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Voir la moufette de Molina

Moufette de Molina  (Conepatus chinga)
DIFFICULTE : Très difficile.
DISTANCE DE FUITE : plus ou moins 5 m mais difficile à évaluer. La moufette semble parfois nous ignorer ; parfois elle se rapprochera en tentant d’intimider ; parfois encore, elle fuit vers son terrier le plus proche.
EFFECTIFS : Inconnus ; Préoccupation mineure.

Les 11 espèces de moufettes (Mephitidae) sont divisées en 4 genres :
Conepatus (3 espèces) dont deux en Amérique du Sud.
Mephitis (2 espèces) en Amérique du Nord et centrale.
Mydaus (2 espèces) en Asie.
Spilogales (4 espèces) : ce sont les moufettes tachetées.

C’est en Amérique du Nord qu’on aura le plus de chance de croiser des moufettes avec 7 espèces présentes. En dehors de l’Amérique du Nord, il n’y a qu’une espèce que l’on peut espérer raisonnablement croiser : la moufette de Molina (les autres espèces vivent dans les forêts tropicales).
La moufette de Molina est issue de la fusion de la moufette des Andes (C. chinga) et de la moufette de Patagonie (C. humboldtii). il n’y a donc plus que deux espèces de moufettes en Amérique du Sud, toutes deux du genre Chinga.

Toutes les photographies présentés ici sont prises au parc National de Pali Aike (Chili), le long de la piste carrossable, 50 m avant d’arriver au Parking qui sert de départ à la randonnée « Circuito Morada del Diabloy Pozos del diablo. Le premier animal a été vu à 19h10. Le parc national ferme à 19h30 (décembre 2023).
Photo 1 : Intimidation
Cette moufette fait face au photographe, se rapproche de lui et se gonfle. Elle renifle en faisant des mouvements de tête de bas en haut.

Photo 2 : Recherche de nourriture
La moufette de Molina est omnivore. Elle passe la grande majorité de son temps d’activité à flairer dans tous les petits recoins à la recherche de ses proies. Ils s’agit d’invertébrés pour 75 à 85% du menu et de lézards et petits rongeurs pour le reste.

OU ?
La moufette de Molina a une large répartition, répartition d’abord liée à ses préférences en terme d’habitat : la pampa et la steppe. Mais ces milieux ouverts deviennent favorables quand il y a des terriers ou des arbres creux ou des crevasses dans les rochers. La pampa idéale présente donc aussi soit des bosquets d’arbustes, soit des pentes rocheuses.

Ses habitats expliquent donc sa présence dans toutes les pampas sauvages du Sud de l’Amérique du sud (Argentine, Chili, Uruguay, Paraguay et une petite zone du Brésil) et sa présence, souvent à plus haute altitude dans les Andes de Bolivie et du Pérou. A l’extrême Sud, le froid et la neige limitent sa répartition : elle n’est plus présente en altitude dans les Andes de Patagonie et elle est absente de la Terre de feu.

Les observations naturalistes sont plus fréquentes au Chili, loin devant l’Argentine et l’Uruguay. Elles sont très rares ailleurs, au Brésil, puis Bolivie et Pérou. Mais les 2/3 des observations enregistrées sont liées à des pièges photographiques.

Indiquer des secteurs favorables pour observer cette espèce est un peu un jeu de dupes. Il est plus intelligent de coupler habitat favorable et heure de recherche favorable. L’intérêt des lignes suivantes est donc davantage de se faire une idée des possibilités et des stratégies possibles pour tenter de voir la moufette :

– 1 : Littoral de Laguna Rocha (Uruguay) : la bande littoral qui va de la Laguna Negra au Nord à la Laguna Garzon au Sud en passant par la zone protégée de la laguna Rocha au centre est une zone favorable où la moufette de Molina est régulièrement observée.

– 2 : Parc National de Pali Aike (Chili) : ce parc est une zone de pampa avec une géologie torturée, des cratères volcaniques et des coulées de lave. Tout est parfait ici pour repérer la moufette sauf… les horaires du parc. Il ferme à 19h30. Les moufettes sortent souvent tôt en soirée lors des longues journées de décembre et janvier, mais ce n’est quand même pas pratique. Prévoyez de camper à l’entrée du parc (c’est autorisé) et demandez une autorisation spéciale pour observer plus tardivement.

– 3 : Sud-Ouest de Santa Fé (Argentine) : depuis l’aéroport de Sauce Viejo au Sud de santa Fé, descendez par la route 11 vers le Sud jusqu’au lieu dit Margarita puis prenez à l’Ouest sur 2 ou 3 km… Ici, les données sont fréquentes.

On retiendra que le territoire d’une moufette est de l’ordre de 120 ha pour les femelles et deux fois plus pour les mâles. C’est donc très grand par rapport à la taille de la bestiole. Mais d’après une étude réalisée en Argentine, les territoires se recoupent très très largement dans les écosystèmes favorables. Ainsi, les densités de moufettes sont importantes dans les zones protégées et faibles dans les zones agricoles.

QUAND ?
A l’échelle de l’année, décembre et janvier sont les mois les plus favorables car les journées sont plus longues et les moufettes commencent leur activités en journée. C’est encore plus intéressant en Patagonie où la nuit est encore plus courte.
Par contre, ceux qui souhaitent la repérer avec un piège photographique choisiront au contraire les périodes froides. En effet, lors des périodes de neiges ou de sols gelés, les moufettes creusent moins et se déplacent davantage pour chercher une nourriture moins accessible.

La moufette débute généralement son activité entre 19 et 22 heures. Elle est plutôt crépusculaire mais elle poursuit parfois sa chasse toute la nuit.

Les journées ventées, et le vent est fréquent en Patagonie, sont intéressantes. La moufette a davantage de difficultés à nous repérer.

Photo 3 : Aller retour
Impossible d’anticiper la trajectoire des moufettes. Cet animal vient de faire une petite boucle et revient renifler à proximité de son point de départ.

COMMENT ?
Il faut circuler lentement, à pied ou en voiture, dans les zones les plus favorables à partir de 19h.
Contrairement à ce que l’on peut imaginer avec un animal au fort contraste noir et blanc, il faut aussi un certain coup d’oeil pour la repérer :
– elle est petite : la taille est en fait très variable mais il faut tabler sur 40 cm en moyenne de la pointe du nez au début de la queue. De toutes façons, la tête est souvent cachée avec le nez dans le sol et elle circule souvent entre les touffes herbacées aussi hautes que ses 30 cm. au garrot. Il est donc avantageux d’avoir un peu de hauteur.
– elle fouine souvent la queue dressée : la queue mesure 30 cm en moyenne et c’est ce qu’il faut chercher. La moufette la tient souvent dressée quand elle cherche des arthropodes. Dans le vent de la pampa, son panache a une teinte et un mouvement différent. Voir la photo ci-contre.

Photo 4 : Deux queues de moufettes dans la pampa

Avec la dégradation des habitats favorables, la moufette de Molina choisit parfois de s’installer dans le talus d’une route ou à proximité d’une habitation. Si vous dormez chez l’habitant dans des zones relativement favorables, demandez !

On peut également poursuivre les recherches avec une bonne lampe torche mais on aura jamais de belles observations dans ce cas de figure.

Une moufette de Molina en danger peut se retourner et faire gicler, depuis 2 glandes situées près de l’anus, un musc odorant. Ce musc peut être éjecté à 4 m et entraîner une perte de vision momentanée. Les animaux que j’ai vu ne m’ont pas fait profiter de leur parfum !

Photo 5 : La tête relevée
La tête n’est que rarement relevée. Il faut être patient pour la photographier.

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