
Orque (Orcinus orca)
DIFFICULTE : Moyennement facile
DISTANCE DE FUITE : très faible ; l’orque n’a pas peur des bateaux et s’en approche souvent.
EFFECTIF : environ 100 000 (2020) mais en fait, on ne sait pas.
L’orque est :
– le plus grand des delphinidés avec des mâles qui peuvent dépasser 9 m.
– le mammifère marin le plus rapide : 65 km/h.
– un des mammifères les plus sociables avec des groupes correspondant à une (des) famille(s) matrilinéaires très stables.
– un mammifère avec des « manifestations culturelles » : dialecte spécifique au groupe ; proies et techniques de chasse spécifiques au groupe.
Toutes les photos sont prises au détroit de Gibraltar le 3 août 2024.
Photo 1 : une petite femelle à l’arrière d’un groupe.

OU?
L’orque est présente dans tous les océans du monde et dans la plupart des mers. C’est un des animaux les plus répandus, mais on peut relever deux tendances lourdes. Il préfère :
– les latitudes élevées : globalement plus on se rapproche des pôles et plus les densités sont fortes.
– les zones côtières : les populations offshores existent mais sont plus rares et beaucoup beaucoup moins bien connues.
Les zones où les observations sont les plus nombreuses sont :
1 : Etats-Unis (Alaska).
2 : Territoires méridionaux français (Crozet ; Kerguelen).
3 : Canada.
4 : Norvège.
5 : Antarctique.
Mais ce classement demeure peu utile pour les naturalistes amateurs qui auront intérêt à trouver un compromis entre les chances d’observations et les conditions d’observation (climat, logistique).

Photo 2 : un mâle avant sa plongée pour passer sous le bâteau.
Les meilleurs sites pour observer les orques sont :
1 : Détroit de Johnstone (Canada) : il s’agit d’un chenal au Nord-Est de l’île de Vancouver. Il mesure 110 km de long et sa largeur varie de 2.5 à 5 km. Ici, des orques sont présentes de mai à septembre. On peut faire du kayak de mer ou des sorties en bateau.
2 : Tromso (Norvège) : tous les bras de mer du littoral norvégien à partir des îles Lofoten au Sud et jusqu’au Cap Nord sont très favorable. Tromso est sans doute la meilleur base de départ. Les orques y viennent pour se nourrir de harengs. Elles se laissent approcher et on peut même plonger pour les voir dans l’eau. L’hiver de novembre à janvier est la meilleure période. Les journées sont courtes mais on peut aussi espérer voir des aurores boréales.

3 : Autour de la péninsule de Valdès (Argentine) : les orques sont présentes ici pour chasser les otaries, surtout en mars et avril. Les orques s’approchent donc tout près des côtes.
4 : Détroit de Gibraltar (Espagne) : au départ de Tarifa, on peut rejoindre « la Bajas » (à 14 km des côtes), une zone de remontée d’eau froide et de pêche au thon au large du parc naturel El Estrecho.
Les orques sont présentes ici d’avril à novembre mais ils sont surtout visibles pendant la période de la pêche aux thons : de la fin du mois de juillet et pendant tout le mois d’août. Les orques sont très rarement vus les vendredi car les pêcheurs marocains ne travaillent pas ce jour là.
Les orques profitent en effet des prises des pêcheurs pour s’alimenter, dévorant des thons prisonniers dans les filets. Le taux de succès des sorties, de 97% selon les compagnies, est probablement plus proche de 70%.
Il y a deux compagnies (les chances d’en voir sont les mêmes) :
– FIRMM : c’est la plus pro. La chef est une allemande passionnée depuis longtemps. Avant le départ, les touristes sont divisés en 4 groupes de langues pour un topo sur le site et les 7 espèces de cétacés que l’on peut espérer voir.
– TURMARES TARIFA : il n’y a pas de topo au départ.
Photo 3 : Orques et observateurs depuis un bateau privé.

Dans les deux cas, la sortie dure 3 heures. On part généralement dans le brouillard (toujours présent le matin sur la côte atlantique). On va sur la petite zone à orques (30 minutes de trajet). En quelques minutes, on sait si les orques sont absents : des pêcheurs ont des thons accrochés à l’extérieur du bateau. Si les orques sont présents, ils les rentrent. S’il n’y a pas d’orques, on reste quelques minutes pour observer les pêcheurs puis on retourne en direction de l’Est pour observer dauphins et globicéphales noirs. On voit surtout beaucoup de globicéphales car ils restent en surface. Si les orques sont présentes on les observe pendant deux heures. Lors d’une sortie le 3 août 2024, j’ai vu 18 orques (4 familles) et pas de temps pour s’ennuyer.
D’autres secteurs sont intéressants bien que moins spécifiquement orientés vers les orques :
5 : Croisière en Alaska ou en Antarctique : beaucoup de grands cétacés viennent se nourrir au large de l’Alaska au printemps ; En Antarctique, pour des raisons climatiques, ce sera plutôt entre décembre et février.
6 : Patagonie chilienne (Chili) : les différents canaux de la Patagonie chilienne permettent d’observer baleines, dauphins du Chili et orques de novembre à février.
7 : Tutukaka (Nouvelle-Zélande) : au site de plongée Poor Knights island on peut espérer voir des orques toute l’année. Un permis est requis pour nager à côté des cétacés mais il est souvent proposé par les sites de plongée. Là, il faut laisser venir les orques.
Photo 4 : Femelle dans l’ambiance du détroit de Gibraltar avec ses porte-conteneurs.

QUAND ?
On peut donc voir des orques toute l’année mais la meilleure période dépend du lieu. En résumé :
– Printemps : Détroit de Johnstone ; Péninsule de Valdès.
– Eté : Détroit de Johnstone ; Détroit de Gibraltar (fin juillet et août).
– Fin d’Automne : Norvège , Patagonie chilienne.
– Hiver : Norvège ; Antarctique.
COMMENT ?
Les orques circulent par petits groupes : 40% du temps, elles sont globalement en surface, 60% en plongée. Elles se déplacent tranquillement avec des changements de direction imprévisibles. Certaines passent tout près, sous le bateau. A Gibraltar, on voit plus de femelles (3/4).
Photo 5 : Deux femelles d’un petit groupe.

Photo 6 : Orque passant juste sous le bâteau.
On peut voir des orques en bateau, en kayak de mer (détroit de Johnsone), depuis le littoral (péninsule de Valdès…) ou en nageant (depuis Tromso en Norvège ; Tutukaka en Nouvelle-Zélande).
Dans tous les cas, il faut se montrer patient et il vaut mieux laisser approcher les orques.
Dans leur milieu naturel, les orques ne sont pas dangereuses pour l’homme. Les très très très rares cas d’attaques enregistrés semblent correspondre à des situations où les hommes ont pu être confondus avec des phoques.

Lors des sorties, deux choses sont à remarquer :
– le dimorphisme sexuel : les mâles sont plus grands (souvent de 7 à 8 m) avec un aileron de plus de 1 m en forme de triangle isocèle ; les femelles sont plus petites (souvent de 5 à 6 m) avec un aileron de moins de 90 cm en forme de faucille. La taille n’est qu’un indice car les petits mâles adultes mesurent parfois 6 m tandis que les plus grosses femelles peuvent atteindre 7.3 mètres.
– les caractéristiques spécifiques de l’aileron : les scientifiques utilisent les encoches, blessures, éraflures, spécifiques de chaque aileron pour distinguer et reconnaître les individus.
– la chasse : le comportement de chasse des mammifères marins (péninsule de Valdès) ou de vol des thons (détroit de Gibraltar) montrent souvent la cohésion sociale des orques.
Photo 7 : Femelle en déplacement.