Fou de Grant (Sula Granti)
DIFFICULTE : Assez facile
DISTANCE DE FUITE : 4 m et parfois moins.
EFFECTIFS : 50 000 ; la population est en baisse.

Le fou de Grant était considéré comme une sous-espèce du fou masqué jusqu’en 2002. C’est la dernière espèce de fou décrite (sur les 10 sulidae) et on lui donne deux noms :
– fou de Grant : c’est la traduction de son nom scientifique qui rend hommage à un ornithologue écossais.
– fou de Nasca : c’est le nom que vous entendrez en Amérique pour le désigner, en lien avec la plaque tectonique de Nasca qui correspond à peu près à son aire de répartition.

On peut relever 3 différences entre fou de Grant et fou masqué :
– le fou de Grant a le bec orange alors que celui du fou masqué est jaune.
– le fou de Grant est un peu plus gros que le fou masqué.
– le fou de Grant préfère nicher sur les reliefs alors que le fou de Grant reste dans des zones basses et plates.
Aux Galapagos, la question ne se pose pas. Le fou masqué est absent.

Photo 1 : Adulte devant des cactus
On notera la couleur orangée du bec en dégradé ; la présence de parasites sur le cou (très fréquente dans cette zone où la toilette est impossible) ; les pattes grises foncées bien loin des pieds rouges ou bleus des 2 autres espèces des Galapagos.
Genovesa ; Galapagos ; Equateur (février 2022).


Photo 2 : Couple de mouettes et couple de fou de Grant
Ce couple de fou de Grant est trop proche d’un nid de mouette à queue fourchue d’où les cris et les gesticulations de la femelle.
Genovesa ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

OU ?
Le fou de Grant a une aire de répartition qui correspond approximativement à la plaque tectonique de Nasca. Il est présent de la Basse Californie au Nord jusqu’au Nord-Ouest du Pérou (où il n’atteint pas la province de Nasca). La carte ci-contre est construite à partir des observateurs de inaturalist. La répartition réelle est probablement plus continue.

Les deux meilleurs zones pour le voir sont :
1 – les Galapagos (Equateur) : c’est la plus grande population de fou de Grant au monde avec près de 20 00 couples. Les oiseaux sont répartis sur les différentes îles et îlots. Sur place, il faut sélectionner les bons secteurs (voir ci-dessous). L’archipel des Galapagos est de très loin la meilleure destination pour l’observer.

2 -les îles Malpelo (Colombie) : souvent comparés aux Galapagos, il s’agit d’une île de 3.5 km2 entourée de 11 rochers. Ces îles, à un peu plus de 500 km de la côte colombienne ne sont accessibles que lors d’une croisière organisée. C’est d’abord un des meilleurs sites de plongée au monde. Les touristes viennent généralement en priorité pour les requins. On peut néanmoins y voir la 2e plus grande population de fou de Grant.

Les meilleurs sites pour le voir correctement aux Galapagos sont :
1 – Genovesa : vous y verrez fous à pieds rouges et fous de Grant en grande quantité. On est obligatoirement dans le cadre d’une croisière longue et encadrée.
2 – Punta Pitt : c’est un bon site et le seul qui permet d’observer les 3 espèces de fou. On est ici au minimum dans le cadre d’une mini crisière au départ de Puerto Baquerizo Moreno.
3 – Floreana et Espanola : Il faut les chercher sur la côte nord à Floreana et on est dans le cadre d’une croisière sur Espanola.

Lors de croisières à la journée, on pourra parfois en croiser sur des îlots :
– au large de San Cristobal : Leon Dormido.
– au large de Puerto Villamil : en allant à Los Tintoreras ou à Los Tuneles).
Dans ces cas là, vous serez sur un petit bateau largement malmenés par les vagues. Vous disposerez d’un temps bref qui conviendra peut-être au curieux qui veulent juste réaliser « une coche ». Les photographes ne pourront qu’être déçu entre les mouvements du navire, l’orientation non choisie, les fous qui font leur toilette avec la tête dans leurs plumes…

Aux alentour des grandes villes accessibles sans croisières, on aura l’occasion de voir des fous de Grant en vol, de loin, lors de leur recherche de nourriture.

QUAND ?
On peut voir des fous de Grant toute l’année.
Il n’y a pas une période de reproduction très marquée.
Aux Galapagos, l’essentiel de la reproduction s’étale d’octobre à juin.
La période varie en fait selon les îles :
-Genovesa (août à novembre) : mais les effectifs sont tellement important ici qu’on aura sans doute la chance de voir de gros poussins également les 3 mois suivants.
-Espanola (novembre à février).

Photo 3 : En vol
Le fou de Grant est le plus grand fou des Galapagos. Le long des littoraux, on le voit parfois en vol. C’est plus difficile de l’observer sur les sites de nidification.
Puerto Ergas ; Isabela ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

Photo 4 : Adulte dans le paysage rouge de Rabida
Rabida ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

COMMENT ?
On peut s’approcher d’un fou de très près. Il convient au minimum de garder la distance préconisée par le parc national des Galapagos pour toute la faune, à savoir 2 mètres. Dans la pratique, certains fous de Grant semblent inquiets à partir de 5 m.

Une fois la découverte terminée, on constate vite le temps consacré au repos et à la toilette. Il y a pourtant 3 types d’observations à faire :

1 – Le dimorphisme sexuel : le mâle est un peu plus petit que la femelle mais la différence est imperceptible sur le terrain. Seul les cris permettent de les séparer : des sifflement chez le mâle et des cancanements chez la femelle.

Photo 5 : Portrait
De près, on remarque la fréquente présence de parasites au niveau du cou.
Genovesa ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

2 – La parade nuptiale est moins spectaculaire que celle du fou à pieds bleus :
– le mâle pointe la tête vers le ciel pour attirer l’attention de la femelle.
-une femelle intéressée répond par le même geste et les partenaires se frappent le bec.
– le mâle offre un présent (cailloux ou bâton).
-l’accouplement est suivi de la confection d’un nid rudimentaire dans un petit territoire marqué par du guano.

Photo 6 : Profil
Remarquez l’orientation de l’oeil : vers l’avant pour avoir une vision binoculaire précise et légèrement orienté vers le bas pour scruter les océans à la recherche de bancs de poissons.
Genovesa ; Isabela ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

3 – Une reproduction de type K et le siblicide :
Le fou de Grant, comme le fou masqué, a une forte espérance de vie (20 à 25 ans ; longévité jusqu’à 30 ans) et un taux de reproduction très faible axé avec une forte chance de survie d’un jeune :
– il n’y a qu’un cycle de reproduction par an et seulement si les conditions alimentaires sont bonnes (généralement pas de reproduction lors des épisodes de El Nino).
– il y a généralement deux oeufs pondus mais le 2e est une assurance seulement car 1/3 des oeufs n’éclosent pas.
– le premier poussin naît en moyenne 5 jours avant son petit frère. Il prend les devant lors du nourrissage et les parents ne peuvent pas assurer l’alimentation de deux poussins. Après quelques jours, le plus petit poussin est éjecté du nid. Il meurt de faim ou dévoré par des prédateurs. Ce siblicide augmente les chances de réussite de la reproduction pour un jeune.

Photo 7 : Gros poussin
Les pieds bleus sont un gage de bonne santé. Les fous aiment lever leurs pattes pour les montrer. Puerto Baquerizo Moreno ; San Cristobal ; Galapagos ; Equateur (février 2022).