
Frégate superbe (Fregata magnificens)
DIFFICULTE : Facile si on s’en contente de loin en vol.
DISTANCE DE FUITE : Très variable. Très faible sur les sites de nidification.
EFFECTIFS : Inconnus ; Elle est commune.
Les noms des frégates montrent qu’elles ont toujours inspiré :
– les Espagnols les nomment queue fourchue « Rabihorcado« .
– les Anglais les nommaient « Man-of-War bird » mettant en avant leur qualité de prédateur et leur cleptoparasitisme (elles volent souvent les proies des autres oiseaux de mer).
– les Français ont choisi « Frégate » en référence au navire de guerre ultra-rapide.
En 1914, l’ornithologue australien Gregory Mathews propose de séparer la frégate aigle-de-mer (Linnée ; 1758) en deux espèces. Il nomme la nouvelle espèce Fregata magnificens, la frégate superbe. Les analyses génétiques ont confirmées la séparation.
Ainsi, la frégate superbe multiplie les paradoxes :
– c’est à la fois la première espèce observée par les Européens (Christophe Colomb l’a mentionne), la dernière frégate nommée scientifiquement (avec la frégate d’Andrews), et souvent la plus facile à déterminer aujourd’hui pour un naturaliste amateur.
– elle n’a rien de plus superbe que les autres : en latin , magnificens signifie splendide et magnificus grand. Sa taille est pourtant comparable aux 3 autres grandes frégates (seule la frégate ariel est petite sur les 5 espèces). Elle est considérée comme la plus grande (90 à 114 cm) pour seulement quelques centimètres.

Photo 1 : Mâle de la sous-espèce Rotchildi
Les taches blanches de son ventre montre que c’est un jeune. La maturité n’est atteinte qu’entre 8 et 10 ans chez les frégates. Guanahacabibes NP ; Cuba (février 2020).
Photo 2 : Mâle en période de reproduction
Ce mâle vole avec son sac gulaire rouge gonflé. Il veut attirer les regards et sa marche. Los Haites NP ; République dominicaine (février 2016).
Photo 3 : Femelle de la sous-espèce Magnificens se dessalant
Cette femelle a le plumage mouillée car elle se trempe dans un lac d’eau douce pour se débarrasser du sel. Elle renouvelle la scène plusieurs fois. On peut observer cette scène tous les jours. Les frégates ne peuvent pas se poser sur l’eau.
Laguna Junco ; San Cristobal ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

Elle est divisée en deux sous-espèces surprenantes :
– Fregata magnificens rotchildi : on trouve cette sous-espèce partout sauf aux Galapagos, ce qui signifie que cette frégate traverse l’isthme de Panama et qu’il y a un brassage des populations entre Atlantique et Pacifique. Ce n’est pas surprenant quand on connaît les capacités de vol des frégates.
– Fregata magnificens magnificens : on ne trouve cette sous-espèces qu’aux Galapagos avec environ 2 000 oiseaux. Il n’y a pas de brassage avec les populations du littoral américain… Va comprendre ?
Photo 4 : Juvéniles
Ces oiseaux sont sur un minuscule îlot végétalisé. Sur la photo, on peut compter 5 frégates superbes (3 mâles et 2 juvéniles reconnaissables à leur tête blanche) et 2 fous à pieds rouges. Voir l’article Fou à pieds rouges.
Los Haites NP ; République dominicaine (février 2016).


OU ?
La frégate superbe est essentiellement américaine (la petite population du Cap Vert a presque disparu). Dans l’Atlantique Nord et central, c’est la seule espèce de frégate présente. Ailleurs, il faut réussir à la séparer de la frégate ariel ou de la frégate du Pacifique. Voir l’article Frégate du Pacifique.
Les naturalistes l’a note le plus aux Etats-Unis, puis au Mexique, à Porto Rico, au Costa Rica, Panama… En fait, on peut la voir sur tous les littoraux américains au climat tropical. Les meilleurs sites sont :
– 1 : l’extrême Sud de la Floride : les sites de reproduction y sont très nombreux.
– 2 et 3 : Porto Rico et les îles Vierges britanniques et américaines.
– 4 : les Galapagos (Seymour Nord ; lagune de Junca…) : mais là, il faut être capable de la séparer de la frégate du Pacifique qui est encore plus visible.
Plus on est proche des îlots sans prédateur des sites de reproduction (voir la carte) et plus on en verra. Ailleurs, on en verra de temps à autres sans que les observations soient garanties : côtes de Cuba (préférer la péninsule de Guanahacabibes à l’ouest de l’île), de Guadeloupe et de Martinique.

Photo 4 : Juvénile
On voit ici le plumage classique des juvéniles, avec en particulier la tête blanche. Boca de Yuma ; République dominicaine (février 2016).
QUAND ?
En vol, on peut voir les frégates superbes toute l’année.
La saison de reproduction, c’est à dire la saison sèche (de décembre à avril pour l’essentiel) est la plus intéressante pour de nombreuses raisons :
– les conditions météo sont plus agréables.
– on peut observer les mâles avec la poche gulaire gonflée et, sur les îles favorables, des parades nuptiales.
– les animaux sont plus actifs : pêche, cleptoparasitisme…
Les frégates quittent le dortoir à l’aube et elles se dispersent pour ce nourrir. En milieu d’après midi, elles se rassemblent au dessus des sites de nidification et des dortoirs. Le soir permet donc de voir plus d’oiseaux et de profiter d’une lumière plus favorable.

Photo 5 : Femelle adulte
Réserve de biosphère de Sian Kaan ; Yucatan ; Mexique.
COMMENT ?
Les frégates volent parfois très très haut. On aura intérêt à apporter des jumelles et un téléobjectif de qualité en particulier si on veut déterminer l’espèce.
Côté Atlantique, en dehors du littoral brésilien, la frégate superbe est la seule espèce de frégates présente. Pas de souci de détermination donc. Partout ailleurs, c’est plus compliqué. Au Brésil, il faut la comparer avec la frégate ariel, plus petite et avec les taches blanches très marquées à la base inférieure des ailes.
Côté Pacifique, il faut pouvoir séparer la frégate superbe de la frégate du Pacifique. L’exercice est impossible de loin et de dessous. Il faut pouvoir voir l’oeil des femelles ou le dessus du dos du mâle (voir le tableau ci-dessous). Le chant est aussi un critère mais, quand on l’entend, on est souvent sur un site de nidification où les critères visuels sont également accessibles.
