favorable pour observer les renardeaux surtout.


QUAND?
La bonne période pour observer le renard va de janvier à juillet. A partir de l’ouverture de la chasse, les observations deviennent beaucoup plus rares:
-janvier et février: c’est la période du rut. Les adultes sont très actifs. Les périodes de froids obligent parfois les renards à chasser dans la neige en pleine journée.
-mars et avril: la femelle va donner naissance à des renardeaux et rester caché avec eux. La période reste favorable car les mâles chassent beaucoup pour la femelle. Il dépose ses proies à l’entrée du gîte.
-mai et juin: c’est sans doute la meilleure période. Autour de début mai, les renardeaux commencent à sortir du terrier (ils ont 4 semaines) avec une méfiance bien inférieure à celle des adultes. Les deux parents chassent beaucoup. En juin, la fenaison est très favorable. Les deux jours qui suivent une fauche, les renards sont souvent à découvert à la recherche des micro-mammifères découpés par les machines agricoles ou des survivants dont les galeries sont plus accessibles.
-juillet: la petite famille quitte la zone du gite pour se rapprocher de la zone de chasse. Les jeunes renards développent leur autonomie et sont curieux.
C’est tôt le matin qu’on a le plus de chance de voir un renard. On peut néanmoins en voir en pleine journée dans les zones protégées.
Photo 3: Renardeau
Le Portail Rouge; Saint-Etienne; Loire; France (25.06.2018).
Le Soleil se couche et se jeune renard joue.
COMMENT?
Le renard dispose d’une bonne vue, d’une excellente ouïe et d’un excellent odorat. Le photographier est un beau défi.
Dans les vieux parcs naturels européens, il ne craint pas trop l’homme. On peut randonner en se montrant attentif dans les secteurs ouverts. On aura quand même intérêt à marcher face au vent et en longeant les haies.
Dans les zones non protégées, il faut quand même choisir des secteurs tranquilles où la pression anthropique n’a pas poussé tous les renards à une vie nocturne. Là, c’est l’affût qui offre les meilleures opportunités:
-un affût sur une zone de chasse:
1: il faut choisir un grand pré entouré de haies ou de forêts, et repérer à l’avance plusieurs points d’observation favorables.
2: le jour de l’affût, il faut arriver de nuit (à défaut d’une nuit sur place) et regarder le sens du vent. Le choix du point d’observation dépend d’abord de ce facteur.
3: il faut se dissimuler: un tronc d’arbre couché, des arbustes… et un filet de camouflage. Il faut également trouver une position confortable. On a facilement froid quand on reste immobile…
Photo 4: Renardeau
Le Portail Rouge; Saint-Etienne; Loire; France (29.06.2018).
Aux abords des villes, les renards adoptent très rapidement un mode de vie nocturne. Ce renardeau, photographié par un piège photographique, reste caché en pleine journée.


-un affût sur la zone du gîte:
1: il faut d’abord repérer un gite occupé: un terrier occupé n’est pas obstrué par des toiles d’araignées ou des repousses de végétation. Comme les renards partagent parfois un terrier avec des blaireaux, un piège photographique utilisé en mars et avril est intéressant. Sinon, il faut repérer les crottes ou les empreintes dans les environs.
2: on doit rester discret: un poste d’observation le plus loin possible, un filet pour se camoufler… Les renardeaux sortent jouer sans prudence en mai et juin, mais une femelle qui sent le danger peut changer ses petits de gîte. Les temps d’observation doivent rester de courte durée.
Photo 5: Adulte en chasse
Jasserie de Colleigne; Monts du Forez; Loire; France (12.07.2018).
L’affut permet de réaliser des observations plus longues et plus naturelles que l’approche.