
Lynx ibérique (Lynx pardinus)
DIFFICULTE : Difficile
DISTANCE DE FUITE : Faible. Le lynx ibérique a plutôt tendance à ignorer l’homme dans les zones protégées.
EFFECTIFS : 1 200 (2022).
Le lynx ibérique ou lynx pardelle est le plus rare et le plus petit des lynx.
1966 : le lynx pardelle est protégé par la loi;
2 000 : les effectifs sont proches de 100 individus en lien avec la disparition de l’habitat et les épidémies qui touchent les lapins. Les lynx ne survivent que dans deux parcs nationaux d’Andalousie (Espagne) : Andujar et Doñana.
2 010 : les effectifs sont remontés à environ 300 dont les 2/3 à Andujar.
2 022 : les effectifs sont proche de 1 200 avec une forte augmentation depuis 2015. Cette augmentation n’est pas liée aux deux foyers de population historiques (la population reste proche de 100 à Donana et de 200 à Andujar-Cardena) mais aux programmes de réintroduction :
– dans la Sierra Morena (Guadelmellato, Castilla La Mancha, Guarrizas).
– dans les régions voisines : Matachel (Estrémadure), Montes de Toledo (Castilla La Mancha).
– au Portugal : Guadiana.
Photo 1 : Femelle adulte
Au dessus de la piste de la Lancha ; Andujar ; Espagne (décembre 2022).


Photo 2 : Scène de couple
Le lynx mâle, au centre de la photo, fait face à une femelle et cherche à s’accoupler. Le couple est resté sur cette petite zone toute la journée. 5 accouplements ont eu lieu.
Photo 3 : Femelle et le plus petit de ses 2 jeunes.
La femelle vient de s’alimenter. Le jeune est en train de finir le lapin.
Si aujourd’hui, on peut avoir la chance de voir un lynx dans le tiers sud de la péninsule ibérique, les 2 foyers historiques restent les meilleurs destinations pour l’observer.
Avec environ 200 lynx, la zone Andujar-Cardena reste le bastion principal. Malheureusement, le parc est constitué d’une série de propriétés privés qui le rend en grande partie inaccessible. Il faut donc composer entre les secteurs où les lynx sont les plus nombreux (c’est la moitié sud du parc) et les routes/sentiers ouverts aux particuliers.

Tous les belvédères sont des zones potentiellement favorables.
On notera en particulier 3 sites :
– 1 : la « route » de La Lancha : c’est ici le meilleur secteur pour voir le lynx ibérique. Il s’agit en fait d’une piste de 8 km, carrossable en voiture classique et suffisamment large pour que 2 véhicules se croisent. Cette piste mène au village abandonné de Jandula et au barrage du même nom. De chaque côté de la piste, comme ailleurs dans la région, de hauts grillages interdisent l’accès aux propriétés privés. On est donc prisonnier sur la route… pas le lynx. Sur cette piste, 2 secteurs sont appréciés :
– le secteur des « taureaux » : 500 m après le début de la piste, on bénéficie d’une vue sur une colline parsemée de rochers. C’est un secteur prisé des photographes. Si le lynx passe, il est à porté de téléobjectif.
– le secteur des belvédères : 5 km après le début de la piste, on profite d’un très très vaste panorama et 4 belvédères ont été aménagés. Ce secteur permet d’y détecter facilement les animaux en déplacement. C’est l’endroit le plus célèbre pour observer des lynx. Il y a souvent plus de 50 personnes. C’est un avantage pour repérer un lynx et un désagrément ensuite. Tout le monde cherche et échange des informations. Quand un lynx est vu, on s’agite, on se rassemble.
On peut espérer voir un lynx un jour sur deux ou un jour sur trois ici. Par contre, les observations sont souvent lointaines. C’est souvent très bien à la longue vue. Ca reste sympa à la jumelle mais c’est compliqué pour les photographes exigeants. Il faut donc y passerdu temps et avoir un coup de chance.
Si la route de La Lancha reste le meilleur endroit pour voir des lynx ibériques, c’est néanmoins une zone de moins en moins favorable :
– en 2010 : 3 femelles sur le secteur des belvédères.
– en 2022 : 1 seule femelle (avec 2 jeunes) assistées (les Espagnols leur donne des lapins) jusqu’à que les jeunes soient indépendants. Des lapins semblent à nouveau touchés par une maladie.
– en 2025, l’observation régulière de renard inquiète. c’est souvent le signe de la diminition des effectifs de lynx.

– 2 : Encinarejo : le barrage depuis la rive nord, le chemin et l’aire de loisir de Encinarejo offrent des opportunités. Il arrive que le lynx traverse le pont situé juste à l’aval du barrage, passant tout près des promeneurs.
– 3 : Lugar Nuevo : les alentours de ce site sont accessibles et favorables bien que les lynx y soient moins nombreux.
Avec environ 100 lynx, le nord du parc national de Donana est un autre bastion. Le secteur à l’Est de Villamanrique de la Condesa est le plus propice à la rencontre avec l’animal.
A l’échelle locale, on doit chercher le lynx pardelle dans les milieux qui présentent 3 caractéristiques :
– des points d’eau : le lynx boit tous les jours (ou toutes les nuits). En période de sécheresse, un affût près d’un point d’eau devient une bonne stratégie.
– des secteurs avec des caches : le lynx apprécie le calme. Il élève ses petits dans une cavité (grotte, entre des blocs rocheux, sous un vieux tronc d’arbre…).
– des secteurs semi-ouverts avec une forte densité de lapins : le lapin constitue 80% de l’alimentation du lynx pardelle. Un gros lapin correspond au besoin calorique quotidien. Le lynx tend à supprimer les autres prédateurs de sorte que paradoxalement, il y a plus de lapins dans les zones où les lynx sont présents que dans les secteurs où ils sont absents.
Les lynx sont très territoriaux.
Photo 4 : jeune
Au dessus de la piste de la Lancha ; Andujar ; Espagne (décembre 2022).

Sur le terrain, la présence du lynx est révélée par :
– des peaux de lapin torsadées : le lynx commence son repas par la tête et fait tourner le lapin pour le débarrasser de sa peau. On retrouve donc ce reste de repas particulier sur le terrain.
– des excréments : les crottes sont blanchâtre, cendrées, satinées avec une longueur de 10 à 15 cm et un diamètre de 1.5 à 2 cm. Elles sont donc plus claires et plus grosses que celle du renard (5 à 10 cm de long et 1.5 cm de large.
– des empreintes : elles mesurent 6 cm de haut et 5.5 cm de large. On ne les voit pratiquement qu’aux bords des mares.
Photo 5 : Espoir
Si ce lynx part à gauche, on le reverra de près… Mais non !

QUAND ?
A l’échelle de l’année, la période la plus favorable pour observer le lynx pardelle est l’hiver (Janvier, puis décembre, puis février) avec 4 fois plus d’observations que le reste de l’année. C’est la période du rut et elle présente en effet 3 énormes avantages :
– les lynx sont actifs en journée : les températures sont plus agréables. En été, ils évitent la chaleur.
– les lynx sont très mobiles : ils multiplient les déplacement en laissant des signaux olfactifs et en recherchant leur partenaire. Parfois, des couples se suivent.
– les lynx sont bruyants : ils lâchent des miaulements déchirants indiquant ainsi leur position.
La météo ensoleillée fin décembre 2022 a retardé le rut. Il n’a débuté qu’en janvier… après mon passage !
Pour ceux qui disposent de beaucoup de temps, deux autres périodes peuvent s’avérer payantes, notamment pour les photographes :
– l’automne : les points d’eau sont plus rares. Les affûts stratégiques, près d’un abreuvoir ou d’une mare, peuvent offrir de superbes clichés avec une lumière intéressante.
– le printemps : les petits naissent en mars-avril. Au printemps, ils commencent à sortir et à jouer. La femelle doit chasser pour les nourrir. C’est un moment favorable pour ceux qui connaissent très bien le terrain et qui ont déjà de l’expérience.
A l’échelle de la journée, l’aube et le crépuscule sont toujours les moments les plus favorables. C’est les moments de chasse.
En hiver, le lynx s’allonge souvent sur un rocher pour profiter des premiers rayons du Soleil. Il reste actif ensuite. Les jeunes sont également plus diurnes que les animaux expérimentés.
Photo 6 : Panneau sur la route traversant le parc d’Andujar

COMMENT ?
On aura intérêt à suivre les techniques suivantes :
– 1 : voir au loin : plus on passe de temps dans une zone qui permet de couvrir du regard de grands espaces, plus on a des chances de le trouver.
– 2 : multiplier les moments immobiles : on peut choisir un poste d’observation à la journée ou alterner marches et petites pauses. Ce qui est certain, c’est qu’on repère plus souvent un lynx quand c’est lui qui bouge.
– 3 : surveiller les corvidés : les pies, en particuliers, bougent beaucoup et alertent en présence d’un prédateur et, selon certains auteurs, encore plus clairement quand il s’agit d’un lynx.
– 4 : surveiller les cervidés : ils ne fuient pas, mais s’ils regardent tous dans la même direction, c’est un indice possible.
Le lynx a une ouie 8 fois plus fine que l’homme… et sur le terrain, on remarque qu’en réalité, il ne se préoccupe guère de nous.
Pour que l’observation soit plus intéressante, on retiendra :
Les adultes se distinguent des jeunes par :
– les poils longs qui descendent sur les deux côtés de la tête.
-les taches sombres bien marqués.
Les mâles (15 kg) sont plus massifs que les femelles (10 kg).
Photo 7 : Mâle à gauche, femelle à droite, juste avant un accouplement
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