
Manchot de Magellan (Spheniscus magellanicus)
DIFFICULTE : Très facile.
DISTANCE DE FUITE : 2 m environ.
EFFECTIFS : 1.3 millions de couples ; Préoccupation mineur.
Sur les 18 espèces de manchots, le manchot de Magellan est le plus accessible :
– le 1er explorateur qui est passé dans le secteur (Magellan ; 1519) l’a découvert. C’est dire s’il était facile à trouver.
– c’est, avec les 3 autres espèces du genre Spheniscus, un manchot qui ne vit pas dans le froid polaire. On peut l’observer sans se geler.
– c’est le manchot du genre Spheniscus avec les effectifs les plus importants : il y a environ 20 fois plus de manchots de Magellan que de manchots du Cap ; 150 fois plus que de manchots de Humbolt et 1150 fois plus que de manchots des Galapagos.
– c’est un manchot qui ne semble pas déranger par l’homme : sa distance de fuite est de quelques mètres et bien qu’extrêmement visitée, la colonie de Magdalena est en augmentation.
Photo 1 : Adulte et juvénile


Photo 2 : Sur le ponton aménagé pour les touristes
Photo 1 à 5 : Toutes les photographies présentées ici sont prises dans le Parc National Monte Leone ; Patagonie ; Argentine (décembre 2023).
OU ?
Le manchot de Magellan se reproduit sur les littoraux d’Argentine et du Chili et migre vers le Nord en suivant les anchois pendant l’hiver austral. Certains manchots dépassent alors le tropique du Capricorne. Pour le voir, il faut cibler les colonies de reproduction, donc la Patagonie.
Les pays où les observations naturalistes sont les plus nombreuses sont l’Argentine, devant le Chili puis les îles Malouines. Les données sont bien plus faibles en Uruguay et au Brésil.
Les colonies continentales autorisent de longues observations en indépendants.
Les colonies sur des îles plus petites présentent des inconvénients (trajets en bateau ; temps limités) mais on peut parfois y observer plusieurs espèces de manchots de genres différents. Choisissez d’abord en fonction des distances à ajouter à votre parcourt initial.
Voici de bons sites pour les observer :
– 1 : Péninsule Valdès (Argentine) : il faut rejoindre le secteur Nord de la péninsule et notamment l’Estancia San Lorenzo. Il y aurait 600 000 manchots ici. Ce n’est pas le meilleur site mais pour ceux qui ne descendent pas plus au Nord en Patagonie, c’est intéressant.

– 2 : Punta Tombo (Argentine) : cette réserve, créé en 1972, protège la plus grande colonie continentale de manchots de Magellan (près d’un million d’oiseau). C’est le site d’observation le plus connu. Il s’agit d’une péninsule (3 km de long pour 600 m de large) constituée de roches métamorphiques et de sables compactés. C’est ce sable qui est favorable au creusement des nids. La réserve se situe à 3 heures de route de Puerto Madryn.
– 3 : Cabo Dos Bahias (Argentine) : la zone protégée de ce cap est très peu fréquenté, totalement éclipsée par le site précédent. Un sentier de 500 m allé permet de rejoindre une colonie de 9 000 manchots.
– 4 : Bahia Bustamante Lodge (Argentine) : c’est un ancien établissement de récolte d’algues qui s’est reconverti pour accueillir des touristes. Il permet de faire des excursions en bateau pour voir nager les manchots dans des eaux peu profondes. On peut aussi, à marée basse, marcher (15 min) jusqu’à l’île des manchots et les admirer longuement.
– 5 : Reserva Natural Ria Deseado (Argentine) : depuis Puerto Deseado, on peut rejoindre en bateau les îles peuplées de manchots de Magellan comme Islote Punta del paso, isla Quiroga, isla de los Pajaros ou la plus grande, isla Chaffers. Mais l’île la plus intéressante est l’isla Pingüino (à 45 minutes de bateau) car elle abrite aussi la seule colonie accessible de gorfous sauteurs de toute la Patagonie.
– 6 : Parque Nacional Monte Leone (Argentine) : une promenade facile de 2.6 km aller mène à une colonie de 130 000 manchots. Le sentier, peu fréquenté, permet de voir des oiseaux de tout près, mais aussi d’apprécier la taille de la colonie puisque, à l’arrivée, on domine tout le site et la plage (photo 3, ci dessous). C’est un bon plan, hors des sentiers battus et où on peut prendre tout son temps.
– 7 : Reserva Provincial Cabo Virgenes (Argentine) : c’est la 2e plus grande colonie de manchots de Magellan d’Argentine. Elle se trouve à 140 km de Rio Gallegos, soit 3 heures de route aller sur des piste gravillonnées.

– 8 : l’île Martello près d’Ushuaïa (Argentine) : c’est le site le plus austral pour voir des manchots de Magellan. On y voit aussi des manchots papous. C’est cher pour rester seulement 45 minutes avec les animaux.
– 9 : Ile Malouines (Royaume-Uni) : on peut voir des manchots de Magellan à de très nombreux endroits sur les îles Malouines et en particulier du côté de l’île occidentale. Les meilleurs spots sont :
– Bluff Cove Lagoon où une colonie se reproduit.
– l’île de Saunders (au Nord-ouest) où vous verrez également gorfous dorés (Eudyptes chrysolophus) et manchots papous (Pygoscelis papua).
– l’île de Sea Lion est aussi favorable pour plusieurs espèces de manchots.
– 10 : île de Magdalena (Chili) : cette île, située dans le détroit de Magellan, abrite une colonie de 60 000 couples de manchots de Magellan au Monumento Natural Los Pingüinos. C’est le site le plus connu du Chili. La population de manchots augmente malgré la fréquentation du site. L’inconvénient ici, c’est qu’il faut faire 1h45 de bateau à l’aller et autant au retour pour seulement 1 heure sur place.

– 11 : les îles Punihuil (Chili) : ces 3 îles, situées au Nord-Ouest de l’île de Chiloé, ont été déclarées Monument Naturel en 1999. C’est un des rares endroits au monde où on peut observer à la fois des manchots de Magellan et des manchots de Humbolt (de septembre à fin mars). Le manchot de Magellan a 2 bandes noires (une sur le cou et une sur le haut du ventre) tandis que le manchot de Humbolt n’en a qu’une.
Les manchots apprécient les côtes sableuses où ils peuvent creuser un nid. Il s’agit souvent de zone avec l’herbe à tussak.
Photo 4 : Portrait
QUAND ?
Des manchots sont sur les sites de nidification de septembre à avril mais la meilleur période va d’octobre à mars :
Fin août : arrivée des mâles sur le site.
Septembre : arrivée des femelles.
Octobre et novembre : Ponte (2 oeufs) et couvaison du couple pendant 40 jours.
Fin décembre à mars : Eclosion et nourrissage des jeunes.
Fin janvier : les juvéniles de l’année précédente passent 2 semaines à terre sans se nourrir pour acquérir leur plumage définitive.
Avril : Migration vers le Nord (les poussins savent nager et s’alimenter).

Certaines années, des milliers de manchots s’échouent en Uruguay ou au Brésil. Les scientifiques ont remarqué que ces échouages concernent les femelles à 75%. Une étude a montré que les femelles plongent moins profond (35 m) que les mâles (59 m) sans doute car elles sont plus petites. Pour compenser, elles migrent plus loin au Nord.
COMMENT ?
On visite les colonies à pieds souvent après de courtes ballades. On aura l’occasion de voir aussi les prédateurs (goélands, labbes…) et les poussins morts…
Photo 5 : Adultes et juvéniles