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Voir la migration des gnous

Gnou bleu (Connochaetes taurinus)
DIFFICULTE : Facile de voir les gnous en déplacement ; assez difficile de voir un beau passage de rivière. Il faut y consacrer au moins deux jours sur place. Si vous êtes en indépendant, ne ratez pas la fin de cet article : Comment voir les gnous traverser la rivière Mara ?

La plus grande migration terrestre du monde (en moyenne, 800 km) est réalisée par 1.3 millions de gnous de la sous-espèce Connochaetes taurinus mearnsi, accompagnés de 300 000 zèbres de plaine.
C’est un spectacle incroyable : une ambiance sonore de beuglements, des colonnes de gnous parfois de 30 km, des trajectoires improbables, des prédateurs qui prélèvent leur repas.
L’ensemble dégage une force magnifique et le sentiment qu’ici, et peut être ici seulement, l’homme n’a pas encore tout détruit.

Photo 1 : concentration de gnous sur la rivière Mara
Kogatende ; Serengeti (août 2023).
Photo 2 : déplacements en zigzag
Entre Lobo et Kogatende ; Serengeti (août 2023).

Les nombreuses synthèses cartographiques qui illustrent la migration des gnous avec des flèches sur une seule carte donne une idée très inexacte du phénomène. Pour comprendre, il faut procéder par étapes.

La migration s’effectue sur deux pays :
– la Tanzanie : c’est les 9/10 du parcours de la migration.
– le Kenya : c’est la petite portion la plus au Nord, presque entièrement dans la réserve du Masai Mara.
Le parc national du Serengeti (Tanzanie) est le coeur de la migration.
Mais les gnous débordent largement de ce parc. Aussi, la quasi totalité des zones périphériques sont protégées avec des réserves ou des aires de conservation encore peuplées de Massais. En dehors de la zone de conservation du Ngorongoro, on ne retient généralement pas les noms de ces espaces périphériques. Par contre, votre portefeuille ne les oubliera pas.

Pour bien suivre, il faut repérer attentivement le Serengeti NP, le Masai Mara GR et Lobo qui est un peu l’épicentre de la migration. La migration tourne autour de ce secteur dans le sens des aiguilles d’une montre. Il faut aussi repérer l’échelle de ces deux parcs pour comprendre l’ampleur du phénomène et savoir où s’installer pour observer.


De décembre à mars, les gnous sont dans le quart Sud-Est de leur migration :
En janvier et février, c’est la petite saison sèche.
Pour les gnous, c’est la période de mise bas. L’essentiel des naissances va se concentrer sur 3 semaines avec environ 8 000 naissances par jour. On voit parfois des prédateurs profiter de ses proies faciles.
Les gnous ne sont pas vraiment en migration. Le meilleur secteur pour observer les fortes densités et les nouveaux nés est celui de Ndutu.
Si la petite saison sèche est parfois conseillée pour visiter le Kenya avec peu de touristes, sachez que vous ne verrez pas de gnous au Massai Mara sur cette période.

En mars, c’est le début des grandes pluies. Pour les gnous, c’est le grand départ. Les femelles expérimentées se mettent en marche. Les autres gnous suivent. La migration est alors très éparpillée. Comme les gnous ne font que 7 km par jour en moyenne et qu’ils font de nombreux zigzags, le phénomène n’est pas encore clairement visible sur le terrain.



De mars à juin, les gnous sont dans le quart Sud-Ouest de leur migration :
C’est la période des grandes pluies. Les gnous migrent vers l’Ouest. Ils circulent dans les secteurs les plus visités du Serengeti (la Seronera en particulier) à la période où il n’y a presque pas de touristes.

Bien que les gnous soient en déplacement, on aura beaucoup de raisons de ne pas aller les voir :
– la météo : des orages, des pluies, des pistes boueuses… et des prix aussi élevés qu’en saison sèche.
– les paysages : les herbes vertes sont hautes. On profite moins de la petite faune. Les gnous ne traversent aucune rivière importante.
– les densités : les gnous se déplacent sur un front important.









De juin à septembre, les gnous circulent dans le quart Nord-Ouest de leur migration :
Fin juin, les précipitations commencent à baisser. On entre dans la bonne période pour observer la migration des gnous. Kirawira est le meilleur secteur pour s’installer. On profitera ici du spectacle :
– de la traversée de la rivière Grumeti : c’est le 2e plus gros cours d’eau traversé après la rivière Mara.
– des énormes crocodiles qui s’attaquent aux gnous. Ils sont extrêmement nombreux ici et ont la réputation d’être parmi les plus gros crocodiles du Nil. Ils ne doivent pas rater le festin car il ne reverront plus de gnous pendant au moins 6 mois. 250 000 gnous meurent chaque année pendant la migration et c’est surtout à partir d’ici que l’hécatombe commence.

En juillet et août, il faut être à proximité de la rivière Mara. C’est le plus grand cours d’eau sur la route de la migration. La rivière Mara prend sa source au Kenya, coule du Nord au Sud, entre en Tanzanie, et prend alors une direction Est-Ouest. Les gnous la traverse en Tanzanie, puis au Kenya.

Au Serengeti, on doit rejoindre le secteur de Lamai et de Kogatende.
Ce n’est pas pratique car la plupart des visiteurs viennent par l’Est.
Les touristes n’ont que trois possibilités :
– 1 : être riche et dormir à Lobo : Lobo présente le seul camping public du Nord du Serengeti. Il faudra se lever à l’aube et faire 2h30 de piste en roulant vite pour rejoindre Kogatende. Et 2h30 par la même piste au retour.
– 2 : être riche et dormir à l’extérieur du parc national à proximité de Lamai.
– 3 : être très très très riche et dormir dans une lodge de luxe ou atterrir sur le petit aérodrome de Kogatende.
Au Massai Mara, il faut dormir du côté ouest de la réserve. Les possibilités sont nombreuses mais les campings publics ne se réservent pas. Ils sont susceptibles d’être pleins. Ce qui est certain c’est qu’on aura moins d’heures de pistes qu’en venant de Lobo.

De septembre à décembre, les gnous sont dans le quart Nord-Est de leur migration :
Il quitte généralement le Masai Mara en octobre et redescendent avec les pluies de novembre.
Lobo est alors le meilleur point de chute mais on ne verra pas de traversée de rivière impressionnante.

La carte de synthèse caricature la migration :
– Non, il n’y a pas que des gnous sur Lobo seulement en octobre-novembre.
– Si, si, il y a une période avec des gnous à la Seronera…
– la migration peut être en retard ou en avance en fonction des pluies, et ces dernières années, les variations s’accentuent. Certaines années seulement 1/3 des gnous franchissent la rivière Mara car l’herbe est suffisamment verte au Sud de la rivière.

Mais la carte de synthèse permet de cerner les meilleurs endroits et le coeur des meilleurs moments :
– juin : Kirawira pour voir la migration sur la Grumeti.
– juillet et août : Kogatende pour voir le passage de le rivière Mara en Tanzanie.
– fin juillet, août et début septembre : Ouest du Masai Mara pour voir le passage de la rivière Mara au Kenya.
– octobre : Lobo pour une migration avec moins de touristes.

Pour rejoindre ces sites par l’Est, il faut obligatoirement un Land Cruiser à cause de la piste « glissante » entre le Ngorongoro et la Seronera… et beaucoup de temps :

– de l’entrée du Ngorongoro (Loduare) à la route du cratère : 1h30.
– du cratère à Naabi Hill Gate : 2h30 par une piste « glissante ».
– de Naabi Hill Gate à Seronera : 1h par une piste « glissante » désagréable.
– de Seronera à Kirawira : 3h.
– de Seronera à Lobo : 2h
– de Lobo à Kogatende : 2h30 à 3h avec de rares passages glissants.
– de Lobo au lac Natron : 3 h avec un coût exorbitant pour traverser la zone contrôlée de Louondo (on paie autant qu’en passant par la zone du Ngorongoro).
– du lac Natron au lac Manyara : 3h.

Photo 3 : Rivière Mara
Arrivée au bord de la rivière Mara, on s’interroge : il y a des kilomètres de rives sans gnous… Il y a aussi des zones avec des gnous qui broutent sans avoir l’intention de traverser.

Kogatende ; Serengeti ; Tanzanie (août 2023).

Photo 4 : Traversée d’une portion de la rivière Mara
Kogatende ; Serengeti ; Tanzanie (août 2023).


Comment voir les gnous traverser la rivière Mara quand on est presque sur place ? L’exemple de Kogatende :
Cette question, on ne se la pose pas quand on est loin de l’Afrique.
Pourtant, quand on est en indépendant et qu’on arrive au bord de la rivière, elle devient évidente. Il va falloir être au bon endroit à quelques centaines de mètres près, et au bon moment à quelques minutes près…

Il faut d’abord retenir les éléments suivants :
1 – les gnous ont tendance à traverser au même endroit plusieurs jours de suite :
Arrivé à Kogatende, il faut donc interroger les chauffeurs que vous croisez et poser cette question fondamentale : à quel numéro les gnous ont-ils traversé la dernière fois ? On vous répondra généralement un chiffre entre 0 et 8. Il faut se rendre ensuite sur la zone marquée par un gros plot blanc correspondant au numéro.

2 – les gnous peuvent traverser la rivière dans n’importe quel sens :
un troupeau qui a traversé le matin en allant vers le Nord peut retraverser le soir en direction du Sud… Les gnous croient que « l’herbe est toujours plus verte ailleurs« . Leur migration n’est pas rectiligne… Tant mieux, ça augmente les chances de les voir. Une fois sur place, on choisit donc une position dominante avec un panorama qui permet d’observer les gnous quelle que soit la rive où ils se trouvent. Et là, on patiente en observant les zones de concentration, d’agitation…

3 – les gnous peuvent se lancer à tout moment : même si le temps de midi est souvent un temps plus calme (les gnous broutent et se reposent), une traversé de rivière peut se déclencher à n’importe quel moment et venir de n’importe où. Il faut être patient.

Photo 5 : Adulte traversant la rivière Mara
Photo 6 : Jeune traversant la rivière Mara

Kogatende ; Serengeti ; Tanzanie (août 2023).

Même si les traversées sont assez fréquentes au coeur de la migration, l’idéal est de prévoir deux ou trois jours pour en profiter pleinement. Et cela d’autant que le spectacle ne concerne pas que les gnous. C’est aussi celui de toute la faune qui accompagne ou profite de la migration :
– le crocodile du Nil. Voir l’article Crocodile du Nil.
– le vautour de Rüppell (Gyp rueppelli).
– l’étourneau caronculé (Creatophora cinerea).
– le zèbre de plaine. Voir l’article Zèbre de plaine.
… et les lions.

Photo 7 : Migration avec des zèbres
300 000 zèbres accompagnent la migration des gnous.
Lobo ; Serengeti ; Tanzanie (août 2023).

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