
La forêt de Bialowieza est le meilleur spot en Europe pour observer les pics (famille des picidés). Et pour cause, la diversité des arbres et l’importance du bois mort permet de fournir l’habitat idéal à la quasi totalité des espèces européennes (10 sur 11 espèces). Le seul absent est le pic de Sharpe (Picus sharpei), anciennement considéré comme une sous-espèce de pic vert inféodée à la péninsule ibérique.
Cet article ne traite pas l’aspect détermination des espèces.
Voici les espèces présentes et une estimation de leurs effectifs sur la forêt de Bialowieza côté polonais :
– pic noir (Dryocopus martius) : 300 couples.
– pic vert (Picus viridis) : inconnus.
– pic cendré (Picus canus) : 30 à 35 couples.
– pic épeiche (Dendrocopos major) : plus de 1 300 couples.
– pic à dos blanc (Dendrocopos leucotos) : 115 à 130 couples.
– pic syriaque (Dendrocopos syriacus) : inconnu ; très faible.
– pic mar (Dendrocoptes medius) : 1 100 à 1 300 couples.
– pic tridactyle (Picoides tridactylus) : 60 à 80 couples.
– pic épeichette (Dryobates minor) : inconnu.
– torcol fourmillier (Jynx torquilla) : 200 couples.
Ci-contre : Pic à dos blanc femelle dans la zone de protection stricte de la forêt de Bialowieza.

2 ) OU ?
Si la zone de protection stricte du parc national de Bialowieza est une des meilleures de la forêt pour observer les pics, son coût et l’interdiction de sortir du sentier représentent des inconvénients importants. Si vous choisissez cette option, demandez bien un guide ornithologue (il y en a même qui se présentent comme spécialistes des pics).
Ici, on vous conseille d’abord des randonnées dans les zones favorables pour la plupart des espèces. Ensuite, on présentera des sites et des habitats spécifiques pour chaque espèce.
Ci-contre : Pic noir mâle.
RANDONNES FAVORABLES POUR VOIR BEAUCOUP D’ESPECES :
– le Pont de Budy (0.5 km) :
C’est une petite zone avec une forte mixité d’habitats. Il faut se garer sur le petit parking à l’Est du pont et se promener sur la route, jusqu’au pont. On peut y croiser pic noir, cendré, à dos blanc, mar, tridactyle et épeichette. C’est le meilleur spot pour ceux qui n’aiment pas beaucoup marcher, avec possiblement, les pics noirs, à dos blanc, tridactyle, mar et épeichette.

– le secteur du Pont Kosy Most (3 à 9 Km) :
Ce secteur est l’un des plus intéressants pour de très nombreuses espèces (y compris, bisons, lynx et loups). Il faut se garer sur parking situé à 1 km à l’Ouest du pont. De là, on peut rejoindre le pont et faire une petite boucle par le Sud (3 km) ou une grande boucle par le Sud avec le Sentier Noir Carska Tropina (9 km) : tous les pics sont potentiellement présents ici sauf le pic vert et le pic syriaque.
– le Sud de Sacharewo (5 à 16 km) :
Il s’agit d’une zone très mixte, marécageuse et avec beaucoup d’arbres morts. On se gare à Sacharewo et on prospecte d’abord autour du village où, pic noir, pic mar et torcol fourmillier sont présents. Ensuite, on descend la vallée soit à l’Ouest, soit à l’Est du cours d’eau :
– à l’Ouest : on rejoint le pont et on parcourt le sentier Puchaczowa Droga. Le pic épeichette est présent dans le secteur du pont, le tridactyle dans les zones avec des épicéas et presque tous les pics peuvent être vus dans le secteur marécageux final.
– à l’Est : on rejoint la voie ferrée et on fait une boucle « boueuse » en utilisant Szadzka Droga. Tous les pics peuvent être vus ici.

RANDONNEES POUR DES ESPECES CIBLES :
Pic noir (Dryocopus martius) :
Ils sont présents partout dès qu’il y a des arbres morts. Ils sont faciles à repérer auditivement (tambourinage et cris) mais difficile à apprécier visuellement tant ils savent se cacher. On ne les voit généralement que de loin. Toutes les randonnées le long de la route de Narewkawska et sur les perpendiculaires (Graniczny tryb et Pojedynacki tryb) sont favorables.
Pic vert (Picus viridis) :
Il faut le chercher dans les zones ouvertes. Ce n’est pas intéressant de venir à Bialowieza pour chercher cette espèce bien plus commune ailleurs. Le parc du château de Bialowieza et les alentours de la ville de Bialowieza sont les meilleurs endroits pour le voir.
Ci-contre : Pic vert femelle devant sa loge.

Pic cendré (Picus canus) :
Il faut le chercher sur toutes les lisières et sur les alignements de peupliers ou de saules. Le nid est généralement sur un aulne, un saule ou un tremble. C’est un oiseau très discret et moins fréquent que la plupart des autres pics mais avec la diffusion de son cri, il peut venir rapidement (la technique de la repasse est interdite en Pologne).
Les meilleur spots pour le voir sont sans doute :
– le pont de Narewka juste au Sud du village de Bialowieza en marchant 500 m vers le sud et autant vers le Nord.
– celui des chênes de Gruski juste au nord de la forêt de Bialowieza et de la rivière Narewka.
Pic épeiche (Dendrocopos major) :
Il est très présent partout et on tombe sur lui bien souvent quand on cherche les autres espèces. Le parc du château de Bialowieza et tous les parcs urbains sont les sites les plus propices pour le voir.
Ci-contre : Pic épeiche femelle.

Pic à dos blanc (Dendrocopos leucotos) :
Il faut le chercher dans toutes les forêts riveraines, marécageuses. Ses essences préférées sont l’aulne noir, devant le tremble et le bouleau. Pourtant, c’est souvent le plus gros chêne de leur territoire qui sert de site de tambourinage. Le trou de nidification présente souvent un toit (une branche morte ou un polypore). Il cherche sa nourriture dans la strate basse avant la reproduction et dans les strates hautes après. Il devient alors difficile à voir. Pour le voir, les meilleurs sentiers sont Zebra Zubra (4 km ; éviter le week-end… il est bondé), le sentier noir de Budy (6 km) et Debowy grad (4.5 km).
Pic syriaque (Dendrocopos syriacus) :
C’est le pic le moins souvent observé sur la forêt de Bialowieza aussi bien parce qu’il préfère les milieux plus ouverts. Ici, c’est le pic le plus urbain et c’est dans la plus grande ville de la région, Hajnowka, qu’on a le plus de chance de le voir. Il faut le chercher dans le parc municipal, aux alentours de la gare et dans la rue Targowa.
– pic mar (Dendrocoptes medius) :
Il faut le chercher sur les branches mortes des vieux chênes, souvent près des cimes. Le nid est creusé dans un bois tendre (aulne noir, bouleau, tremble ou branches mortes). Ils sont très nombreux sur la forêt de Bialowieza et présents également dans les parcs et jardins. Les meilleurs sentiers pour le voir sont les mêmes que ceux du pic à dos blanc : Zebra Zubra (4 km), le sentier noir de Budy (6 km) et Debowy grad (4.5 km). Mais toute la forêt juste autour de Bialowieza est très favorable également.

Ci-contre : Pic mar femelle
– pic tridactyle (Picoides tridactylus) :
Il faut le chercher dans les pessières (forêts d’épicéas) et pour avoir plus de chance de les repérer, dans les épicéas morts ou dans les forêts mixtes épicéas/aulnes. Généralement silencieux, c’est pourtant les mâles les plus faciles à repérer car ils cherchent leur nourriture sur les troncs tandis que les femelles le font plus en hauteur, sur les branches.
Les sentiers au Sud-Ouest de Bialowieza sont les plus favorables grâce à la présence d’épicéas.
– pic épeichette (Dryobates minor) :
Il faut le chercher sur les branches, donc souvent en hauteur. La forêt de Bialowieza n’est pas idéale pour le photographier avec ses grands arbres sur un relief plat et son ensoleillement médiocre. Mais le pic épeichette est potentiellement présent partout. Cherchez aux alentours du pont de Narewka juste au Sud du village de Bialowieza.
– torcol fourmillier (Jynx torquilla) :
On peut l’observer dans les secteurs semi-ouverts proches du village de Bialowieza : dans le parc du chateau, autour de l’enclos des bisons et dans les jardins où ils adoptent souvent les nichoirs.

Ci-contre : Pic épeiche femelle.
3 ) QUAND ?
Le torcol fourmillier est le seul membre de la famille migrateur en Europe. Il arrive sur Bielowieza seulement au milieu du mois de mars, souvent autour du 13. En dehors de cette espèce, les pics peuvent être aperçus toute l’année mais avec de fortes différences selon la saison :
– JANVIER à MI-FERVRIER (peu favorable) : quelques espèces tambourinent déjà et les arbres n’ont pas de feuilles. Il faut prévoir des randonnées en raquette avec 30 cm de neige.
– MI-FEVRIER à MI-MARS (assez favorable) : Les oiseaux s’installent sur leur territoire et tambourinent presque tous. La neige est toujours là.
– MI-MARS à FIN-AVRIL (très favorable) : c’est la meilleure période pour toutes les espèces. Les arbres n’ont presque pas de feuilles et c’est le coeur de l’activité de reproduction : les oiseaux tambourinent beaucoup. La loge est aménagée et les accouplements ont lieu.

– MAI (assez favorable) : pour beaucoup d’espèces, le début du mois est, en moyenne, celui de la couvaison. Les oiseaux sont alors discrets et peu visibles avec l’épanouissement des feuilles. La fin du mois redevient favorable pour les naturalistes qui ont l’oeil. Les parents circulent beaucoup pour nourrir les oisillons. Si on trouve la loge, on peut faire de superbes photographies.
– JUIN (défavorable) : la période de reproduction s’achève pour les grandes espèces. Le tout début du mois reste favorable pour le tridactile, l’épeichette et surtout, le torcol.
– JUILLET à MI-SEPTEMBRE (très défavorable) : les pics sont silencieux et rarement visibles dans la canopée.
– MI-SEPTEMBRE à FIN OCTOBRE (moyennement favorable) : la plupart des espèces redeviennent plus actives et un peu plus bruyantes.
– NOVEMBRE et DECEMBRE (défavorable) : peu d’activités et le froid s’installe.
La période favorable pour le torcol est brève : de mi-avril à mi-juin.