
Paresseux à gorge brune (Bradypus variegatus)
DIFFICULTE : Assez difficile bien que commun.
DISTANCE DE FUITE : Nulle , mais généralement bien à l’abri en hauteur.
En France, le mot paresseux désigne 6 espèces réparties en 2 familles :
La famille des Megalonychidae (2 espèces) : on dit aussi paresseux didactyles ou unaus.
La famille des Bradypodidae (4 espèces) : on dit aussi paresseux tridactyles ou aïs. C’est cette famille qui est représentée dans les dessins animés et médiatisés dans la plupart des documentaires :
– le paresseux à gorge brune (Bradypus variegatus) : c’est l’espèce type, la plus largement répartie et la plus observée ; celle présentée ici.
– le paresseux tridactyle (Bradypus tridactylus) : c’est l’espèce qu’on trouve dans les Guyanes. Elle est très proche de la précédente mais avec une répartition différente.
– le paresseux à crinière (Bradypus torquatus) : ce paresseux se caractérise par sa toute petite tête, ses petits yeux et ses petites oreilles. L’espèce est endémique du Brésil.
– le paresseux nain (Bradypus pygmaeus) : découvert en 2001, ce paresseux pèse 40% de moins que les autres espèces. Il est endémique d’une île de Panama de 3.4 km2 (Escudo de Veraguas). La population, proche d’une 100e d’individus fait de cette espèce une des plus menacée au monde.
Photo 1, 2 et 3 : Paresseux à gorge brune
Bijagua ; Costa Rica (avril 2022).

En reprenant les noms choisis pour les paresseux du genre Bradypus, on fait un peu le tour des grandes caractéristiques des espèces :
– Bradypus variegatus : du grec Brados, la lenteur et Podos, le pied. Parler de lenteur est plus juste que de parler de paresse quand on connaît la biologie de l’animal. Il se nourrit de feuilles dont la digestion est longue et difficile. Pour digérer, un paresseux met 2 semaines, soit 3 fois plus de temps qu’une vache. Il vit donc au ralenti et peu passer 18 heures par jour à dormir. Le lion dort 20 heures par jour… On le qualifie de roi, pas de paresseux…
Variegatus signifie variable en référence aux couleurs du pelage différentes selon les individus. Il s’agit de la gorge brune, une tendance pas toujours évidente, mais aussi des différentes taches que peuvent avoir certains individus (voir la photo 4).
– tridactyle : de tri, trois, et dactyles, doigts : les pattes antérieures ont en effet 3 doigts mais sur le terrain, ce que l’on voit, c’est 3 griffes énormes. Cela permet de bien les distinguer de l’autre famille, qui n’a que deux doigts, deux griffes. Attention, on parle ici des pattes antérieures. Les pattes postérieures ont trois doigts pour tous les paresseux.
– aï : les paresseux sont silencieux sauf à la saison des amours où ils poussent de petits cris « aï ».
Mais le genre bradypus a d’autres caractéristiques intéressantes :
– il tourne la tête à près de 270° (9 vertèbres cervicales) : l’intérêt est surtout de pouvoir saisir les feuilles car les paresseux ont une très mauvaise vue. Par comparaison, l’homme, c’est 7 vertèbres cervicales pour 120° de rotation ; Chouettes et hiboux, 14 vertèbres cervicales pour 270° avec un système sanguin adapté qui permet une rotation très rapide.

– il abrite des algues dans son pelage : les longs poils du paresseux permettent découler les eaux de pluie. Ces poils servent de refuges à de nombreux micro organisme dont des algues qui donnent une teinte verte à certain paresseux et participent au camouflage.
– il nage bien : le paresseux nage 3 fois plus rapidement qu’il ne se déplace et peut tenir 14 minutes sans respirer. Beaucoup de paresseux vivent dans les mangroves d’où la nécessité de savoir se déplacer dans l’eau.
– il fait ses besoins au sol : environ une fois par semaine, les paresseux prennent le risque de descendre au sol pour déféquer. On ne comprend pas très bien pourquoi : pour l’hygiène ? Pour éviter de se faire repérer dans les arbres ?
Photo 4 : Caché dans la canopée
Manuel Antonio NP ; Costa Rica (février 2018).


OU ?
Le paresseux à gorge brune vit en Amérique centrale (à partir du Honduras) et en Amérique du Sud jusqu’au tropique du Capricorne.
Les pays où les observations sont les plus nombreuses sont ceux d’Amérique centrale : Costa Rica, Panama et Colombie. Brésil, Pérou et Equateur arrivent loin après le trio de tête.
On peut relever quelques zones intéressantes :
– 1 : COSTA RICA :
– Finca Verde Lodge : il s’agit d’une ferme écologique avec un restaurant, le Hummingbird Cafe. Ici, on peut soit choisir de faire un tour avec des guides naturalistes, soit aller se payer une boisson au restaurant avant de chercher seul dans la propriété. Lors de mon passage, j’y ai vu 3 paresseux dont un au dessus du parking de l’entrée. C’est sans doute le site où on les trouve le plus facilement.
– Manuel Antonio NP : les paresseux sont nombreux (paresseux à gorge brune et unau de Hoffmann) mais la canopée est dense. Il faut avoir un oeil exercé ou chercher longtemps.
– Tortuguero NP et Cahuita NP : autour des villages et dans les parcs, on peut en trouver. Là encore, le Unau de Hoffmann est présent.

– 2 : PANAMA :
– Camino de Cruces NP : ce parc, proche de la capitale et du canal est le lieu sauvage où le paresseux est le plus observé à Panama.
– Altos de Campana NP : c’est une autre zone favorable mais plus escarpée.
– 3 : COLOMBIE : ici, c’est déjà plus difficile. Les observations sont nombreuses mais bien réparties dans le pays. On retiendra le Nord-Ouest du pays à proximité de la côte ou la zone entre Nechi et Zaragoza le long de la rivière Nechi.
Le paresseux est un animal arboricole qui ne craint pas les altitudes élevées (jusqu’à 2400 m au Costa Rica). Il fréquente la plupart des forêts de la mangrove aux forêts de montagne.
Il a besoin de Soleil pour faciliter sa digestion. Du coup, dans les forêts denses, l’observateur est doublement perdant :
– le paresseux est souvent en hauteur pour profiter du Soleil.
– le paresseux est invisible dans les feuillages.
On a donc intérêt à chercher une boule de poil dans les zones plus ouverte : les lisières, les littoraux, les parcs et jardins des bords de village. J’ai vu une femelle et son petit à Arenal (Costa Rica) tout près d’un carrefour routier.
QUAND ?
On peut le voir toute l’année.
Le pic d’observation correspond au coeur de la bonne saison climatique en Amérique centrale (de décembre à mars).
COMMENT ?
Il faut se déplacer à pied et imaginer qu’on cherche un gros ballon de foot poilu. Quand on trouve un animal, une fois sur deux, il dort. L’idéal est de bien repérer l’emplacement et d’y revenir 30 minutes ou une heure après. Au delà, on prend aussi le risque de ne pas le revoir du tout. Les paresseux ne vont pas vite mais on les perd quand même facilement.
RISQUE DE CONFUSION :
Par rapport au unau, on reconnaîtra le paresseux à gorge brune :
– au contraste entre le front blanc et le masque noir.
– à la rayure foncée du dos.
– aux trois griffes sur les pattes avant.
Photo 5 : Paresseux coloré
Yasuni NP ; Equateur (avril 2022).
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