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Voir le renard gris

Renard gris (Lycalopex griseus)
DIFFICULTE : Moyennement facile.
DISTANCE DE FUITE : plus ou moins 30 m.
EFFECTIFS : La seule évaluation effectuée concerne le Sud du Chili et date de 1982 : 66 000 renards gris ; Il est classé en préoccupation mineure. Il est encore chassé pour sa fourrure au Chili et en Argentine, et encore victime du piégeage illégal.

La situation taxonomique de ce « renard » est controversée :
– il est plus proche du loup, du chacal et du coyote que du renard.
– il est considéré par certains auteurs comme la même espèce que le renard d’Azara.


Photo 1 : A défaut de puma
Ce renard marque une pause, en fin de matinée, alors que je cherche le puma à Torres del Paine. Il s’est désaltéré. Il se lèche parfois les babines et ne se soucie pas des automobilistes arrêtés pour l’admirer.

Laguna Amarga ; Torres del Paine ; janvier 2024.

Photo 2 et 3 : Ce renard passe la frontière
Pas besoin de papiers pour passer la frontière pour ce renard en maraude. Les Argentins sont plus chasseurs que les Chiliens mais ce renard ne s’inquiète pas de ça au poste de frontière.
Cancha Carrera ; Argentine (janvier 2024).

OU ?
Le renard gris est présent dans une grande partie de l’Argentine et du Chili. Il habite le long du littoral du Sud du Pérou.
La grande majorité des observations concernent le Chili, loin devant l’Argentine, elle même loin devant le Pérou. Les Argentins préfèrent sortir le fusil de chasse plutôt que leur téléphone pour entrer une donnée d’observation.

A une échelle plus fine, le renard gris est considéré comme rare au centre du Chili, mais fréquent dans les régions septentrionales et australes. En Argentine, il devient fréquent dans les quelques zones protégées et dans le sud de la Patagonie. La pression de chasse est lourde de conséquences.

Les sites pour le voir sont globalement plus favorables au Sud avec une pression anthropique qui diminue et un paysage ouvert qui correspond bien à l’habitat du renard gris :
– 1 : Ushuaia et la Terre de feu (Argentine et Chili) : le renard gris a été introduit en Terre de feu en 1951 soit disant pour limiter la prolifération du lièvre, lui aussi introduit. En circulant sur la route qui mène à Ushuaia (en particulier juste au Sud du lac Fagnano), on en voit régulièrement. C’est aussi valable le long de toutes les pistes situées à l’extrême sud de la Patagonie, surtout côté chilien.

– 2 : Laguna Amarga (Chili) : la zone avec quelques habitations entre la laguna Amarga et l’entrée Nord du parc Torres del Paine est très favorable. Ailleurs, dans le parc Torres del Paine, le puma (voir l’article puma) et le renard de Magellan impactent la présence et/ou le comportement du renard gris.
On se retrouve dans la même situation du côté argentin, dans le parc national Los Glaciare. Ici, seul le secteur de Lago Roca est vraiment favorable à l’observation du renard gris. Des jeunes circulaient parfois dans le camping public en 2024.

– 3 : le parc national Alerce Andino (Chili) : les données d’observation sont très nombreuses dans ce parc malgré la concurrence locale du renard de Darwin. Ce dernier est plus forestier.

– 4 : le parc national Llanos de Challe (Chili) : c’est le meilleur secteur pour observer le renard gris au Nord de Santiago. Les observations sont aussi courantes dans les zones protégées du littoral aux alentours de ce parc.


Dans tous les cas, il faut chercher le renard gris dans les plaines et collines ouvertes avec quelques arbustes ou cachettes pour s’abriter et se reproduire. Dans tous les milieux plus riches, plus boisés, il laisse la place au renard de Magellan (et localement au renard de Darwin). Certes, il peut grimper en montagne (jusqu’à 4 000 m d’altitude), mais c’est exceptionnel. Il faut donc ouvrir l’oeil dans toutes les pampas et avec encore plus d’attention à proximité d’une maison, d’une station essence, d’un poste de frontière… bref, dans les situations où des hommes sans fusils ajoutent une poubelle et parfois quelques abris à ce modeste habitant des zones pauvres.

QUAND ?
Même si on peut le voir toute l’année, la meilleur période va de décembre à mars : les jeunes, nés en octobre, gagnent en autonomie et circulent beaucoup. C’est aussi et surtout la bonne saison météo en Patagonie.

A l’échelle de la journée, le renard gris est considéré comme crépusculaire. Sur le terrain, fin décembre et début janvier, j’ai fait beaucoup d’observation en milieu de matinée et jusqu’à 11 h.

COMMENT ?
Le plus efficace reste d’être attentif quand on circule en voiture dans la pampa les matins. Quand on a vu 200 guanacos, 20 nandous… on finit par voir un renard gris. Il est bien présent mais le repérer reste un défit : il est assez bas sur patte, avec un pelage couleur pampa, et il s’immobilise parfois au passage du véhicule.

Pour éviter les risques de confusion, voir l’article sur le renard de Magellan.

Photo 4 : Camouflage parfait
Ce renard gris n’est pas resté immobile lors de mon passage en voiture. C’est le mouvement que j’ai repéré. Arrêt, marche arrière, sortie de véhicule… Après, il a trottiné sans vraiment se soucier de moi tant que je restait sur la route. Il marquait son territoire (les territoires des renards gris ne se recoupent pas). Le vent violent rendait les photographies difficiles. Il m’a laissé monter sur le talus et prendre appuie sur la clôture. C’est seulement après quelques minutes d’observations qu’il a finit par me considéré comme envahissant. Il est alors parti avec un trot rapide. Piste vers Morro Chico en venant de Pali Aike NP ; Patagonie ; Chili (décembre 2023).

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