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Voir le unau d’Hoffmann

Unau d’Hoffmann (Choloepus hoffmanni)
DIFFICULTE : Assez difficile.
DISTANCE DE FUITE : Nulle. Généralement inaccessible dans les arbres. Contrairement aux paresseux tridactyles, il manifeste de la résistance si on cherche à le capturer. Il siffle et claque des dents quand il se sent menacé.

Le unau d’Hoffmann appartient à la famille des Megalonychidae. Leurs représentant n’ont que 6 vertèbres cervicales contre 7 pour la plupart des mammifères. Cette famille ne comporte qu’un seul genre et deux espèces :
– le unau d’Hoffmann (Choloepus hoffmanni).
– le paresseux didactyle (Choloepus didactylus).
Son nom signifie « pieds boiteux » (en grec, « cholos » boiteux et « podos » pieds).

Carl Hoffmann est un médecin allemand qui servit l’armée du Costa Rica contre un marchand d’esclave américain (1856). Il se passionna ensuite pour les chauves-souris du Costa Rica et fit d’importants travaux sur la taxonomie des êtres vivants locaux. Une douzaine d’espèces portent sont nom aujourd’hui.


Photo 1 : Unau d’Hoffmann
Remarquer les poils qui partent du ventre et passent par dessus les bras pour couvrir le dos.
Cahuita NP ; Costa Rica (avril 2022).




Photo 2 : Caché dans les arbres
Le unau de Hoffmann, généralement immobile le jour, est encore moins visible que le paresseux à gorge brune. Il aime en effet rester dans les lianes et les branchages. Certains scientifiques ne parviennent pas à retrouver des animaux géolocalisés.
Manuel Antonio NP ; Costa Rica (février 2018).


Le unau d’Hoffman présente deux noyaux de population séparés par la cordillère des Andes :
– un noyau « Amérique centrale » qui s’étend du Honduras à l’Equateur.
– un noyau « Amazonie » présent au Pérou, en Bolivie et sur une petite partie du Brésil. Au Pérou et au Brésil, les deux espèces de unaus sont sympatriques.

Les pays où les données d’observation sont les plus nombreuses sont le Costa Rica, loin devant la Colombie et le Panama. Le nombre de données dans les autres pays est très faible (Equateur, Pérou, Nicaragua).

Les meilleurs sites pour le voir sont :
– 1 : Cahuita NP (Costa Rica) : peu après l’entrée Sud (côté Cahuita), les grands arbres (amandiers) permettent de repérer les unaus. Il faut chercher un peu mais ils sont nombreux dans ce secteur et c’est sans doute le meilleur endroit pour en voir. Il y en a aussi dans les grands arbres après l’entrée du refuge de vie sylvestre de Manzanillo au Sud de Cahuita. Quelques spécimens sont aussi présents sur Tortuguero.

– 2 : Manuel Antonio NP (Costa Rica) : la forêt est dense et c’est dans le secteur du littoral qu’on aura le plus de chance de le trouver.

– 3 : Camino de Cruces NP (Panama) : ici, en randonnant, on a de fortes chances d’en voir à condition d’avoir un peu d’expérience.

Attention, dans tout ces parcs, on peut aussi voir le paresseux à gorge brune.

Le unau d’Hoffmann apprécie toutes les forêts tropicales humides, y compris les plantations de cacao.
Son habitat est sensiblement différent selon les pays :
– au Costa Rica, il devient rare dans les forêts sèches de plaine. Il devient beaucoup plus commun aux moyennes et hautes altitudes. C’est pourtant le long des littoraux que la végétation permet de le repérer le plus facilement.
– au Panama, les forêts de basse altitude saisonnièrement sèches comptent 4 fois plus de unaus que de paresseux à gorge brune.
– en Colombie, on peut trouver des unaus jusqu’à 3 300 m, donc plus haut que les paresseux tridactyles. Voir l’article Paresseux à gorge brune.

Le unau d’Hoffmann profite de la raréfaction de ses prédateurs, en particulier les jaguars et les harpies. Ainsi, certains parcs prestigieux comme celui du Corcovado, ont des densités de paresseux plus faibles. Au contraire, les petits parcs des abords des villes sont plus favorables.

Le unau est beaucoup moins sélectif que le paresseux à gorge brune. Il mange certes, des feuilles, mais aussi, des oeufs, des insectes… et il accepte même la viande en captivité. Bien que peu spécialisé, c’est néanmoins souvent dans les grands amandiers qu’on les trouve sur le terrain.


QUAND ?

Le unau d’Hoffmann peut être observé toute l’année. Les observations sont naturellement plus nombreuses de janvier à mai, c’est à dire pendant la saison sèche sur l’essentiel de son aire de répartition.

C’est un animal très nocturne.
Le jour, on trouvera souvent les individus immobiles en hauteur. C’est néanmoins assez facile d’en voir avec les yeux ouverts mais on doit se considérer comme chanceux quand on contemple un animal de jour en déplacement. En fait, il est encore moins actif que le paresseux à gorge brune avec en moyenne 7.5 heures d’activité. Par contre, de nuit, quand il se déplace, il bouge beaucoup plus (avec une nourriture plus calorique, c’est normal). Il ne reste généralement pas dans le même arbre 2 jours de suite et couvre au total un territoire de 2 à 3 hectares.


Photo 3 : Unau d’Hoffmann
Remarquer les deux griffes des pattes antérieures et les 3 griffes des pattes postérieures. Cet animal est en déplacement en soirée avant la fermeture du parc.
Cahuita NP ; Costa Rica (avril 2022).

COMMENT ?
Il faut se déplacer à pied.
On doit les rechercher prioritairement dans les amandiers aux entrées des petits parcs nationaux proches des villes. L’idéal est de chercher aussi avant l’entrée des parcs. Si on trouve un animal, on peut ainsi revenir de nuit et l’observer en mouvement à la lampe torche.

Chez les unaus, les femelles sont nettement plus nombreuses que les mâles : il semble que cette dissymétrie soit liée à la très longue gestation (11.5 mois). Il n’y a en effet pas besoin de beaucoup de mâles pour féconder les quelques femelles non gestantes. La gestation est plus courte chez le paresseux tridactyles et les populations plus équilibrées.


RISQUE DE CONFUSION :
Pour bien le distinguer des paresseux tridactyles, voir l’article paresseux à gorge brune.

Au Pérou et au Brésil, on peut aussi le confondre avec le paresseux didactyle (Choloepus didactylus) mais ce dernier à des poils bruns nettement plus foncés autour du museau, des mains et des pieds.


Photo 4 : Portrait
Les chanceux peuvent parfois observer un animal très bas, seulement à 4 ou 5 m du sol. Ce n’est pas le cas de celui-ci qui est photographier avec un 400 mm.
Cahuita NP ; Costa Rica (avril 2022).

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