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Voir la chasse des lionnes

DIFFICULTE : Difficile
DISTANCE DE FUITE : Nulle.
J’ai vu une lionne achever une antilope à 10 m du véhicule ; une autre utiliser le Land Cruiser pour traverser la piste à couvert…

OU ?
Pour observer la chasse des lionnes, il faut d’abord choisir un site avec 5 caractéristiques :
– une savane la plus ouverte possible pour la visibilité.
– un réseau de pistes assez dense pour repérer et suivre les prédateurs (ou la possibilité de faire du hors piste).
– un point d’eau pour les lions et pour toutes leurs proies potentielles.
– une très forte densité de proie pour alimenter une très forte densité de lions.
– une zone pour dormir sur place ou presque afin d’être présent aux heures idéales.

Parmi les meilleurs sites au monde, il y a :
– 1 : la Seronera au Serengeti NP (Tanzanie) : ici, les 5 caractéristiques sont réunies. Il y a deux inconvénients : le nombre de touristes et le prix.
– 2 : Savuti au Chobe NP (Botswana) : ce parc est un peu moins favorable car le réseau de pistes est plus limité et la densité de lions un peu plus faible. Ca reste excellent.

Photo 1, 2, 3 : Chasse au zèbre
Ce soir là, je remarque une lionne allongée face au vent, cachée dans les herbes à 5 m de la piste. Je m’arrête à sa hauteur. Elle m’ignore totalement, les yeux fixes. Avec ma partenaire, on soulève le toit du Land Cruiser et on comprend qu’on vient de couper le théâtre d’une chasse. Côté gauche, 4 lionnes sont alignées sur une centaine de mètres, tapies dans l’herbe. Au centre la piste des 4×4 et à droite une zone brûlée avec 3 zèbres. Il n’y a pas un touriste à plusieurs kilomètres à la ronde. On profite. On patiente.

La 2e lionne de l’alignement rampe pour rejoindre la première, toujours à 5 m de nous. Elle marque une pause puis fait le tour du 4×4 pour traverser la piste. On réalise alors que notre présence est utilisée par les félins pour mieux se dissimuler. La lionne avance quand le zèbre le plus proche lui tourne le dos. L’assaut est finalement lancé avec ses partenaires. C’est un autre zèbre qui repère les lionnes et déclenche la fuite. Le zèbre pourchassé va être raté de très peu.
Lobo ; Serengeti NP ; Tanzanie (août 2023).

Photo 4 : Phacochère au repas
Quand on découvre les lions dans le cratère du Ngorongoro, ils sont souvent déjà en train de manger.
Ngorongoro ; Tanzanie (août 2023).

Photo 5 : Face au vent
Cette lionne a repéré une gazelle de Thomson isolée. Elle s’approche. S’arrête. Relève la tête doucement pour repérer la direction de l’antilope, les buissons qui camouflent son avancée… tout en restant face au vent.
Photo 6 : Attaque
Seronera ; Serengeti NP ; Tanzanie (août 2023).



QUAND ?
Encore une fois, c’est la fin de la saison sèche la plus propice : herbes basses et faune plus concentrée près des points d’eau.

Les chasses en groupe ont généralement lieu tôt le matin ou tard le soir. Les deux heures après le lever de Soleil et les deux heures avant son coucher sont cruciales d’où l’importance de dormir à proximité des sites d’observation. Il m’est arrivé de rentrer en début de nuit, un peu après les horaires autorisés, mais sans jamais avoir eu de remarques. De toutes façons, il y a de multiples raisons d’arriver en retard, de la crevaison au troupeau de buffles gigantesque qui barre la piste.

Les chasses en solitaire peuvent avoir lieu n’importe quand, en particulier si la météo n’est pas trop chaude et s’il y a un peu d’air. En 5 jours à la Seronera (Serengeti NP ; Tanzanie), j’ai vu deux chasses réussir en pleine journée. Dans un des cas, la lionne a raté son premier coup et a poursuivi sa marche face au vent jusqu’à repérer une seconde proie.




Photo 7 : Dernier souffle de la gazelle de Thomson
Les gazelles de Thomson sont de toutes petites proies. Elles sont beaucoup chassées en solitaire. Après la capture, la lionne l’attrape, généralement par le cou, parfois par le corps, et la transporte vers son groupe. On peut parfois suivre une lionne sur plus d’un kilomètre. Régulièrement, approximativement tous les 25 m, la lionne fait une petite pause. Une gazelle de Thomson mâle pèse 17 à 25 kg ; une femelle 13 à 20 kg. Seronera ; Serengeti NP ; Tanzanie (août 2023).

COMMENT ?
Il n’y a évidemment pas de recettes miracles.
On peut cependant relever quelques idées :
– une lionne qui chasse se déplace sans lionceaux (et généralement sans mâles même si parfois ces derniers participent).
– une lionne qui chasse est toujours face au vent. Il est donc plus intéressant de repérer des lionnes quand on a le vent dans le dos. Cela signifie que les félins vont se rapprocher.
– une fuite d’antilope, même sur quelques mètres, est toujours suspecte. Elle a peut-être flairé un danger… un lion que vous n’auriez pas vu ? Il faut se poser la même question pour un animal nerveux qui souffle, relève beaucoup la tête, oriente ses oreilles…
– si vous êtes en autonomie, passez le maximum de temps près d’un groupe de lions, y compris le temps de midi, plutôt que rejoindre les touristes sur une aire de pique-nique, et cela surtout s’il ne fait pas particulièrement chaud.
– en présence de lionnes potentiellement en chasse, repérer au plus vite les pistes et les positions favorables. Si vous êtes équipés, il vaut mieux être loin avec le vent dans le dos que proche et derrière les lionnes. D’autant que dans ce cas, vous pourriez bien vous retrouver coincé par les véhicules des autres touristes.
– ne prenez pas de photos, vous perdriez la vision de l’ensemble de la scène. Si, comme moi, vous ne pouvez pas résister, préparer 2 appareils photos avec des objectifs différents. L’idéal est d’être deux et de se mettre d’accord.



Photo 8 : Juste avant l’assaut
Seronera ; Serengeti NP ; Tanzanie (août 2023).





Photo 9 à 14 : Feu
Seronera ; Serengeti NP ; Tanzanie (août 2023).

Photo C. Garcia

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