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Voir le Jacaré

Jacare (Caiman yacare)
DIFFICULTE : Facile
DISTANCE DE FUITE : 3 mètres environ.
EFFECTIFS : il y en aurait 10 millions dans le Pantanal (2013) et on ne sait pas au total (on trouve des chiffres entre 15 et 35 millions).

Ce caïman présente deux facettes remarquables :
– sur le terrain : il est magnifique, pas dangereux pour l’homme et omniprésent dans le Pantanal. Facile à observer, c’est un cadeau pour les naturalistes amateurs.
– sur le papier : c’est beaucoup de noms, beaucoup d’incertitudes… Parce que finalement, c’est peut être un caïman à lunettes.

Photo 1 à 9 : Toutes les photographies présentées ici sont prises dans le secteur de la Tranpantaneira, célèbre piste qui s’engage dans le Pantanal sur 130 km ; Brésil (août 2018).

Photo 1 et 2 : Mâle adulte
Ce vieux mâle à les dents tellement longues, qu’elles transpersent la mâchoire supérieur. On les voit pointer à l’extrémité du museau.

Une histoire de noms :
– Jacaré : ce nom signifie « alligator » en vieux Tupi, une langue proche du Guarani utilisé par les Amérindiens. Jacaré est donc le nom utilisé par les autochtones brésiliens pour désigner les deux espèces de crocodiliens locales.
– Yacaré : c’est l’explorateur Félix de Azara qui ramène en Europe (1801) des information sur l’animal avec le nom Tupi adapté au Portugais. Félix de Azara n’est pas un scientifique et il ne donne pas un nom binominal correspondant aux attentes scientifiques.
Caiman yacare : c’est le zoologiste français François Marie Daudin qui le décrit (1802) à partir d’un spécimen ramené et lui donne son nom scientifique. Il décrit également le caïman à museau large (Caiman latirostris). Ce jeune parisien n’a pas l’usage de ses jambes. Il vit sur Paris et meurt à 27 ans.
– Yacaré negro : comme le mot Yacaré désigne finalement deux espèces, on va ensuite utiliser Yacaré negro pour notre caïman qui est sombre avec des taches noires contrastées notamment sur la mâchoire inférieure. A l’opposé, on utilise Yacaré overo pour le caïman à museau large, plus clair et aux taches peu contrastées.
Caiman crocodilus yacare ? : depuis 2010, différentes études ont été réalisées pour clarifier le genre Caiman. Le caïman yacare s’avère très proche du caïman à lunettes dont ce n’est peut-être qu’une sous-espèce. Voir l’article : Caïman à lunettes.

Ainsi, notre Caïman yacare ne conserve peut être son statut d’espèce que par l’histoire de son nom, un nom donné par un Parisien dans ses appartements, un nom qu’on a bien envie de garder aussi pour ne pas perdre une espèce de plus.

Photo 3 : De face
On voit bien la « lunette », protubérance osseuse qui coupe le museau en deux. Cette protubérance à donnée son nom au Caïman à lunettes (Caiman crocodilus). Elle est en fait portée par 4 espèces, le caïman noir et les 3 espèces du genre Caiman.


Photo 4 : De profil
Remarquer les taches noires contrastées sur la mâchoire inférieure. Pour l’observateur amateur, c’est le caractère visible le plus net qui caractérise le jacaré.


Photo 5 : Traverser de la Transpantaneira
La marche est plus haute que celle des crocodiles.
Le jacaré est d’abord piscivore, mais opportuniste, il peut s’attaquer à des mammifères jusqu’à la taille des capybaras. Un adulte n’a rien a craindre sauf s’il cherche vraiment à se faire mordre. Un petit enfant reste une proie potentiel.

OU ?
Le jacaré n’est présent que dans 4 pays : Brésil, Bolivie, Paraguay et Argentine. On connaît mal sa limite nord de répartition, la zone où le caïman à lunettes le remplace.

Les observations naturalistes sont maximales au Brésil et en Argentine. Elles sont moins importantes en Bolivie et encore moins au Paraguay. Si on le cherche, on le trouvera néanmoins assez facilement dans chacun de ses pays.

La meilleure zone pour le voir reste le Pantanal (1) :
10 millions de jacarés vivent dans cette zone protégée… et à la saison sèche, ils se concentrent près des derniers points d’eau. Les densités deviennent localement incroyables.
Pour en profiter, on peut circuler librement sur la Transpantaneira. On en voit beaucoup à partir du pont au kilomètre 32, et à partir de là, à chaque point d’eau, à chaque rivière. Pour en profiter plus longuement, on devra dormir dans la voiture ou choisir le luxe d’une fazenda.

Toutes les zones d’eau douce stagnante ou à courant lent sont favorables au jacaré.


Photo 6 : Concentration

QUAND ?
Quelque soit la destination, la saison sèche est nettement plus favorable et en particulier la fin de la saison sèche, quand les animaux sont concentrés : juillet, août, septembre sont les mois les plus favorables dans le Pantanal.

Ce sont des chasseurs nocturnes mais la densité dans le Pantanal permet d’en voir quelqu’un actif dans la journée.

Photo 7 : Dans l’eau
Le jacaré est un caïman sombre. Au nord de son domaine de répartition, on pourrait le confondre avec un Caïman noir.

RISQUE DE CONFUSION :
La répartition du caïman yacare recouvre localement celle de 3 autres caïmans (voir d’abord la carte présenté ci-dessus) :
– Différence avec le caïman noir : le jacaré a seulement 2 rangées d’écailles de dimension inégale sur le cou contre 4 à 6 rangées d’écailles de dimensions semblables pour le caïman noir (voir la photo 2 de l’article Caïman noir).
– Différence avec le caïman à museau large : le jacaré à la tête plus longue que large alors que le caïman à museau large a une tête aussi longue que large. Le jacaré est plus foncé avec des taches contrastées plus nettes.
– Différence avec le caïman à lunettes : le jacaré est très proche du caïman à lunettes. Il est plus foncé et avec des taches plus nettes que les caïmans à lunettes du Nord de l’Amérique du Sud. En fait, on parle de jacaré à partir de la Bolivie et du Pantanal.

Photo 8 : Femelle et jeunes
Photo 9 : Jeune près à se jeter à l’eau

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