
Sanglier commun (Sus scrofa)
DIFFICULTE : de facile à difficile selon la pression de chasse.
DISTANCE DE FUITE : de 1 m à plus de 400 m selon la pression de chasse et le sens du vent.
EFFECTIFS : inconnu.
Le genre Sus compte 10 espèces. Notre sanglier est de loin l’espèce la plus répandue. Il est au coeur de nombreux sujets et débats : la domestication du cochon, la chasse, les introductions, les impacts sur les écosystèmes…
Photo 1 : Mâle adulte
Ce gros mâle mange le cadavre d’un cerf sambar. Les sangliers sont omnivores et opportunistes.
Sariska NP ; Rajasthan ; Inde (décembre 2010).
Photo 2 : Famille
Même lieu que la photo 1 mais 5 minutes plus tôt… avant que le vieux mâle ne s’impose.


Photo 3 : Echange de regard ou d’odeur
Ces animaux viennent de pivoter sur eux même pour placer leurs « écoutes » vers le danger potentiel pressenti.
Bandipur NP ; Inde (février 2014).
OU ?
Le sanglier peuple d’abord l’Eurasie et l’extrême nord de l’Afrique. Il a été introduit, essentiellement au XIXe, sur tous les autres continents (sauf l’Antarctique).
Les observations naturalistes enregistrée sont très très importantes en France et dans toute l’Europe de l’Ouest. Elles ne sont pas très significatives tant la pression d’observation et le rapport à la chasse varie selon les pays. En dehors de l’Europe, les observations notées sont élevées en Australie, en Corée du sud et au Japon…

Le sanglier est un omnivore qui s’adapte très bien aux ressources alimentaires, aux conditions climatiques, à la pression de chasse… Il y a par conséquent de nombreuses stratégies pour le voir, des stratégies très différentes selon les régions. Fondamentalement, on doit distinguer les espaces protégés sans chasse du reste du monde.
VOIR DES SANGLIERS DANS DES ZONES NATURELLES PROTEGEES
En absence de chasse, les sangliers peuvent se montrer familiers, presque indifférents aux observateurs. Le matin reste le moment le plus favorable.
Voici quelques exemples d’endroits propices à leur observation :
1 – Belvédère de Castellaras (France) : Juste au dessus du belvédère sur les gorges de la Nesques, un propriétaire interdisait la chasse. Les sangliers étaient peut-être nourris ici. On les voit régulièrement sur la route ou à proximité. Ils viennent voir si les touristes qui admirent le paysage ne laissent pas quelques restes de nourriture. La distance de fuite est nulle. Il vaut mieux ne rien leur donner. On augmente ses chances de les voir en été aux heures des piques-niques.
Photo 4 et 5 : A la recherche de nourriture
Les sangliers non chassés s’habituent à l’homme. On comprend vite comment ils ont pu être domestiqués.
Gorges de la Nesque ; Sault ; Vaucluse ; France (août 2020).


2 – Parc national de Andujar (Espagne) : on croise des sangliers un jour sur deux dans ce secteur de l’Andalousie, notamment sur la route de Jandula (il y a une zone boueuse tout près du point le plus haut de la route). La distance de fuite est d’une 15e de mètres si on ne fait pas de gestes brusques. Les sangliers ont l’habitude d’y croiser les naturalistes qui viennent ici à la recherche du lynx ibérique. Voir l’article le lynx ibérique.
3 – Sariska NP ; Bandipur NP … (Inde) : en Inde, beaucoup d’animaux sont sacrés. Le sanglier est une des réincarnations du dieu Vishnou (Varaha). Il ne subit pas une pression de chasse équivalente à celle des pays européens et on le voit assez facilement dans les parcs naturels, en particulier près des points d’eau.
4 – Yala NP (Sri Lanka) : Ce parc national est une ancienne réserve de chasse. De nombreux points d’eau artificiels avaient été aménagés. L’habitat alterne forêts, zones humides et zones ouvertes, un milieu très favorable aux sangliers. Ils y sont nombreux. On pourra aussi y voir leurs prédateurs locaux, crocodiles des marais et léopards.

Avec son taux de reproduction élevé, le sanglier est un animal très présent dès que la pression des prédateurs (y compris l’homme) est limité. J’ai eu la surprise d’en voir en cherchant des rhinocéros de Java (Ujung Kulon NP Java ; Indonésie) ou des varans de Komodo (île de Komodo ; Flores ; Indonésie).
Le sanglier a été domestiqué a deux reprises :
– en 7 500 av. J.C, au Sud-Ouest de la Turquie actuel.
– en 6 600 av. J.C, au site de Jiahu au centre de la Chine.
Les nombreuses races de cochons domestiques sont issus de ces deux domestications.
On ne peut pas confondre le sanglier avec une autre espèce sauf en Asie du Sud-Est :
– le sanglier nain est très localisé dans deux secteurs de l’Assam en Inde et il est vraiment tout petit.
– le sanglier du Viet-Nam est très très mal connu. Il semble rare et très difficile à observer.
– le sanglier à moustaches à une barbe claire très marquée qui permet de le séparer de notre sanglier sur la péninsule malaise et à Sumatra. Voir l’article le sanglier à moustaches.
– le sanglier de Java mâle est facile à déterminer avec ses 3 paires de verrues (une pré-orbitale ; une sous-orbitaire ; une énorme au niveau des mandibules). Les femelles sont plus difficiles à séparer.

– le sanglier des Célèbes se reconnaît théoriquement à sa bande dorsale foncée, à ses touffes de poils sur le front et à sa bande jaune autour du museau. Mais cette espèce est complexe. C’est la seule, avec notre sanglier, à avoir été domestiqué. Il y a eu des croisements avec le sanglier commun. Les spécialistes ne sont d’ailleurs pas d’accord au sujet des spécimens de Flores et de Timor qui sont parfois considérées comme d’autres espèces et parfois comme des animaux issus de croisement et introduits.
Photo 6 : Mâle adulte
Andujar ; Andalousie ; Espagne (décembre 2022).

Photo 7 : Mâle dans une décharge
En Asie du Sud-Est, la détermination des sangliers du genre Sus devient plus compliquée : plusieurs espèces et parfois des croisements…
îlot Pulau Peucang ; Ujung Kulon ; Java ; Indonésie (juillet 2015).
VOIR DES SANGLIERS DANS DES ZONES NON PROTEGEES :
Le sanglier est abondant en partie grâce aux chasseurs qui prétendent réguler leur population. Les fédérations de chasse pratiquent très souvent :
– l’agrainage : c’est nourrir les animaux sauvages, généralement avec du maïs, soit disant pour que les animaux ne s’attaquent pas aux cultures.
– les indemnisations des agriculteurs : localement, cela représente des sommes très importantes.
Au total, agrainage et cultures (le maïs en particulier) s’ajoutent aux glands, aux faînes… et une laie très bien nourrit peut avoir une 2e portée annuelle. Sachant qu’un portée, c’est en moyenne 6 ou 7 marcassins (jusqu’à 10), on comprend l’intérêt des chasseurs pour ce gibier. Les chasseurs paient pour maintenir de fortes densités.
Parallèlement, le sanglier français n’a généralement que l’homme comme prédateur. Il a appris à nous repérer, à nous fuir. Il s’est adapté. Il est devenu essentiellement nocturne.
Il faut donc bien le connaître pour pouvoir l’observer :
1 – Connaître le milieu : autour de chez vous, il faut repérer les zones propices aux sangliers et à l’observateur. Il faut croiser deux données :
– repérer chênaies et hêtraies sans sous-bois : les autres habitats sont moins nourricier et/ou n’offrent pas une visibilité optimale.
– repérer les zones sans battues de chasse : ailleurs, les sangliers sont plus méfiants et vous pouvez déranger les chasseurs ou/et être dérangé par eux.

Photo 8 : Femelle
Riserva naturale dello Zingaro ; Sicile ; Italie (avril 2008).
2 – Repérer la présence des sangliers : les indices sont nombreux et souvent bien visibles. On repérera :
– les boutis : c’est les retournements du sol que le sanglier réalise avec son boutoir, c’est à dire la partie supérieur du groin, à la recherche de nourriture.
– les crottes : elles sont caractéristiques avec une forme de boudin noir brillant constituée de plusieurs éléments agglomérés et de 4 à 5 cm de diamètre.
– les empreintes : on les reconnaît facilement grâce à la marque des « gardes », les deux ergots que le sanglier a au dessus du pied en arrière de la jambe. Ses deux doigts laissent une trace en arrière du sabot.
– les souilles et les frottis : les souilles sont des mares boueuses où les sangliers (et parfois les cerfs) se vautrent. Ils se frottent ensuite contre les arbres d’où les traces de boues (frottis) avec une forte odeur.

3 – Connaître les sens du sanglier :
Un sanglier repère un homme d’abord avec son odorat, ensuite avec son ouïe et enfin parfois, avec la vue :
– l’odorat : il est extrêmement développé, supérieur à celui du chien (d’où l’utilisation des cochons pour trouver les truffes). Il est tellement important qu’un sanglier fuit généralement face au vent. Pour l’observer, il est donc fondamental d’être face au vent (ou tout au moins perpendiculaire). On pourra parfois repérer le sanglier à l’odeur avant même de le voir.
– l’ouïe : les « écoutes » (=oreilles du sanglier) ne sont pas orientables comme celle des cervidés. Quand un sanglier renifle une odeur suspecte, il se redresse et pivote sur lui même pour placer ses oreilles face au danger potentiel. Néanmoins, les sangliers sont bruyants de sorte que dans une « compagnie » (=groupe formé de femelles et de jeunes et dirigé par une laie) les animaux repèrent difficilement les bruit extérieurs au groupe. C’est donc surtout avec les mâles solitaires qu’il est important de rester silencieux.
– la vue : les « mirettes » (=yeux) sont peu efficaces. Le sanglier ne voit pas le rouge, distingue mal les distances et voit flou de loin. Par contre, à faible distance, il repère bien mouvements et contrastes. Il faut donc une tenue camouflage à larges motifs. Si un sanglier regarde vers vous, il faut rester immobile. S’il a le moindre doute, il partira au trot.
Photo 9 : Sanglier se désaltérant
Yala NP ; Sri Lanka (février 2019).


Photo 10 : Marcassin :
Trigance ; Gorges du Verdon; France (juillet 2016).
Photo 11 : Tête de sanglier
Le sanglier détecte l’homme d’abord avec son odorat, ensuite à l’ouïe. La vue n’est pas bonne mais les sangliers sont sensibles aux mouvements et aux contrastes.
Andujar ; Andalousie ; Espagne (décembre 2022).
4 – Choisir une stratégie :
– l’affût : ce n’est pas une technique très efficace avec le sanglier car il se déplace beaucoup. L’observation risque d’être très éphémère. Si on veut le tenter, il faut le faire près d’une souille. Même dans ce cas, ce n’est pas gagné. Avec un piège photographique, j’ai constaté dans le PNR du Pilat (département de la Loire) que les sangliers utilisaient la souille qu’au coeur de la nuit.
– la marche silencieuse face au vent : c’est la meilleure technique mais elle n’est pas adapté à tous les terrains.
QUAND ?
Les mois de décembre et de janvier sont les plus favorables pour voir les sangliers pour trois raisons :
– c’est le coeur de la période du rut (de septembre à mars) : les animaux bougent beaucoup.
– les feuilles sont tombées : on voit plus loin dans les sous-bois.
– c’est une période de chasse : les sangliers évitent les zones de battue…
A l’échelle de la journée, le petit matin est le meilleur créneau. Le soir est aussi un moment favorable.