
Puma (Puma concolor)
DIFFICULTE : Assez difficile.
DISTANCE DE FUITE : Quasi nulle dans les zones protégées depuis longtemps. Il s’y montre indifférent à l’homme. Très importante ailleurs.
EFFECTIFS : Il n’y a pas d’estimation en Amérique Centrale et en Amérique du Sud où les comptages sont impossibles. Les estimations en Amérique du Nord remontent au début des années 1990 : 3 500 à 5 000 au Canada et 10 000 aux Etats-Unis où la population des Rocheuses augmente aujourd’hui.
Le puma est le félidé qui montre la plus forte adaptabilité.
C’est le mammifère terrestre avec la plus grande distribution Nord-Sud :
– au Nord, il est présent jusqu’à la latitude 60° au Canada.
– au Sud, il atteint presque le détroit de Magellan au Chili.
En altitude, on peut le voir du niveau de la mer à 5 800 m dans les Andes.
Et question habitat… presque tous les types d’habitats de la jungle à la pampa. Il évite seulement les zones totalement découvertes où il lui est difficile de chasser.
Photo 1 à 6 : Femelle au Parc National de Torres del Paine
Ces photographies présentent une femelle qui va s’approcher jusqu’à traverser le piste 20 m devant moi. Les mâles sont un peu plus grand, un peu plus musclé et avec une tête plus large.
Parc national de Torres del Paine ; Chili (janvier 2024).

Photo 2 : En déplacement dans l’habitat type qui convient le mieux à son observation.
En Patagonie, le puma a tendance a suivre les talwegs pour se dissimuler tandis que sa proie favorite, le guanaco, apprécie le sommet des collines pour le repérer.

OU ?
Les observations naturalistes sont importantes d’abord aux Etats-Unis grâce à une très forte pression d’observation en Californie. Ensuite, on a des observations en Argentine et presque autant au Chili malgré une superficie et une population bien inférieure. Ailleurs, les observations naturalistes sont plus rares : Mexique > Colombie > Suriname > Equateur > Canada > Brésil > Costa Rica…
Disparu de 40% de l’Amérique du Sud, jamais présent de façon permanente dans les zones agricoles, extrêmement discret partout où la chasse est légale (Argentine, Pérou) ou réglementée (Canada, Etats-Unis, Pérou), introuvable là où la végétation est dense… Il n’y a en réalité qu’un seule très bon endroit pour l’observer : une petite partie du Nord-Est du parc national de Torres del Paine (Chili) et quelques propriétés privés adjacentes.

La meilleure zone au monde pour voir le puma est centrée autour de la Laguna Amarga près de l’entrée Nord du parc national Torres del Paine (Entrée « Laguna Amarga »). Le secteur favorable forme un triangle dont la base est la route Y-150 au Sud et le sommet la Laguna Azul au Nord (voir la carte ci-contre).
Cette zone associe 4 caractéristiques fondamentales :
– il n’y a pas de chasse (ce n’est déjà plus le cas au Nord-Est de la Laguna Azul).
– il y a une forte densité de proies (des guanacos, mais aussi des lièvres).
– il y a des espaces très ouverts qui offrent des vues dégagées pour l’observateur.
– il y a des points d’eaux, de petits bosquets, des affleurements rocheux avec des cavités, qui fournissent un habitat diversifié favorable au puma toute l’année.
Sur la carte, on peut distinguer les pistes soulignées en :
– rouge : ce sont les plus favorables en particulier pour les photographes.
– orange : ça reste favorable mais avec plusieurs inconvénients : d’abord, elle est très fréquentée. Ensuite, dans le parc national, les automobilistes nous gène par leur vitesse et avec les nuages de poussière que soulèvent les véhicules. Enfin, en dehors du parc, la route Y-156 est asphaltée mais traverse une vallée extrêmement large où on « risque » de voir un puma de très très trop loin.
La piste autour de Paine Waterfall traverse un secteur où on ne voit pas de pumas, sans que les guides professionnels sachent pourquoi.
Les 3/4 de la zone favorable peuvent être parcourues sans payer l’entrée du parc national, y compris la zone de Macho Canyon.
QUAND ?
On peut chercher le puma toute l’année.
– l’hiver (mai à août) est considéré par certain comme une bonne période car tous les animaux descendent du massif, trop enneigé, et c’est la basse saison touristique.
– l’été (décembre à février) vous aurez l’avantage de profiter aussi des yeux de quelques autres amoureux de la nature… très peu en fait dans le secteur à pumas.
A l’échelle de la journée, le puma peut se montrer actif à n’importe quelle heure même s’il est plus souvent crépusculaire. On aura plus de chance de le trouver quand il se déplace, donc avant 11 h et après 16 h. Entre ses horaires, il faut mieux garder son énergie.

COMMENT ?
Dans les lignes qui suivent, on verra comment les guides naturalistes procèdent pour vous montrer un puma, puis comment on peut tenter sa chance en autonomie.
En passant par une agence, on peut donc s’offrir une journée de recherche du puma : les prix tournent autour de 240 $ / personne pour un jour.
La journée se déroule généralement comme suit :
1 – Rendez-vous au lever du jour : votre guide viendra vous chercher, généralement à l’entrée du parc « Laguna Amarga » avec une voiture classique ou un 4×4 (toutes les pistes sont accessibles avec une voiture classique et ouvertes à tous).
2 – Recherche matinale : votre guide circule lentement dans la zone favorable en se rendant d’abord à l’endroit où le dernier puma a été vu (si c’était la veille au soir). Il stoppe aux endroits stratégiques pour inspecter à la jumelle les couloirs de circulations et les rochers appréciés pour le repos. Il communique régulièrement par radio avec les quelques « guides puma » (il y en avait 4 début janvier 2024). Si un puma est repéré a un endroit favorable à l’observation, tous les observateurs se rejoignent.

3 – Pause de midi : de 11 à 15 heures, les pumas se reposent et sont souvent cachés. Votre guide vous emmènera généralement au parking de Las Torres Lodge pour manger et se reposer.
4 – Recherche du soir : après 15h, on reprend les recherche. On repasse sur les mêmes boucles que le matin. La recherche s’achève quand on a réussi à voir un puma suffisamment bien ou que la journée se termine. Un puma est vu presque tous les jours (un raté complet par mois en moyenne) mais l’observation peut parfois être lointaine.
En résumé, on paie très cher l’oeil exercé du guide (mais le votre l’est peut-être aussi) et la communication par radio qui multiplie les chances par 3, 4, 5 (selon les jours de haute saison) mais peut-être pas en basse saison.

En autonomie, on circulera aux mêmes endroits et aux mêmes horaires que les guides naturalistes en profitant des conseils suivants :
– 1 : avoir le coup d’oeil : Voyez-vous le puma sur la photographie ci-contre ? On cherche un animal jaune sable souligné par un ventre plus clair : ni orange comme un guanaco, ni tout à fait jaune comme l’herbe sèche, mais presque. Son corps est un peu plus haut que la grande majorité des buissons. On cherche un animal qui marche tranquillement. Il est important de s’arrêter pour le chercher. C’est souvent le mouvement qu’on repère.
– 2 : savoir où regarder : le puma suit souvent les petits talwegs, la dépression entre deux collines. C’est là qu’il faut chercher le mouvement en premier lieu. Dans un 2e temps, on peut jeter un oeil aux versants en face. Enfin, si rien ne bouge et que la journée est déjà bien entamée, on peut passer en revue, aux jumelles, les zones à l’ombre et à l’abri (lisière de bosquets, cavités), les dalles rocheuses en soirée si la température baisse après une journée ensoleillée.

Sur cette photo de paysage, deux pumas ont fait la sieste du temps de midi (ils ne sont pas visibles sur la photographie) :
– une femelle juste devant le bosquet (visible seulement aux jumelles quand elle se redressait).
– un jeune mâle à l’ombre d’une strate de granite (visible seulement à la longue vue).
Une fois repérer, il suffit d’attendre. Vers 16 heures, ça va bouger !

– 3 : exploiter les indices : les guanacos et les condors des Andes sont des alliés dans votre recherche :
– si les guanacos solitaires sont très souvent au sommet des crêtes, c’est que vous êtes dans une zone avec des pumas. C’est le cas à Torres del Paine (photo ci-contre). Voir l’article sur le guanaco.
– si les guanacos sont inquiets, cou dressé et regard fixe dans la même direction, c’est qu’il y a un danger potentiel. Regarder dans la même direction qu’eux.
– si un guanaco cri (entre un aboiement et un hennissement), alerte maximale ! Repérer le sens du vent. Le puma chasse face au vent.
– si des condors des Andes volent sur un secteur particulier, il y a probablement un cadavre à dépecer. Un puma est probablement dans le secteur et il est possible qu’il retourne se nourrir en soirée.
– si des guides naturalistes sont arrêtés sur le bord de la route, faites comme eux. Si ils cherchent en voiture garder en mémoire leur position. Si vous ne voyez plus personne pendant un long moment, bougez vos fesses… Les naturalistes sont probablement regrouper ailleurs après une communication par radio.
– 4 : faire des choix : on se retrouve régulièrement dans la situation où un puma a été vu vers 10h avant de disparaître dans un bosquet isolé. Le puma ressortira sans doute après 15h, après 16h s’il fait chaud. Rester ? Partir et revenir plus tard ? Renoncer ici ? C’est à vous de choisir. Comme on doit rester sur la piste (règle depuis 2015), il faut se poser 2 questions préliminaires :
– Quel éclairage y aura t-il en fin d’après midi ?
– Quels talwegs devraient être utilisés pour quitter le site de repos ?

RISQUE ?
Habituellement, le puma est timide et nerveux. En présence d’un chien, d’un cheval ou d’un homme, il fuit. En absence de chasse et là où les hommes sont nombreux, il s’habitue, devient indifférent et parfois curieux.
Les très rares accidents permettent de cerner le risque :
– à Iguazu, un puma a tué un enfant de 2 ans.
– dans la région d’Aysen (Région juste au Nord de Torres del Paine), un touriste en vélo s’est fait intercepter par un puma. Le félin lui a mordu la main et l’a tiré sur deux mètres.
– à Torres del Paine, au printemps 1997, deux pêcheurs se sont rendus au lac Sarmiento et se sont séparés pour leur activité. Au couché du Soleil, un des deux pêcheurs ne retrouve pas son camarade mais voit un puma en train de manger. Il alerte les autorités qui vont bientôt confirmer que le pêcheur a bien été tué et en partie mangé par un puma.
Deux gardes du parcs et un chasseur ont traqué l’animal. Avant de tuer le puma, ils ont constaté qu’il y avait très peu de faune à ce moment là et que le puma était un jeune totalement inexpérimenté.
Depuis sa création en 1959, un seul décès a eu lieu dans le parc national Torres del Paine à cause d’un puma.
Le risque puma existe mais il est très très faible.
Voici des consignes de sécurité :
– Ne pas se promener seul au crépuscule ou la nuit.
– Ne jamais approcher un animal à moins de 100 m (en particulier quand il s’alimente ou en présence d’une femelle avec ses jeunes). A Torres del Paine, le CONAF interdit de sortir des chemins.
– Ne pas courir.
– Maintenir un contact visuel.
– Garder les enfants près de vous.
– Se faire gros : ouvrir son blouson, écarter les bras…
– En cas de véritable attaque, frapper fort à la tête.