comment 0

Voir l’otarie à fourrure des Galapagos

Otarie à fourrure des Galapagos (Arctocephalus galapagoensis)
DIFFICULTE : Assez facile à condition de choisir une destination de croisière adaptée. Impossible en autonomie.

DISTANCE DE FUITE : 2 mètres.
Souvent cachée sous d’anciennes coulées de lave ou à l’ombre d’une falaise rocheuse, on l’observe généralement à 5 ou 6 mètres de distance.

EFFECTIF : 20 000 environ.

La famille des otaries compte 15 espèces dont 8 appartenant au genre Arctocephalus, les otaries à fourrure. Artcocephalus signifie « qui a une tête d’ours » de « arktos » (ours) et « kephale » (tête). Les espèces de ce genre sont très difficiles à séparer et c’est la localisation géographique qui permet aux amateurs de s’y retrouver.
Le touriste qui débarque aux Galapagos verra d’abord l’autre espèce endémique, l’otarie des Galapagos aussi appelée lion de mer. En premier lieu, il faut donc être capable de distinguer les deux espèces.

Photo 1: Femelle curieuse
Remarquez ici la longue fourrure et les grands yeux qui permettent de déterminer l’espèce aux Galapagos.
Genovesa ; Galapagos; Equateur (27.02.2022).

Photo 2 : Toilette
Cet animal n’est pas encore à l’ombre car il vient de sortir de l’eau. L’oeil côté Soleil est fermé. On remarquera les grandes nageoires, caractéristiques du genre.
Puerto Ergas ; Santiago ; Galapagos; Equateur (25.02.2022).

Le tableau ci-contre permet de comparer les deux espèces.
Sur le terrain, d’autres éléments aident à la détermination :
– la taille : une otarie de plus de 1.60 m n’est pas une otarie à fourrure des Galapagos. Comme les animaux vivent par groupes et ne se mélangent pas, il est utile de chercher le plus grand du groupe.
-l’aspect général : l’otarie à fourrure est plus compact avec un cou moins marqué, un corps moins allongé…
– la localisation : les otaries à fourrures craignent la chaleur et la lumière. Elles sont souvent à l’ombre.
– le pelage mouillé : les animaux qui sont sortis de l’eau récemment et dont la fourrure sèche sont les plus faciles à déterminer. On voit nettement l’importance de leur fourrure.

La plupart du temps, le guide qui encadre votre groupe (obligatoire dans les secteurs des Galapagos où l’otarie à fourrure est présente) saura vous dire de quelle espèce il s’agit.

OU ?
L’otarie à fourrure des Galapagos est endémique des Galapagos et les colonies sont concentrées dans les zones où les eaux sont les plus froides, c’est à dire dans la moitié nord-ouest de l’archipel. Elles peuvent aller se nourrir jusqu’à 70 km de leur colonie.

Il est impossible de la voir autour des 3 zones urbaines où on peut circuler en autonomie. En théorie, la colonie la plus proche est sur l’île de Rabida. Mais la petite marche prévue sur cette île ne permet que d’apprécier la plage, la lagune et le panorama depuis les hauteurs.

Les meilleurs sites pour observer cette espèce sont :
1- Puerto Ergas (île de Santiago) : on débarque ici d’abord pour voir cette espèce. J’ai pu en voir une 10e lors de mon passage.

2- Baie de Darwin (île de Genovesa) : il y en a quelques unes sur les rochers de la petite baie de Darwin. On vient d’abord sur cette île pour les oiseaux (fous à pieds rouges en premier lieu) et il peut être nécessaire de demander à votre guide de longer un peu les falaises si vous tenez à voir l’otarie à fourrure.

Aucune croisière ne permet de se rendre au nord-est d’Isabela (Le Lonely Planet comporte énormément d’erreurs au sujet de cette île) où la densité de colonies d’otaries à fourrure des Galapagos est la plus forte.

L’otarie à fourrure des Galapagos est une espèce nocturne. Sa fourrure la protège du froid dans l’eau lors de ses chasses. En journée, lorsqu’elles se reposent, elles cherchent à se protéger du Soleil brûlant de l’Equateur.

Il faut donc la chercher dans les rares micro sites à l’ombre :
– les voûtes formées par les coulées de lave.
– les gros blocs rocheux.
– les falaises verticales.
Dans l’eau, il faut regarder dans les petites piscines encaissées où les adultes viennent se refroidir. Les mères apprennent à leur petit à thermoréguler en nageant dans ces bassins.
Il est très rare de pouvoir nager avec cette espèce bien que la chasse se concentre près du rivage et à des profondeurs comprises entre 10 et 50 m.

Photo 3 : Dodo
C’est la scène la plus caractéristique : un animal qui dort à l’entrée d’une cavité formée par une ancienne coulée de lave. Difficile de voir des otaries à fourrure des Galapagos avec les yeux ouverts.

Puerto Ergas ; Santiago ; Galapagos; Equateur (25.02.2022).

Photo 4 : A l’ombre d’une falaise
Cet animal relève la tête, dérangé par le panga rempli de 8 touristes.

Genovesa ; Galapagos; Equateur (27.02.2022).

Photo 5 : Gueule ouverte
Les dents sont bien pointues pour saisir les proies, essentiellement des poissons, des calmars et des crustacés.

Genovesa ; Galapagos; Equateur (27.02.2022).

QUAND ?
On peut voir cette espèce, assez fidèle a ses sites de repos diurne, toute l’année.
On peut distinguer 2 périodes :

– 1 : la période de calme (décembre à juillet) : les otaries à fourrure des Galapagos dorment, se toilettent. Il faut un peu de patience pour les voir les yeux ouverts. Au coeur de cette période (février à juin), la chaleur est plus forte. Les otaries se rafraîchissent dans les piscines. C’est le meilleur moment pour le snorkeling et la plongée mais on aura presque aucune chance de voir cette espèce en nageant.

– 2 : la période de reproduction (août à novembre) : les mâles dominants surveillent un territoire sur l’eau et dans l’eau. Ils renoncent même à se nourrir pour se consacrer à cette tache. Les femelles s’occupent de leur petit. Le mois d’octobre est le plus favorable pour voir des bébés.


L’otarie à fourrure des Galapagos ne passe que 30% de son temps dans l’eau mais ce pourcentage varie selon l’éclairage nocturne : les nuits de pleine Lune sont peu favorables car une partie des proies ne remontent à la surface qu’avec l’obscurité. Les otaries chassent donc 5 à 7 fois plus longtemps lors des nuits sans Lune… On comprend l’importance des grands yeux…

Photo 6 : Dans l’eau
Trois otaries à fourrures des Galapagos s’amusent dans un tout petit bassin ouvert sur l’océan. Elles ignorent les touristes.

Puerto Ergas ; Santiago ; Galapagos; Equateur (25.02.2022).

COMMENT ?
Cette espèce possède de nombreux caractères intéressants :
– c’est la plus petite espèce d’otarie : mâle (1.45 m ; 65 kg) ; femelle (1.2 m ; 30 kg).
– c’est l’otarie qui a le moins de dimorphisme sexuel : les mâles ne mesurent « que » 1.3 fois plus que les femelles et ne pèsent « que » 2.3 fois plus lourd.
– c’est le pinnipède dont le taux de reproduction est le plus faible : les petits ne sont sevrés qu’après 2 ans d’où une reproduction seulement tous les 2 ou 3 ans. Les effectifs ont donc bien du mal à remonter après les chasses pour la fourrure (XIXe) et les impacts du El Nino (en 1982, aucun bébé et aucun mâle reproducteur n’a survécu ; 30% du reste des effectifs est mort de faim).
– c’est la seule des 8 espèces d’otarie à fourrure à vivre dans la zone intertropicale : c’est la richesse des eaux de l’archipel qui explique cette particularité. La présence du manchot des Galapagos sous l’Equateur est lié à la même logique.

Photo 7 : Portrait
Cette femelle ouvre un oeil une seconde puis le referme une minute…
Puerto Ergas ; Santiago ; Galapagos; Equateur (25.02.2022).

L’épaisse fourrure pose problème lors des grosses chaleurs. Aussi, l’otarie des Galapagos s’est adaptée pour améliorer sa thermorégulation :
– elle dort à l’ombre et se baigne souvent.
– elle transpire (contrairement aux lions de mer) et peut évacuer une partie de la chaleur par ses longues nageoires.
– elle est moins grasse que les autres espèces du genre.

Mais, si cette espèce est intéressante sur le papier, elle n’offre pas des conditions d’observation très satisfaisantes :

– on est forcément avec un guide, avec un groupe, avec une contrainte de temps (30 minutes ?).
– on observe une espèce nocturne, qui fuit le Soleil, et donc un animal qui se réfugie à l’ombre et que l’on va surtout voir dormir.
Retournons nager avec les lions de mer…

Photo 8 : Chercher l’ombre
Cette otarie, la même que celle de la photo 2, se déplace fréquemment. Elle est en train de sécher. Il s’agit de trouver une couchette à l’ombre.

Puerto Ergas ; Santiago ; Galapagos; Equateur (25.02.2022).


Laisser un commentaire