
Corytophanes cristatus
DIFFICULTE : Très difficile
DISTANCE DE FUITE : 50 cm.
EFFECTIFS : Inconnu ; Commun.
La famille des corytophanidés (3 genres ; 9 espèces) est surtout connue pour les basilics, ces magnifiques lézards qui courts sur l’eau (voir l’article Basilic vert). La famille compte pourtant un autre genre avec du caractère, le genre Corytophanes. Ce nom vient du grec « korythos » casqué et « phaneis » faire paraître ou évident. Ils ont en effet une large tête prolongée par une crête qui donne une impression générale de casque. En français, on les appelle parfois Iguane casqué, mais ce ne sont pas des iguanes. On gardera ici le nom scientifique.
Le genre Corytophanes ne compte que 3 espèces :
– Corytophanes cristatus : en latin, « cristatus » signifie crête. C’est le plus largement réparti du genre. C’est le moins difficile à trouver.
– Corytophanes hernandesii.
– Corytophanes percarinatus.
Ces lézards sont beaucoup plus difficiles à repérer que les basilics :
– ils sont plus petits : Corytophanes cristatus mesure 36 cm avec la queue.
– ils ne sont pas polarisés par l’eau ou par un habitat précis.
– ils se camouflent parfaitement : ils peuvent changer de couleur rapidement ; ils ont une grande variété de teintes possibles ; ils portent parfois des algues sur leur casque améliorant ainsi leur camouflage.
– ils restent immobile : on peut passer à moins de un mètre sans qu’ils ne bougent. Ils n’utilisent la fuite qu’en dernier recourt, quand ils sont sur d’avoir été repérés et d’être en danger.
Au total, trouver ce lézard pourtant commun est un beau défit.
Une belle récompense aussi.
Photo 1 : Adulte
La variété des couleurs de cette espèce est incroyable.
Bijagua ; Costa Rica (Avril 2022).

OU ?
Corytophanes cristatus est présent du sud du Mexique à l’Est de la Colombie. Les autres espèces du genre ont une répartition plus réduite. Le Guatemala, principal pays où les 3 espèces sont présentes, apparaît comme le coeur du genre.
Corytophanes cristatus n’est présent que du côté Atlantique dans la partie Nord de son aire de répartition. A partir du Costa Rica, on le trouve aussi du côté Pacifique. Dans ce pays, il s’élève jusqu’à 1640 m d’altitude.
Les observations naturalistes sont les plus importantes au Costa Rica. Les données sont déjà 3 fois plus rares au Honduras et au Panama. Guatemala et Colombie viennent ensuite.
Ces observations sont biaisées à l’Ouest (Mexique, Guatemala…) car la présence de plusieurs espèces rend la détermination plus complexe.
Le Costa Rica est le meilleur pays pour chercher cette espèce. La pression d’observation y est forte et tant mieux car on profitera parfois de la découverte d’un autre.

C’est un peu artificiel d’indiquer des sites particuliers pour chercher cette espèce commune et largement répartie, mais très difficile à repérer.
Les sites indiqués sont pour les naturalistes stratèges :
– 1 : Manuel Antonio NP : Ce petit parc naturel est le plus visité de tout le Costa Rica. Ici, on profite des yeux de tous les touristes. Mieux encore, certains groupes prennent un guide. Hors les guides qui circulent quotidiennement en ont parfois repéré la veille. Corytophanes cristatus est capable de rester immobile sur la même branche toute la journée et plus encore… Il faut donc le chercher seul mais garder un oeil sur les autres…
– 2 : Finca Verde Lodge (Bijagua) : il s’agit d’une ferme écologique avec un restaurant, le Hummingbird Cafe. Ici, on peut soit choisir de faire un tour avec des guides naturalistes, soit aller se payer une boisson au restaurant avant de chercher seul dans la propriété. Lors de mon passage, 2 corytophanes cristatus étaient présent dans le petit arbre juste à droite de la cahute où les guides attendent d’éventuels touristes. Pas de doute, ils gardent ici quelques pensionnaires pour améliorer la visite. C’est aussi un bon endroit pour chercher d’autres espèces (Voir les articles Rainette aux yeux rouges et Paresseux à gorge brune). Alors, on va prendre un verre ?
– 3 : Tortuguero NP : j’ai trouvé ici un Corytophanes dans l’ascension de la colline du belvédère. Mais dans ce parc national aussi la pression d’observation est forte et on peut profiter des autres.

Photo 3 : Portrait
Ce spécimen est à côté de celui de la photo 1.
Bijagua ; Costa Rica (Avril 2022).
Pour chercher un animal cryptique, silencieux et immobile, il est prioritaire de bien connaître l’habitat. C’est ici, qu’on encaisse la plus mauvaise nouvelle : son habitat, c’est toutes les forêts humides…
En général :
– on ne le trouve pas le long des zones rivières, probablement en raison de la concurrence avec les basilics.
– on le repère le plus souvent sur le petit tronc d’un arbre ou d’un arbuste : il a la tête en haut et reste immobile (photo 4).
Au total, il ne faut pas se focaliser sur cette espèce. Aucune garantie de le trouver. A titre personnel, en un mois au Costa Rica, j’en ai vu 4. Un par semaine donc.
QUAND ?
On peut le voir toute l’année.
Les observations sont légèrement plus nombreuses de mai à juillet.
Il n’y a pas de saison de reproduction particulière.
Il n’est ni noté comme diurne, ni comme nocturne. Son rythme d’activité est sans doute lié en premier lieu à l’activité des proies. De toutes façons, même actif (on devrait dire attentif avec cette espèce), il est immobile…

Photo 3 : Immobile toute la journée
Cet animal était présent quelques centaines de mètres après l’entrée du parc national Manuel Antonio à l’heure de l’ouverture. Il est photographié ici le soir, sur le même support, peu avant l’heure de la fermeture.
Manuel Antonio NP ; Costa Rica (février 2018).
COMMENT ?
On repère cet animal en marchant très lentement, en observant la végétation en détail, en s’attardant ici et là sur des insectes et avec de la chance.
Une fois repéré, l’idéal est d’en profiter à distance d’abord, afin de ne pas tout gâcher. Les Corytophanes ont tout une gamme de comportements différents selon les individus et le danger qu’ils perçoivent :
– en restant à 2 mètres : à cette distance, le corytophanes reste immobile. Il garde parfois les yeux fermés. On peut le photographier, contempler ses couleurs sans risquer de le faire fuir.
– en s’approchant à moins de un mètre : là, on entre dans la zone où on dérange. La plupart des animaux vont garder les yeux ouverts et, si le support le permet, tourner lentement autour du tronc. Les photographes seuls auront tout gâché en particulier si la végétation dense ne permet pas de faire le tour du tronc. Si l’animal ne bouge pas et que l’habitat est très très humide, regardé si le dessus du casque porte des algues.
– en s’approchant encore plus : on va déclencher un comportement de défense.
Certains animaux :
– font le mort.
– tentent de faire peur en étalant leur cou, leur crête et en aplatissant leur corps.
– se montrent agressifs en ouvrant la gueule, en lançant de fausses attaques ou en mordant vraiment.
– sautent de leur perchoir et fuient, souvent avec des phases de bipédie et avec la queue qui sert de balancier.
Le plus sympa (et respectueux), c’est de ne pas le déranger, de bien repérer sa branche, et de tenter de le retrouver au retour de votre promenade. Il n’aura sans doute pas bougé.
Son immobilité impacte d’ailleurs son mode de vie :
– il traque immobile à vue : il peut manger une très grande variété de proies. Ses préférées sont les gros insectes (sauterelles, chenilles). Il mange parfois de petits anolis. Dans tous les cas, il attrape sa proie d’un mouvement brusque quand celle-ci passe à proximité.
– la femelle semble capable de garder une provision de sperme : l’immobilité rend les rencontres mâles/femelles peu fréquentes. Il fallait trouver une alternative.

Photo : Portrait
Tortuguero NP ; Costat Rica (avril 2022).
Au Costa Rica, on peut le confondre avec :
– les basilics : les basilics ont une crête osseuse sur la tête, mais pas de crête dentelée sur le haut du dos, ni une crête dentelée sur la gorge. Les basilics sont plus liés aux milieux aquatiques. Voir les articles : Basilic rayé, Basilic commun et basilic vert.
– Anolis capito : mais il n’a pas de crête dentelée derrière la tête.
– Polychrus gutturosus : mais il n’a pas de crête dentelée derrière la tête.