




La Tanzanie compte au moins 45 espèces de caméléons (2023).
C’est un minimum, car on y découvre encore des « caméléon nains ». Les montagnes de l’arc oriental ont été comparées à l’archipel des Galapagos. Les caméléons évoluent séparément, isolés dans leur montagne, comme les tortues géantes isolés sur leurs îles (Voir l’article Tortues géantes des Galapagos). On a donc souvent des espèces différentes pour chaque montagne : 30 espèces sont endémiques à la Tanzanie.
Photo 1, 2, 3, 4 (ci-dessus) : Diversité des caméléons en Tanzanie
Au total, la Tanzanie présente 20% des espèces de caméléons du monde. C’est le 2e pays pour cette famille après Madagascar (43% des espèces du monde). Il n’y a aucun genre commun entre Madagascar et la Tanzanie.
Photo 5 : Caméléon bicorne des Uzambara de l’Ouest (Kinyongia multituberculata).
Cet article est construit sur le plan suivant :
I ) OU ? QUAND ? COMMENT LES VOIR ?
II ) LES 5 GENRES DE CAMELEONS TANZANIENS
I ) OU ? QUAND ? COMMENT LES VOIR ?

1 ) OU ?
Seul le caméléon bilobé (Chamaleo dilepis) est potentiellement présent dans toute la Tanzanie.
Le nombre d’espèces devient plus important dans les zones montagneuses et en particulier dans l’arc oriental (en pointillé sur la carte). Certains sites de montagne abritent ainsi jusqu’à 8 espèces de caméléons appartenant à 5 genres différents. Ainsi, l’Est de l’Uzungwa (4), l’Uluguru (3), le Nguru (2) et l’Est des Usambara (1) sont des massifs particulièrement intéressants pour la recherche des caméléons.
La réserve naturelle d’Amani à l’Est des Usambara est un des sites les plus adaptés pour les amateurs. On peut y voir :
– Rhampholeon temporalis * : endémique et assez facile à trouver.
– Rhampholeon spinosus : endémique mais très difficile à trouver en raison de sa taille, de sa finesse et de son habitude à rester à plus de 3m de haut dans la canopée. Il a une corne arrondie avec de petits piquants, piquants plus prononcés chez le mâle.
– Rieppeleon brevicaudatus * : assez facile.
– Kinyongia tenuis * : facile car très commun.
– Kinyongia vosseleri : endémique et assez difficile à trouver.
– Kinyongia matschiei * : endémique et assez facile à repérer.
– Trioceros deremensis * : endémique et assez facile à voir.
– Chamaleo dilepis * : moyennement facile à Amani.
Les espèces avec un astérisque (*) ont été trouvées en une seule soirée d’observation. Elles sont illustrées et détaillées dans la présentation des genres.
2 ) QUAND ?
On peut chercher des caméléons toute l’année.
Par contre, pour en trouver beaucoup, il faudra chercher de nuit.

3 ) COMMENT ?
Pour chercher les caméléons, il faut une bonne lampe torche.
Dès que la nuit est tombée, on marche le long des sentiers ou des petites routes entourées d’une végétation importante (arbres, arbustes, haies de jardin…). On balaie rapidement la végétation avec la lampe torche. On s’arrête quand on voit une tache brillante claire qui contraste avec la végétation. Les caméléons éclairés « brillent » au début, puis deviennent « moins brillants » si l’éclairage se prolonge.
Photo ci-contre : Kinyongia matschiei mâle, brillant lors du passage rapide de l’éclairage. Le même individu apparaît plus sombre par la suite (voir photo du même animal dans la présentation du genre Kinyongia).
Les caméléons trouvés peuvent être réveillés ou endormis. Dans les deux cas, ils restent généralement immobiles. Certains individus sont repérés trop haut (amener des jumelles) ou dans des zones très feuillus de sorte qu’il n’est pas facile de les photographier. Si vous avez du temps, repérez l’emplacement précis et revenez voir en journée. Le caméléon se sera déplacé mais il ne sera pas loin.

Dans la réserve naturelle d’Amani, on peut demander un guide. Ils ont le rythme et le coup d’oeil qui manquent au début. Par contre, ils n’ont pas toujours un très bon éclairage. Vous trouverez également des amphibiens et des arthropodes ; Avec de la chance, un serpent, un oiseau nocturne ou un galago.
En journée, on peut toujours demander s’il y a un caméléon à proximité. Ca marche régulièrement quand vous dormez dans des structures entourées de haies ou de jardins. A Amani, vous pourrez également chercher deux primates (voir l’ article sur le colobe d’Ouganda et l’article sur le singe bleu) et de nombreux oiseaux (calao à joues argents, souimanga d’Amani, souimanga à col rouge, loriot à tête verte…).
Ci-contre, Kinyongia tenuis à Amani, endormi et à 4 m du sol. Certains individus sont bien plus colorés (voir la photo dans le genre Kinyongia présentée plus bas).
II ) LES GENRES DE CAMELEONS TANZANIENS



1 ) Le genre Rhampholeon
Ci-dessus, Rampholeon temporalis mâle (à gauche) et femelle (à droite).
Noter l’aspect brillant et les restes de « mue » sur la femelle.
Il est forestier et vit à moins de 30 cm du sol.
On l’identifie bien à sa ligne diagonale sur le flanc (horizontale chez Rieppeleon brevicaudatus). Les mâles adultes ont une queue plus large que la femelle. Il n’y a pas de dimorphisme chez les juvéniles.
Le genre Rhampholeon fait partie des 4 genres de caméléons nains (la sous famille de Brookesiinae).
Ce genre compte au total 25 espèces.
Sur ces 25 espèces, 15 sont présentes en Tanzanie et 13 endémiques.
La Tanzanie est donc le berceau du genre.
Ils sont tous petits (généralement moins de 10 cm ; maximum 15 cm) avec des pattes chétives et une queue trapue et courte.
Ils vivent généralement assez près du sol et le plus souvent dans les forêts denses de montagne.
En Tanzanie, leur répartition n’est jamais très étendue (voir la carte ci-contre). En dehors de Rhampholeon boulangeri, toutes les espèces sont sur les montagnes de l’arc oriental.



2 ) Le genre Rieppeleon
Ci-dessus, Rieppeleon brevicaudatus adulte à gauche et juvénile à droite.
Il faut le chercher dans les habitats perturbés et à moins de 30 cm du sol. On l’identifie à sa ligne horizontale sur le flanc et à sa barbichette d’écailles au menton. Les mâles adultes ont la queue plus épaisse que les femelles.
Le genre Rieppeleon a été séparé du genre précédent en 2004. C’est l’autre genre de caméléons nains présent en Tanzanie.
Le genre Rieppeleon ne compte que 3 espèces à travers le monde. Ils ne sont présents qu’en Afrique de l’Est depuis la corne de l’Afrique au Nord jusqu’au Mozambique au Sud. La encore, la Tanzanie apparaît au coeur de la répartition du genre. Toutes les espèces y sont représentées.
Il s’agit là encore de petits caméléons (généralement moins de 10 cm), de couleur brune. Ils sont nettement moins spécialisés que le genre précédent et leur répartition est beaucoup plus large avec des habitats variés allant de la forêt aux savanes. On peut les trouver dans de petits buissons tout proche de la litière.




3 ) Le genre Kinyongia
Ci dessus, à gauche, une femelle de Kinyongia tenuis à Amani (à gauche). Cette espèce est difficile à trouver car elle se perche généralement à au moins 3 m de haut en lisière ou en milieu perturbé. La corne est moins arrondie et moins « piquante » que celle de Rhampholeon spinosus. Le dimorphisme sexuel est peu marqué mais les hémipénis sont assez faciles à repérer chez cette espèce.
Ci-dessus, en haut à droite, une femelle de Kinyongia multituberculata dans les Uzambara de l’Ouest.
Ci-dessus, en bas à droite, Kinyongia matschiei à Amanii. Il faut le chercher en lisière où il est plus fréquent qu’en pleine forêt. Par rapport au mâle, la femelle est plus petite, plus terne et porte des cornes moins marquées.
Le genre Kinyongia compte 23 espèces, toutes en Afrique de l’Est. La Tanzanie en compte 12 et 10 sont endémiques. La Tanzanie, avec l’arc oriental, apparaît encore comme le berceau du genre au côté de la vallée du rift (RDC, Ouganda, Rwanda et Burundi). La répartition rappelle celle des caméléons nains du genre Rampholeon avec, souvent, une espèce par massif montagneux.
Les kinyongia sont des caméléons de taille moyenne qui se caractérisent généralement par une protubérance sur le nez : parfois deux cornes (K. multituberculata ; K. matschiei), parfois une seule (K. tenuis), parfois juste une excroissance… Il y a généralement un dimorphisme sexuel marqué. Chez quelques espèces, les femelles n’ont pas de cornes.
Ils vivent tous dans des forêts de montagne.




4 ) Le genre Trioceros
Ci-dessus, trois Trioceros deremensis ; une femelle adulte à gauche ; un mâle au centre et un juvénile à droite, tous vus dans la réserve d’Amani lors d’une même soirée de recherche.
Il faut le chercher en forêt où il est présent à toutes les altitudes. Certaines femelles ont des « bourgeons » de corne. Les cornes n’attestent un mâle que si elles ont commencé à se développer. Les femelles sont parfois brunes.
Le genre Trioceros compte 40 espèces, toutes africaines. Sur ces 40 espèces, 13 sont présentes en Tanzanie et 7 sont endémiques à la Tanzanie.
Ce groupe a été séparé du genre Chamaeleo en 2009. Il présente des caméléons assez diversifiés :
– en taille : Tioceros Melleri est le plus grand caméléon d’Afrique hors Madagascar. Les mâles, plus gros que les femelles, atteignent 50 à 61 cm de longueur totale (record de 76 cm).
– en ornementation : les Trioceros peuvent présenter de 0 à 4 cornes. Contrairement aux autres genres, il s’agit de cornes cylindriques et osseuses. Les mâles sont généralement plus grands que les femelles et plus souvent ornés de cornes.
Leur répartition est très variable d’une espèce à l’autre mais, comme pour les genres précédents, on retrouve une forte diversité des espèces dans l’arc oriental. Les espèces de montagne ont la particularité de ne pas pondre d’oeufs. Les petits naissent vivants et dépendent donc moins des fraîches températures d’altitude.

5 ) Le genre Chamaeleo
Ci-contre, le caméléon bilobé (Chamaeleo dilepis), une espèce très largement répartie en Afrique. A Amani, il faut le chercher en lisière, aux altitudes les plus basses de la réserve. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel marqué.
Le genre Chamaeleo compte 14 espèces avec une large répartition essentiellement africaine mais aussi asiatique et européenne. Ils sont absents de Madagascar. Sur ces 14 espèces, 3 sont présentes en Tanzanie et aucune endémique :
– le caméléon bilobé (C. dilepis).
– le caméléon lisse (C. laevigatus).
– le caméléon gracile (C. gracilis).
La carte suivante montre la répartition de quelques espèces dont les 3 présentes en Tanzanie. Voir aussi l’article Caméléon bilobé.
