
Paresseux tridactyle (Bradypus tridactylus)
DIFFICULTE : Assez facile
DISTANCE DE FUITE : Nulle. Il se laisse même capturer sans résister.
Pour des informations générales sur les paresseux et le genre Bradypus, lire l’article sur le paresseux à gorge brune, espèce très proche et plus répandue.
Pour bien comprendre le nom de cette espèce précisément, celui de paresseux tridactyle, il faut se replacer dans le contexte historique : en 1758, Carl Von Linné nomme les paresseux :
– Bradypus tridactylus : le paresseux tridactyle.
– Choloepus didactylus : le paresseux didactyle.
A ce moment là, seule ces deux espèces sont connues. Tout va bien.
En Guyane, il n’y a que ces deux espèces alors, tout va bien aussi avec le « trois doigts » et le « deux doigts ».
Maintenant, si on se replace à l’échelle de l’Amérique du Sud au XXIe siècle, ces noms n’ont plus aucun sens car il y a 2 espèces à 2 doigts et 4 à 3 doigts.
On peut donc choisir entre les noms :
– « paresseux tridactyle » pour rester proche du nom scientifique.
– « dos brûlé » pour reprendre un nom Guyanais qui met en avant la couleur rousse et noire qui traverse sont dos.
– « paresseux à gorge blanche » par opposition au « paresseux à gorge brune » (Bradypus variegatus) convient bien à ceux qui veulent clairement distinguer les espèces.
Photo 1 : Paresseux tridactyle
Le naturaliste débutant tombe souvent dans un piège : il veut compter les griffes pour déterminer l’espèce. De loin, il bataille et comme il voit l’animal de dessous, il compte les griffes des pattes postérieures. Hors, tous les paresseux ont trois doigts aux pattes postérieures
Sentier de la Mirande ; Réserve du Grand Matoury ; Guyane française (octobre 2012).


Photo 2 et 3 : sur le bois canon
Le bois canon est connu pour fournir la nourriture préférée du paresseux tridactyle. Reconnaître cet arbre est la clé principale pour observer l’espèce.
Sentier du Rorota ; Guyane française (octobre 2012).
Le paresseux tridactyle vit sur le massif des Guyanes, soit 5 pays : Venzuela, Guyana, Surinam, Guyane et Brésil. Sa répartition s’arrête à l’Amazone au Sud. De l’autre côté du fleuve, il est remplacé par le paresseux à gorge brune.
C’est en Guyane française que les observations enregistrées sont les plus nombreuses. Viennent ensuite Brésil et Surinam bien avant Guyana et Venezuela.
On retiendra, compte tenu de la superficie et de l’accessibilité, que Guyane et Surinam sont les deux meilleures destinations pour l’observer.
Un très bon endroit pour le voir est le début du sentier du Rorota (1), pas très loin de Cayenne.

Le paresseux tridactyle est strictement arboricole. Il ne descend au sol qu’en cas de besoins urgents (uriner, déféquer, en moyenne une fois par semaine) ou en cas de nécessité alimentaire. Bref, on cherche un animal dans les arbres dans des pays où il y a des arbres presque partout. Tellement d’arbres d’ailleurs qu’on l’imagine très bien pouvoir faire des centaines de kilomètres en restant dans la canopée à une hauteur où il reste invisible. Pffff !
La bonne nouvelle, c’est le bois canon (Cecropia peltata), appelé aussi coulequin ou bois trompette. C’est une bonne nouvelle pour 3 raisons :
– il porte des feuilles très appréciées… les préférées du paresseux tridactyle.
– il pousse dans des zones ouvertes (c’est une espèce pionnière), des lisières, des bords de route.
– il offre une bonne visibilité avec un long tronc et de longues branches sans feuilles dans la partie basse.
C’est donc dans les bois trompettes qu’il faut chercher les paresseux…
Le bois trompette se reconnaît facilement (photo 2 et 4) :
– ses grandes feuilles ont plusieurs lobes. Elles sont vertes foncées et rugueuses dessus, vertes claires et presque lisses dessous.
– son tronc est long, fin, annelé et creux. C’est parce qu’il est creux qu’il est appelé bois canon en Guyane et bois trompette aux Antilles.
L’aspect général de l’arbre rappelle « un feu d’artifice ».

QUAND ?
Les paresseux tridactyles peuvent évidemment être observés toute l’année.
Les touristes auront quand même intérêt à éviter la saison des pluies pour pouvoir regarder en l’air… La saison sèche s’étend de la mi-août à la mi-novembre en Guyane et au Surinam.
COMMENT ?
On trouvera des paresseux tridactyles en se promenant tranquillement dans les secteurs semi-ouverts avec les bois canons. En Guyane, ils sont nettement plus nombreux que les paresseux didactyles.
En prenant le temps de chercher la faune arboricole en Guyane, on trouvera aussi des paresseux dans des paysages plus fermés. C’est la masse de poil qu’on repère, une masse souvent immobile.
Photo 4 et 5 : Détermination
On reconnaîtra facilement cette espèce par rapport au paresseux didactyle (ou unau) en remarquant :
– son long cou (photo 2) : il a 9 vertèbres cervicales contre seulement 6 chez le unau.
– sa rayure dorsale noir et rousse.
– ses trois énormes griffes sur les pattes antérieures.
– sa couleur générale grise bien plus foncée que celle du unau.
Sentier de la Mirande ; Réserve du Grand Matoury ; Guyane française (octobre 2012).
