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Voir le phacochère commun

Phacochère commun (Phacochoerus africanus)
DIFFICULTE: Très facile
DISTANCE DE FUITE: 25 mètres dans les parcs nationaux. Extrêmement variable en réalité. Localement, près des villages où il n’est pas chassé, on peut approcher à pied à 6 ou 7 mètres.

La famille des suidés compte 5 genres dont celui des phacochères: Phacochoerus. Ce nom signifie « cochon verruqueux » (choerus, « cochon » ; phaco, « verruqueux »). Le phacochère commun est le suidé le plus facile à observer.

Sur la base des études génétiques réalisées depuis le début des années 2000, le genre a été scindé en deux espèces :
– le phacochère commun (Phacochoerus africanus) : répandu dans une grande partie de l’Afrique.
– le phacochère du désert (Phacochoerus aethiopicus) : localisé en Ethiopie, en Somalie et au Nord du Kenya, mais encore très mal connu. Cette espèce est aussi appelée phacochère de Somalie.

Les traits distinctifs entre ces espèces sont réduits :
– le phacochère commun est légèrement plus grand.
– le phacochère commun a toutes ses incisives fonctionnelles.
– le phacochère commun supporte moins les zones arides.
Au total, dans les 3 pays de la corne de l’Afrique, il est possible que les deux espèces coexistent. Les amateurs ne pourront pas les séparer.

Photo 1 : Portrait de vieux mâle :
Hluhluwe-Imfolozi NP; Afrique du Sud (août 2014).

En milieu de journée, ce gros mâle vient se désaltérer avant de se rafraîchir dans la boue. On voit très bien ici l’arsenal de défense, avec de bas en haut : les canines ; les défenses ; les excroissances spécifiques des mâles ; les excroissances derrières les yeux, énormes chez ce spécimen.

Le phacochère commun peut courir à 50 km/h. C’est assez remarquable quand on observe la taille des pattes de l’animal. Néanmoins, cette vitesse reste bien inférieure à celle des zèbres, gnous, cobes, qui atteignent ou dépassent les 65 km/h. Le phacochère se défend avec d’autres moyens :

– un terrier : les phacochères utilisent les terriers creusés par d’autres espèces (oryctérope, pangolin). Au danger, ils se précipitent dans le refuge le plus proche. Les adultes y entrent en reculant, près à se défendre si un prédateur tente une entrée.

– des canines : ils portent 2 paires de canines à croissance continue :
-sur la mâchoire supérieure : ces canines sont devenues des défenses. Elles remontent et peuvent atteindre 60 cm chez les plus vieux individus. Sur le terrain, on en voit rarement de plus de 40 cm.
-sur la mâchoire inférieure : ces canines poussent latéralement et dépassent de la gueule chez les adultes. Elles remontent même chez les vieux individus. L’ensemble permet à un animal acculé de faire face. Des phacochères ont ainsi pu repousser lions, léopards.

– des excroissances calleuses : les côtés latéraux du crâne du phacochère sont agrémentés d’os spéciaux qui améliorent la résistance de l’ossature du museau. Ces excroissances participent au dimorphisme sexuel :
-les femelles n’ont que les excroissances à hauteur des yeux et elles sont de taille modeste.
-les mâles ont deux paires d’excroissance osseuse, une au niveau des yeux et une au dessus des défenses.

Photo 2 : Jeune mâle après s’être désaltéré
Daan Viljoen Game Park; Namibie (août 2013).

Il ne fait pas chaud en altitude pendant l’hiver austral. Ce phacochère s’est donc contenté de tremper son museau pour boire.

Finalement, les phacochères adultes, et en particulier les mâles, ne sont pas des proies si faciles. Par contre les jeunes ont beaucoup de prédateurs. Sur les 2 à 6 petits par portée, la moitié ne survivent pas plus d’un an.


Photo 3 : Adulte
Le phacochère est plus grand qu’on l’imagine (110 à 130 cm) et les mâles on un poids qui peut approcher les 100 kg (60 à 100 kg). Lac manyara NP ; Tanzanie (août 2023)
.

Photo 4 : Deux mâles en savane
Etosha NP; Namibie (août 2013).
Les phacochères passent beaucoup de temps à brouter. Lorsque le véhicule s’immobilise, ils s’arrêtent pour observer un instant, puis quittent les lieux en trottant, la queue relevée.

OU?
Les deux phacochères sont strictement africains.
La répartition du phacochère commun correspond à celle des savanes.

Les données naturalistes concernant cette espèce sont les plus fortes au Bénin, puis en Afrique du Sud, au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda, en Namibie et au Botswana.

Photo 4 : Vieux mâle
Queen Elizabeth NP; Ouganda (juillet 2021).
Ce vieux mâle a de belles défenses et surtout, les canines inférieures terriblement longues.

On retiendra que le phacochère :
– est très difficile a observer dans les zones non protégées en raison de la pression de la chasse.
– présente des densités plus fortes dans les zones protégées mais avec peu de prédateurs (donc autour de zones habitées sans chasse et dans les parcs récents ou de superficie modeste.

Les meilleurs sites pour le voir sont :
– 1 : Pendjari NP (Bénin) : c’est un des meilleurs endroits pour l’observer. Les densités de phacochères y ont été bien étudiées.
– 2 : Lac Mburo NP (Ouganda) : les prédateurs sont peut nombreux dans ce parc et du coup, les phacochères abondent. Au Queen Elizabeth NP, on peut voir des phacochères dans les campements, à pied et à quelques mètres de nous, en particulier dans celui de la péninsule Mweya (à l’Ouest de Kazinga Chanel).
– 3 : Khama Rhino Camp (Botswana) : cette réserve pour le sauvetage des rhinocéros blancs a très peu de prédateurs et beaucoup de phacochères. Elle est plus favorable que Chobe NP.
– 4 : Hluhluwe-Imfolosi NP (Afrique du Sud) : pour les phacochères, ce parc est mieux que le Kruger.
– 5 : Daan Viljoen Game Park (Namibie) : dans cette zone, on peut les observer à pied et on en voit davantage qu’à Etosha NP.
– 6 : Djoud NP (Sénégal) : pour ceux qui aime les phacochères et les oiseaux.

Photo 5 : Famille
Rhino Camp; Botswana (août 2014).

Les phacochères sont grégaires. Les femelles sont toujours accompagnées de leur progéniture. Les mâles peuvent être solitaires ou par petit groupe. Quand deux groupes se rencontrent, les relations sont pacifiques.

Son habitat est la savane et la savane arborée. C’est un animal sensible aux écarts de température et ses rares poils ne le protègent ni du froid, ni du Soleil. Pour cette raison, le phacochère apprécie fortement :
– les points d’eau et la boue.
– les fourrés qui fournissent cachettes et ombre.
– les terriers qui le protègent du froid pendant les nuits.

Photo 6 : Jeune mâle blessé
Kruger NP ; Afrique du Sud (juillet 2015).

La plaie, sur le flanc de ce phacochère, est inspectée par des piqueboeufs à bec rouge (Buphagus erythrorhynchus), un adulte sur le corps et un jeune sur la patte.

Photo 7 : Femelle surveillant son petit
Campement de la péninsule Mweya ; Kazinga Chanel; Queen Elizabeth NP (juillet 2021).

C’est le soir. On peut observer cet animal à pied à quelques mètres de distance. Les petits vont s’approcher pour la tétée.

Photo 8 : Dans les marécages
Parc national du Djoud; Sénégal (02.01.2004).

Les phacochères fuient la queue dressée.




QUAND ?
On peut le voir toute l’année.
Même si personne n’organise son voyage en fonction du cycle de vie du phacochère, c’est intéressant de le connaître pour comprendre ce que l’on observe :

– les 4 premiers mois de la saison sèche : c’est un bon moment pour observer tous les phacochères même si les herbes sont encore hautes et qu’on ne verra que très rarement des petits.

– les derniers mois de la saison sèche : c’est le meilleur moment pour voir les mâles, polarisés par les points d’eau. Mais, 4 ou 5 mois après la fin de la saison des pluies, c’est le pic des naissances et les 2 à 6 petits restent dans le terrier pendant 1.5 mois, souvent avec leur mère. A l’extrême fin de la saison sèche, dans les pays où elle est longue, on a la chance de voir ressortir tout ce petit monde.

la saison des pluies : les phacochères l’apprécient mais ils sont plus dispersés et moins faciles à voir.

Contrairement aux autres suidés, c’est une espèce diurne particulièrement active en dehors des heures chaudes.


COMMENT ?
Le phacochère s’adapte et apprend vite en fonction du contexte. L’observateur doit faire de même. A pied autour des villages où il n’est pas chassé ; en voiture dans les parcs nationaux… et parfois il se laisse approché et nous ignore tant qu’on roule, mais détale au petit trot quand on s’arrête.


Photo 9 : Jeune mâle
Addo Elephant NP ; Afrique du Sud (Novembre 2015)
En cette saison, la pousse de la végétation et la floraison ne favorise pas l’observation des mammifères.

Photo 10 : Phacochères et hylochères
Kazinga chanel; Ouganda (juillet 2021).

Le phacochère mâle (en arrière plan) est plus petit, moins noir et moins poilu que les hylochères (voir aussi l’article hylochère). Sur le terrain, on les voit rarement ensemble. Hylochères et potamochères sont plutôt nocturnes et très difficiles à observer. La carte de répartition de cet article présente aussi la répartition de l’hylochère.

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