
Tortues géantes des Galapagos (Chelonoidis sp)
DIFFICULTE : Facile
DISTANCE DE FUITE : 0 m mais certains individus rentrent la tête et les pattes quand on approche à moins de 5 m.
EFFECTIFS : très variable selon les 12 espèces restantes (2 sont éteintes).
Les scientifiques considèrent aujourd’hui que la tortue des Galapagos (Chelonoidis niger) correspond en fait à un complexe de 15 espèces : 3 éteintes, 1 dont il ne reste qu’un spécimen connu en 2019 (C. phantasticus de Fernandina) et 11 qui se portent de mieux en mieux, certaines avec un énorme travail de conservation dans le cadre de programmes pour le parc national des Galapagos.
Les naturalistes amateurs peuvent facilement déterminer l’espèce à partir de la carte de répartition ci-dessous. Sur le terrain, on parvient seulement à distinguer de grosses différences de taille entre les espèces (135 cm > 85 cm) et de belles différences de la forme des carapaces (bombées, plates, en forme de scelle).
Photo 1 et 2 : Mâle de la tortue géante d’Alcedo (C. vandenburghi)
Urbina Bay ; Isabela ; Galapagos ; Equateur (février 2022).

Le nombre d’espèces de tortues géantes des Galapagos s’explique par les multiples isolements génétiques générées par l’histoire géologique des Galapagos. Chaque volcan a pu constituer une île isolée et on a autant d’espèces qu’il y a de volcans.
Les tortues géantes sont devenues des espèces emblématiques de la protection de la biodiversité. La mort de Lonesome George en 2012 (dernier spécimen de l’espèce C. abingdonii) malgré tous les efforts du parc naturel des Galapagos (créé en 1959) a rappelé la responsabilité (ou l’irresponsabilité) des hommes.
Depuis, les tortues géantes sont très étudiées et les découvertes chocs se multiplient :
– 2019 : une femelle de tortue géante de Fernandina (C. phantasticus), espèce que l’on croyait éteinte depuis 1906 est découverte. Des expéditions sont lancées à la recherche d’un mâle.
– 2022 : les études génétiques sur les tortues du Nord de San Cristobal montrent qu’elles ne correspondent pas au taxon de référence issu d’une carapace trouvée dans le Sud. C. chathamensis est donc une espèce éteinte et la tortue du Nord de San Cristobal ne porte pas encore de nom en 2022.


OU ?
Vous voulez voir les plus grosses tortues terrestres du monde ? Bon ! et bien, il faut se rendre aux Seychelles pour voir Aldabrachelys gigantea, la tortue géante des Seychelles. Elle devance les tortues des Galapagos surtout sur la balance car sa taille est très proche des plus grosses espèces des Galapagos.
Vous voulez voir la plus grosse tortue géante des Galapagos ? Bon ! et bien, La tortue géante de Floreana (C. niger) a été exterminée vers 1850. A la station de recherche Darwin, il y a des spécimens captifs partageant 80% de son génome. La plus grosse espèce encore vivante est la tortue géante du volcan Darwin (C. microphyes). Mais, le visiteur a seulement une chance sur cinq de l’observer en débarquant à Tagus Cove…
Au total, on a 3 espèces éteintes, 6 espèces inaccessibles aux touristes (à voir uniquement dans le cadre d’expéditions scientifiques) et 6 espèces plus ou moins accessibles.
Photo 3 à 6 : Tortue géante de l’Ouest de Santa Cruz (C. porteri)
Reserva El Chato ; Santa Cruz ; Equateur (février 2022).

OU ?
Les sites présentés ci-dessous sont classés en fonction des chances de voir les tortues à l’état sauvage :
1 – les propriétés privées de El Chato, El Manzanillo et Primicias (Santa Cruz ) : 100% de chances d’observation. C’est ici que se rendent la majorité des visiteurs. La taille des tortues correspond à la moyenne de celle des espèces des Galapagos (mâles : 115 cm). Les tortues passent librement sous les barbelées. Si vous ne souhaitez pas profiter du cadre aménagé (et payant) de ses propriétés, vous pouvez aussi facilement voir cette espèce le long de la route au Nord de Puerto Ayora et aux alentours des ranchs privés.
2 – Galapaguera Natural (San Cristobal) : 100% de chance d’observation, mais pour voir la plus petite espèce des Galapagos (mâles : 98.3 cm). Il faut faire un long trajet en bateau et une marche de 3 heures aller-retour.
3 – Muro de las Lagrimas (Isabela) : 80% de chance d’observation en se promenant entre Puerto Villamil et le Muro de las Lagrimas. Les tortues sont massives (mâles : 120.5 cm) et on en profite en toute autonomie dans un cadre sauvage.
4 – Cerro Mesa (Santa Cruz) : 80% de chances d’observation C. donfaustoi, espèce à la carapace très bombée, dont la taille est très proche de sa voisine de Santa Cruz : C. porteri.

5 – Urbina Bay (Isabela) : 60% de chances d’observation pour cette espèce énorme (mâle : 129 cm). C’est ici que j’ai vu les plus grosses tortues en liberté (photo 1 et 2). L’inconvénient, outre les chances d’observation, c’est qu’on est obligé de venir dans le cadre d’une croisière, d’être accompagné par un guide et de ne pas rester sur le site aussi longtemps qu’on le souhaiterait. Les chances d’observer cette espèce sont faibles entre juin et décembre car elles migrent vers l’intérieur de la caldeira du volcan Alcedo afin de profiter de la végétation après la saison des pluies.
6 – Tagus Cove : 20% de chances d’observation pour voir la plus grosse espèce de tortue géante encore vivante (mâles: 135 cm). Les touristes débarquent ici seulement dans le cadre d’une croisière et surtout pour la vue sur le lac Darwin. On a plus de chance de la voir à haute altitude.
Lors des fortes chaleurs, les tortues apprécient la baignade. Aussi, les réserves privées aménagent des plans d’eau pour polariser les animaux.


Les différents centres de reproduction sont aussi de petits zoos maintenant payants :
A – Galapaguera Cerro Colorado (San Cristobal) : les tortues sont en semi-liberté mais on y voit que la plus petite espèce des Galapagos.
B – Centro de Crianza de Tortugas (Puerto Villamil) : c’est un mini-zoo avec quelques informations. A éviter si vous avez l’occasion de voir des tortues ailleurs.
C – Station de recherche C. Darwin (Santa Cruz) : c’est un mini-zoo avec beaucoup d’informations sur toute la faune des Galapagos et avec une salle spéciale qui conserve Lonesome Gorge empaillé. A voir, si on se range dans la catégorie « tourisme culturel ».
On peut chercher des tortues géantes dans tous les types d’habitats aux Galapagos. On est surpris d’en trouver dans des zones de broussailles difficilement pénétrables. On voit quelques spécimens qui semblent bloqués par un arbre, un rocher…
Pour les chercher de façon raisonnée, il faut s’orienter vers les zones où la végétation est encore verte. Lors des grandes chaleurs, elles sont souvent près des points d’eau. Certains individus peuvent rester deux jours dans la même mare pour profiter de la température.
QUAND?
Les tortues des Galapagos peuvent être observées toute l’année bien que les migrations saisonnières (parfois sur 13 km) modifient les densités.
Il faut distinguer 2 périodes :
– janvier à mai : c’est la meilleure période. C’est le début de la période principale de reproduction (janvier à août). Les tortues sont plutôt à basse altitude. C’est aussi la principale période d’émergence des jeunes (décembre à avril).
– juin à décembre : c’est moins favorable. Les femelles vont pondre dans des secteurs secs et sableux de 2 à 16 oeufs de la taille de balles de tennis. On risque de déranger. A la même période, sur les îles montagneuses, des mâles migrent en altitude pour profiter d’une végétation plus verte. Ils s’éloignent des zones accessibles aux touristes.
Photo 7 : Mâle s’alimentant
Station C. Darwin ; Santa Cruz ; Galapagos ; Equateur (février 2022).


Photo 8 : C. porteri adolescent
Cet adolescent de moins de 40 ans se promène dans une zone de broussailles denses à proximité du chemin aménagé allant de Puerto Ayora à Bahia Tortuga.
Puerto Ayora ; Santa Cruz ; Galapagos ; Equateur (février 2022).
Photo 9 : C. chathamensis
Remarquez la forme de selle de la carapace caractéristique des espèces qui vivent sur des îles sèches moins favorables. La tortue peut aller chercher des aliments plus en hauteur.
COMMENT ?
Les consignes officielles sont de respecter une distance de 2 mètres avec tous les animaux aux Galapagos. Avec les tortues totalement sauvages, cette distance reste insuffisante. La tortue dérangée s’immobilise, rentre la tête et les pattes. C’est particulièrement net chez les plus petits individus. Une distance de 5 m est plus adaptée et en absence de gestes brusques, la tortue reprend vite son activité.
Dans les réserves ou les mini-zoo, les tortues peuvent venir manger les feuilles qu’on leur présente. Attention, elles sont moins lentes qu’on ne l’imagine et la mâchoire est très puissante. L’herbe verte est l’alimentation principale mais elles peuvent se nourrir de fruits, de cactus, de lichens.

Les observateurs pourront observer le dimorphisme sexuel :
– les mâles sont nettement plus gros (c’est le contraire chez les tortues marines).
– les mâles ont la carapace ventrale en creux pour pouvoir s’accoupler.
– les mâles ont une queue plus longue que les femelles (c’est également le cas chez les tortues marines).
Photo 10 : Juvénile en élevage
Ce juvénile de tortue géante de Floreana fait partie d’un élevage dans la station de recherche Charles Darwin. Les jeunes sont marqués selon leur espèce et leur âge.
Station C. Darwin ; Puerto Ayora ; Santa Cruz ; Galapagos ; Equateur (février 2022).
Si vous aimez les animaux sauvages et la liberté, je vous conseille de chercher des tortues en autonomie juste au nord de Puerto Ayora (Santa Cruz) ou à l’ouest de Puerto Villamil (Isabela).

Les autres options risquent de vous laisser un sentiment paradoxal très amer, accompagné de questions philosophiques :
– temps court / temps long : le temps court, c’est votre temps d’observation dans le cadre d’une croisière. Le temps long, c’est celui de la lente tortue dont la longévité peut atteindre 175 ans.
– intelligent / con : intelligent, c’est ce qu’on veut devenir quand on visite le centre de recherche Charles Darwin. Mais « con » est le sentiment qui reste quand on sait que l’homme est à l’origine des disparitions.
Photo 10 : C. guntheri mâle
Remarquer la carapace plate caractéristique chez les mâles de cette espèce.
Puerto Villamil ; Santa Cruz ; Galapagos ; Equateur (février 2022).
Magnifiques!
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Magifiques tes tortues !
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