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Voir le fou à pieds bleus

Fou à pieds bleus (Sula nebouxii)
DIFFICULTE : Assez facile
DISTANCE DE FUITE : 2 m et moins.
EFFECTIFS : 12 000 ; la population est en baisse.

Depuis 2010, les fous (sulidae) sont classés dans l’ordre des suliformes aux côtés des frégates (fregatidae), des cormorans (phalacrocoracidae) et des anhingas (anhingidae).

La famille des sulidae compte 10 espèces regroupées en 3 genres :
– le genre Papasula (1 espèce) : c’est le fou d’Abbott, une espèce primitive très menacée, endémique de l’île Christmas, une île australienne au Sud de Java.
-le genre Morus (3 espèces) : le fou de Bassan, le fou du Cap et le fou austral sont morphologiquement très proches.
– le genre Sula (6 espèces) : parmi eux, le fou à pieds bleus, immédiatement reconnaissable à ses pattes.

Photo 1 : Mâle parmi les cactus
Je suis à moins de 2 mètres pour prendre cette photo avec un grand angle. Devant moi, l’oiseau alterne observation des alentours et toilettes. Incroyable !
Los Tuneles ; Isabela ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

Photo 2 : En vol
Rabida ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

OU ?
Le fou à pieds bleus est un oiseau marin du Pacifique américain. Il habite les îlots arides depuis le golfe du Mexique jusqu’au Nord du Pérou. Mais plus de 50% de la population niche sur les îles de l’archipel des Galapagos.

1 – Aux Galapagos, les ornithologues pourront en voir presque tous les jours à condition de regarder les oiseaux en vol ou de chercher un peu sur les zones rocheuses escarpées. Parmi les deux sous-espèces, celle des Galapagos, Sula nebouxii excisa est la plus claire.

En dehors des Galapagos, c’est plus difficile :
2 – îles Marietas (Mexique) : ces îles, au large de Puerto Vallarta sont surtout connus pour un cénote où les eaux du pacifique s’engouffrent au rythme des marées. Le nombre de visiteur est limité à 100 par jour. On peut essayer d’observer ici Sula nebouxii nebouxii, la sous-espèce la plus sombre.

Les meilleurs sites pour les voir sont des îlots en mer. Aux Galapagos, ils présentent donc l’inconvénient de ne pouvoir être réalisés qu’en croisière et accompagnés d’un guide :
1 – Seymour nord : des oiseaux nichent souvent tout près du petit sentier. On partage son temps d’observation entre frégates du pacifique, iguanes terrestres et fous à pieds bleus.

2 – Espanola : on a ici la même qualité d’observation mais l’île ne se visite que dans le cadre d’une croisière de plusieurs jours.

3 – On aura aussi de très bonnes chances d’en voir à Punta Pitt (San Cristobal), le seul site où on a de fortes chances de pouvoir observer les 3 espèces de fous des Galapagos. On peut aussi en voir, à Plaza Sur, au nord de Floreana, à Los Tuneles (Isabela) et, en vol, à Tagus Cove (Isabela) où la petite baie est un lieu de pêche très apprécié.

Pour ceux qui restent en dehors du cadre des croisières, Puerto Barquerizo Moreno est plus favorable que Puerto Ayora et Puerto Villamil. On y voit parfois des oiseaux sur le port.


Les sites de nidifications, et du coup, les sites favoris des fous à pieds bleus, sont liés à 3 facteurs :
– une falaise rocheuse ou un îlot isolé : il s’agit simplement d’être loin des prédateurs. La falaise devient facultative sur les îlots où les prédateurs sont absents.
– peu de végétation : les fous sont maladroits au sol (c’est de là qu’ils tirent leur nom). Ils préfèrent ne pas être gênés par la végétation pour leurs va et vient et pour leurs parades.
– beaucoup de poissons : les zones de nidification sont proches des zones de pêche pour alimenter les petits sans allonger les trajets.

QUAND ?
A l’échelle annuelle, il n’y a pas une meilleures saison pour l’observer. On peut en voir toute l’année.
Aux Galapagos, les naturalistes qui souhaitent observer la célèbre parade nuptiale doivent venir de juin à août. C’est le coeur de la saison de reproduction même si cette dernière varie en fonction des îles et des disponibilités alimentaires. Les poussins naissent à partir de juillet.

A l’échelle d’une journée, le moment de l’observation dépend de l’activité que l’on souhaite observer :
– la pêche : elle est réalisée le plus souvent tôt le matin et en soirée : ces horaires permettent probablement de limiter l’impact du cleptoparasitisme des frégates du Pacifique. Ces dernières pourchassent en effet les fous, les phaétons et d’autres oiseaux pour les contraindre à régurgiter leurs poissons.
– le repos : au coeur de la journée les fous à pieds bleu se reposent, se toilettent et paradent. La toilette est une activité importante qui ne facilite pas la tache des photographes.

Photo 3 : Juvénile en vol
Le haut de la poitrine encore brun montre qu’il s’agit d’une jeune. Les fous ont une belle envergure avec des ailes positionnées assez loin vers l’arrière du corps ce qui permet de les replier de façon plus hydrodynamique lors des plongeons.
Rabida ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

COMMENT ?
On peut s’approcher d’un fou d’incroyablement près. Il convient de garder la distance préconisée par le parc national pour toute la faune, à savoir 2 mètres. C’est déjà tellement près !
Une fois la découverte terminée, on constate vite le temps consacré au repos et à la toilette. Il y a pourtant 3 types d’observations à faire :

1 – Le dimorphisme sexuel : Faire la différence entre mâles, femelles et juvéniles n’est pas chose facile avec les fous à pieds bleus :
Le femelle est :
– un peu plus grande que le mâle.
– a une pupille plus grosse que le mâle.
– pousse des barrissements (le mâle lancent des sons plaintifs et des sifflements).
Le juvénile se reconnaît à :
– une tête et une poitrine plus brune.
– les yeux plus sombres.
Photo 4 : Juvénile (à gauche) et femelle adulte
Los Tintoreas ; Puerto Villamil ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

2- La reproduction suit un rituel remarquable :
On a beaucoup plus de chance de l’observer en été (juin à août) mais les mâles ont tendance à exhiber leur pattes toute l’année :
1 : le mâle fait un tour de son territoire.
2 : il réalise un atterrissage tonitruant en exhibant ses belles pattes bleues.
3 : il danse en relevant alternativement patte droite et patte gauche pour bien montrer ses pieds à la femelle. Un beau bleu est gage de bonne santé avec une alimentation riche en sardine.
4 : il offre un petit caillou à la femelle.
5 : les deux partenaires font une parade en vis à vis: face à face, ils lèvent le bec au ciel et montrent le dessus de leurs ailes.
6 : ils échangent des sons : le mâle siffle et la femelle répond en grognant.
7 : ils s’accouplent.

Les 2 ou 3 oeufs sont pondus dans une dépression du sol. Mâles et femelles se relaient pour couver. Ne possédant pas de plaque incubatrice, les fous couvent à l’aide de leurs pieds très irrigués (39°C). Les poussins restent au chaud avec un sol chauffant et un toit de plumes.

Photo 5 : Femelle adulte
Les pieds bleus sont un gage de bonne santé. Les fous aiment lever leurs pattes pour les montrer. Puerto Baquerizo Moreno ; San Cristobal ; Galapagos ; Equateur (février 2022).



Photo 6 : Adulte dans un paysage desséché
Seymour Nord ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

3 – La chasse est un autre moment spectaculaire intéressant :

– 1 : la recherche de bancs de poissons : le fou à pieds bleu vole en hauteur, à plus de 25 m, la tête baissée pour profiter de sa bonne vision binoculaire. Il alterne battement d’aile et glissade. Il chasse parfois en groupe et dans ce cas, la vue des proies est signalée par un sifflement.

– 2 : le plongeon : les fous plongent à toute vitesse sur 25 m en moyenne. Au dernier moment, ils replient leurs ailes. En groupe, l’animal qui pique le premier est suivi par toute l’escadrille qui s’attaque alors au même banc de poissons. Ils s’agit surtout de sardines, d’anchois ou de maquereaux. Les chasseurs solitaires consomment aussi des poissons volants, des calmars…
Le fou à pieds bleus est le seul fou à chasser parfois en nageant depuis la surface.


Photo 7 : Plongeons
Les fous chassent parfois en solitaire, parfois par tout petit groupe et parfois en escadrille d’une 20e d’individus. La vitesse est impressionnante.
Tagus Cove ; Isabela ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

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