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Voir le fou à pieds rouges

Fou à pieds rouges (Sula sula)
DIFFICULTE : Très facile et très cher
DISTANCE DE FUITE : Très faible… moins de 4 mètres.
EFFECTIFS : plus de 1 million ; l’espèce est considérée comme non menacée.

Parmi les 10 espèces de fous (famille des sulidae), le fou à pieds rouges est :
– le plus petit.
– le plus polymorphe : les deux sous-espèces américaines ont un morphe clair (presque blanc) et un morphe sombre (brun).
– le plus répandu et le plus courant.
– le moins strictement diurne : il peut chasser la nuit lorsque les calmars remontent à la surface avec la pleine Lune.
– le plus familier avec les marins : il se pose régulièrement sur les navires.

Il chasse en groupe surtout en plongeant (il ne descend en moyenne qu’entre 1 et 5 mètres), mais parfois en capturant les proies en surface. Il se nourrit essentiellement de poissons volants et de calmars. Les animaux avalés ne dépassent généralement pas les 10 cm. De petite taille, il est régulièrement victime de kleptoparasitisme, victime des frégates du Pacifique en particulier.


Photo 1 : Adulte de morphe sombre
Posé, ce fou est immédiatement reconnaissable avec ses pattes rouges. Cependant, en vol, les pieds rouges sont dissimulés. Les individus de forme claire peuvent être confondus avec les autres fous blancs.

Toutes les photos présentées dans cet article présentent la sous-espèce Sula sula websteri. Elles sont toutes prises sur l’île de Genovesa au Nord-Est de l’archipel des Galapagos en Equateur en février 2022.

OU ?
Le fou a pieds rouge est largement réparti dans toutes les zones tropicales couvertes par les océans. Très largement pélagique, il est polarisé par les sites de reproduction qui sont toujours :
– des îles sans prédateurs.
– des îles avec des arbustes pour construire des nids en hauteur.

Et sur ces îles favorables, les fous à pieds rouges sont très grégaires : on peut comptabiliser des milliers d’oiseaux. Mais ses sites sont isolés et le voyage est onéreux.

Les meilleurs sites pour le voir sont :
1 – Les Galapagos (Equateur) : On peut voir des fous à pieds rouges avec certitude sur deux îles des Galapagos. Ailleurs, ce n’est pas impossible (Seymour nord) mais il faudrait quand même un gros coup de chance.
Ces deux îles sont :

– Genovesa : avec près de 25 000 couples, on a ici la plus grande colonie du monde. On n’arrive à Genovesa uniquement dans le cadre d’une croisière de plusieurs jours et on circule sur l’île obligatoirement accompagné d’un guide. On verra de nombreux nids et des oiseaux de tous les âges le matin. L’après midi, le petit tour derrière la plage permet de revoir des fous dans un cadre plus vert et depuis la plage ont peut facilement photographier des oiseaux en vol. Le morphe brun domine mais on verra aussi des morphes clairs. Si le fou à pieds rouges est la vedette des lieux, on profite également de bien d’autres espèces : fou de Grant, phaéton à bec rouge, frégate du Pacifique au minimum.

– Punta Pitt : le nombre de fou à pied rouge est ici bien moindre et il faudra les chercher entre les fous de Grant et les fous à pieds bleus. Le site présente l’avantage d’être accessible dans une croisière d’un jour depuis Puerto Baquerizo Moreno, à l’autre extrémité de l’île de San Cristobal.

2 – Ile Christmas (Australie) : on dénombre ici de 8 à 12 000 couples, soit la 2e plus grande colonie du monde. Cette île est parfois appelée « les Galapagos de l’Océan Indien ». C’est là aussi une destination qui revient cher puisque il faut prendre un avion depuis Perth pour rejoindre l’île située 2 600 km au Nord-Ouest. Contrairement à Genovesa, le fou à pieds rouges n’est pas la première vedette. Les touristes y viennent d’abord pour la spectaculaire migration des crabes (fin octobre à début novembre) ou pour la plongée.

3 – Iles Cocos (Australie) : Souvent appelée îles Cocos Keeling, ces îles comptent 4 000 couples de fous à pieds rouges. Les conditions de visite sont les mêmes que pour l’île Christmas…

4 – Caraïbes : il y a 14 000 couples, mais dispersés sur de nombreuses îles. On peut signaler Little Caïman, la plus petite des îles Caïmans (Royaume-Uni). En Guadeloupe, le fou à pieds rouges est un nicheur rare mais c’est le fou le plus visible avec le fou brun. En République dominicaine, on peut en voir au Los Haites NP.

Photo 2 : Adulte de morphe clair
Le morphe clair présente néanmoins les primaires noires. Au repos, on le reconnaît facilement : les pattes rouges, le bec bleu et la face rose et bleue.



On notera que de façon exceptionnelle, un fou à pieds rouges s’égare en Europe. Par exemple, en France :
– 2 juillet 2011 : un fou à pieds rouges est resté 3 ou 4 jours sur le lac de Sainte-Croix (Alpes-de-Haute-Provence). Des passionnés ont traversé l’Europe pour le voir…
– 26 juin 2022 : un fou à pied rouge immature est observé sur la réserve des Sept îles lors d’un comptage des fous de Bassan.


Photo 3 : Adulte en vol
En vol, les pieds rouges sont presque invisibles. On perd donc le critère de détermination le plus efficace. Les individus de morphe clair peuvent devenir difficile à identifier lorsqu’ils volent loin de l’observateur.


QUAND ?
On peut l’observer toute l’année. Il n’y a généralement pas une période de nidification particulière.

Le fou à pieds rouges montre de nombreuses stratégies pour réussir sa reproduction. Le couple :
– choisit les années favorables
: les disponibilités alimentaires sont trop faibles lors des épisodes de El Nino (Hawaï, Galapagos).
– peut pratiquer une polyandrie coopérative : deux mâles peuvent assister une seule femelle (et parfois plusieurs années consécutives).
– n’a qu’un seul oeuf : il n’y a donc qu’un seul petit à couver (incubation : 45 jours) et surtout à nourrir.
– assiste très longtemps son jeune : le poussin reste 4 mois au nid (100 à 139 jours) et les parents s’occupent encore au moins deux mois du jeune après son envole.
L’ensemble de ces stratégies explique la réussite de la reproduction. Elle est de l’ordre de 95% sur les 6 premiers mois. La mortalité devient plus forte les mois suivants puisque environ 60% des jeunes atteignent l’âge de un an. La maturité sexuelle est obtenue entre 2 et 3 ans et l’espérance de vie atteint 23 ans.

Photo 4 : Juvénile
Contrairement à la plupart des fous, les fous à pieds rouges nidifient sur des arbustes. Ce jeune perd son duvet. On découvre le plumage brun. Les immatures de toutes les sous-espèces ont un plumage brun avec une zone plus claire sur le cou et l’abdomen. Les pieds sont encore bruns.

Photo 5 : Portrait en période nuptiale
Toutes les zones faciales de peau nue (bleues, roses) et le bec sont plus ternes en période inter-nuptiale.

COMMENT ?
La distance de fuite est très faible sur les sites de nidification (4 mètres ?). Elle devient un peu plus élevé quand un oiseau se pose sur un navire (10 mètres).
C’est donc à pied qu’on aura les meilleures conditions d’observation.
Les photographes devront souvent se montrer plus patient qu’avec les autres fous :
– ils sont parfois cachés derrière des branches.
– ils consacrent beaucoup de temps à nettoyer leurs plumes.

Sur le terrain, c’est difficile (mais pas impossible) de distinguer les sexes :
– les mâles sont plus petits que les femelles, mais de 15% seulement.
– les mâles lâchent un cri distinctif : un « Ka-kraaaaaahhh » grinçant.

On remarquera un cri plus sympathique émit par les adultes revenant au nid : un « rah-rah-rah-rah-rah-rah-rah » énergique.

Photo 6 : Sur un bateau
Les fous à pieds rouges se posent régulièrement sur les navires.
Ici, un adulte (à gauche) et 3 immatures (à droite) profitent momentanément du transport vers le Sud et de la vue sur leur lieu de naissance.





Photo 7 : Frégate superbe et fous à pieds rouges
Los Haites NP ; République dominicaine (février 2016).


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