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Voir le hurleur roux du Venezuela

Hurleur roux du Venezuela (Alouata seniculus)
DIFFICULTE : Assez difficile.
DISTANCE DE FUITE : 100 mètres.
EFFECTIF : Inconnu.

Les hurleurs roux sont les plus grands singes du Nouveau monde. Les mâles mesurent 50 à 72 cm (sans la queue, qui mesure aussi 50 à 72 cm) et pèsent 6.5 kg (maximum 8 kg). Il est donc dans les proportions d’un macaque rhésus… pas particulièrement grand pour un singe de l’Ancien monde.

Comme tous les singes hurleurs, le hurleur du Venezuela impressionne d’abord par son cri, un cri qui porte à près de 3 km, un cri qui est lâché par le mâle dominant et parfois d’autres membres du groupe pour défendre un territoire. Un cri remarquable qui participe à l’ambiance des forêts tropicales d’Amérique du Sud, chaque matin au moins.

Il est assez difficile de voir un hurleur du Venezuela mais c’est déjà un plaisir de l’entendre… un peu comme le brame du cerf pour un Européen.

Photo 1 et 2 : Mâle adulte
Ce mâle dominant porte la barbe. Il est à la tête d’un petit groupe de hurleur et se montre à découvert à la tombée du jour. Les autres membres du groupe restent invisibles. A l’approche des observateurs, il regagne le couvert (photo 2).
Lagune de Jatuncocha ; Yasuni NP ; Equateur (août 2022).

OU ?
Les singes hurleurs comptent 15 espèces concentrées entre le Sud du Mexique et le Sud du Brésil. L’observateur amateur peut reconnaître certaines espèces en observant les couleurs et parfois la taille des primates. Cependant, les 6 espèces de hurleurs roux sont très difficiles à différencier :
– les différences physiques sont peu évidentes.
– les répartitions présentent des lacunes et parfois 2 espèces du genre Alouata sur un même secteur.

Pour le naturaliste amateur, le hurleur roux du Venezuela ne peut être séparé du hurleur roux des Guyanes, de A. arctoidea et de A. juara que par la répartition. Cette dernière est centrée sur la Colombie et il déborde un peu sur les pays voisins d’Amérique du Sud : Venezuela, Brésil, Pérou, Colombie. A la lumière des connaissances actuelles, on aurait mieux fait de l’appeler « Hurleur roux de Colombie »).

Justement, c’est en Colombie que les observations sont les plus nombreuses, et de loin. Dans ce pays, il est présent dans tous les types de forêt, même à haute altitude.

Tous les grands parcs nationaux sur sa zone de répartition sont favorables pour l’entendre et tenter de l’observer. Les meilleurs sites sont malheureusement difficiles d’accès :
– 1 : le parc national de Amacayacu (Colombie) : en Amazonie, les hurleurs ne s’éloignent pas à plus de 2 kilomètres d’une rivière ou d’un lac. Hors, une grande partie de ce parc est inondée par le débordement de l’Amazone à la saison des pluies. En saison sèche, les singes se concentrent sur une zone plus étroite tandis que les cours d’eau ouvrent des perspectives pour observer le haut de la canopée.
– 2 : le parc national Yasuni (Equateur) : plusieurs groupes sont présents autour de la lagune de Jatuncocha où on a, là encore, de meilleures perspectives.

En réalité, dans sa limite de répartition, presque toutes les zones forestières protégées avec des cours d’eau permettent d’entendre les hurleurs. La difficulté, c’est de trouver les ouvertures pour le voir car il fréquente surtout le sommet des arbres. Il faut trouver la lisière, la clairière, la rivière ou la lagune qui permet d’observer le haut des arbres. Et certes, ce singe peut nager ou descendre au sol pour traverser une piste, mais il faut vraiment beaucoup de chance pour observer ces types de déplacements.

QUAND ?
On peut le voir à n’importe qu’elle période. Les naissances ont lieu toute l’année avec un léger pic entre octobre et avril. Cela n’a pas grande importance puisque les jeunes restent sur leur mère pendant près d’un an. C’est surtout la saison sèche qu’il faut repérer : décembre à mars apparaît comme la période la moins pluvieuse.

Comme tous les hurleurs, le hurleur roux du Venezuela est diurne.
Cela dit, il est presque invisible au coeur de la journée, période pendant laquelle il fait la sieste sur les branches. A ce moment, il n’est possible de le voir que si on a localisé l’arbre fétiche du groupe ou la troupe le matin. Le hurleur roux du Venezuela se déplace peu. Souvent une 100e de mètres par jour. On peut donc parfois les retrouver malgré l’épaisseur de la végétation.

En fait, il y a 3 moments favorables pour le voir :
– tôt le matin : c’est le meilleur moment. On peut localiser les singes quand ils hurlent, s’approcher du groupe (6 à 8 individus), et tenter de les repérer au sommet des grands arbres ou sur les grosses branches en hauteur.
– le soir : c’est un autre moment d’activité, plus limité que le matin et avec moins (ou pas) de hurlements, mais assez favorable.
– après une pluie : les hurleurs montent au sommet des arbres pour se faire sécher au Soleil. C’est une très bonne stratégie pour les photographes.

COMMENT ?
L’utilisation d’une embarcation augmente nettement les chances d’observer cette espèce, pour les points de vue qu’elle permet sur la canopée et en raison de sa présence aux abords de l’eau.

Photo 3 : Déplacement
Les hurleurs ont les mains en forme de pince avec 3 doigts d’un côté et deux de l’autre. Ils ont également une queue préhensile. Ils sont donc parfaitement adaptés à la vie dans les arbres malgré leur poids.
Cours d’eau Yasuni ; Yasuni NP ; Equateur (août 2022).

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