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Roussette d’Egypte

Roussette d’Egypte (Rousettus aegyptiacus)
DIFFICULTE : Moyennement facile.
DISTANCE DE FUITE : 10 mètres.

La roussette d’Egypte est une petite roussette très commune : 15 cm de longueur ; 60 cm d’envergure ; 160 grammes.

Elle présente 3 caractéristiques passionnantes :
– sa technique d’écholocalisation : cette roussette s’oriente d’abord à vue, mais elle utilise aussi l’écholocalisation en émettant des paires de clics grâce à des coups de langue à droite puis à gauche (0.3 à 0.6 ms ; entre 70 et 12 kHz).

– sa communication individualisée : des études pointus associant enregistrements audios (de l’incroyable éventail de sons utilisés) et d’enregistrements vidéos, ont permis de montrer que cette roussette émet des sons légèrement différents selon les interlocuteurs. Il n’y avait guère que chez des primates et des dauphins qu’on connaissait ce niveau de précision de la communication.

– son hyper-vigilance antiviral : cette chauves-souris résiste à des virus en maintenant une infection virale à bas bruit. On parle de « voie d’interféron perpétuellement activée ». La roussette d’Egypte a été identifiée comme un réservoir naturel du virus de Marburg en 2007.


OU ?
La roussette d’Egypte est présente sur 2 continents :
– en Afrique : elle occupe tout le sud du Sahara et la vallée du Nil. C’est sur ce continent qu’on aura le plus d’opportunités pour la voir.

– en Asie : elle occupe essentiellement les littoraux du sud de la Turquie et du Proche Orient et s’étend ensuite jusqu’au Nord-Est de l’Inde.

En Europe, bien que présente à Chypre, elle ne fait que quelques incursions sur le littoral probablement en lien avec le développement des vergers.

Les pays où elle est le plus noté par les observateurs sont : le Kenya devant Israël, puis le Zimbabwe et l’Egypte… puis le Cameroun et l’Ouganda.



Photo 1 à 3 : Roussette d’Egypte
Forêt de Maramagambo ; Queen Elizabeth NP ; Ouganda (25.07.2021).
La totalité de la voute est couverte de roussette d’Egypte. Les roussettes sont bruillantes et dynamique même sur le site de repos.

La roussette d’Egypte est généralement sédentaire.
Son habitat est dépendant de deux éléments :
– les fruits : la roussette d’Egypte consomme en moyenne son propre poids en fruit chaque nuit. Elle habite donc prioritairement les forêts tropicales, mais elle est aussi présente dans toutes les zones agricoles méditerranéennes, les oasis, les parcs des grandes villes et les jardins. Elle consomme surtout les fruits trop mûrs et abîmés. Elle n’impacte donc qu’assez peu les arboriculteurs. Les caroubiers et le mélia (Melia azedarach) sont des arbres fruitiers particulièrement appréciés.

– les grottes : la roussette d’Egypte se réfugie dans des grottes à grand volume. Elle occupe les parties les plus hautes. On la trouve aussi occasionnellement dans des bâtiments. Pendant les saisons chaudes, des individus abandonnent les grottes pour s’établir dans de grands arbres, même en ville. C’est parfois le cas au Caire.

Entre le gite (la grotte) et le site d’alimentation (les fruits), il y a au maximum 24 km. La roussette d’Egypte les parcourt de nuit souvent à 200 m au dessus du sol et à environ 45 km/heure. Autant dire que ce n’est pas le transit qui se prête à l’observation.


Finalement, pour bien voir une roussette d’Egypte, il faut connaître un site de repos diurne utilisé à l’échelle de l’année. C’est le cas de toutes les grandes grottes d’Afrique centrale, par exemple la grotte de Kitum au Kenya.

La grotte du lac bleu, sur le Nyamasingiri trail (2.5 km), dans la forêt de Maramagambo (Queen Elizabeth NP; Ouganda) présente une colonie de plusieurs milliers de roussettes d’Egypte facile à observer en sécurité
Il s’agit en faite d’un tunnel de lave par lequel s’écoule un ruisseau recouvert de blocs de pierres. Les roussettes constituent ici une réserve de nourriture qui explique la présence régulière de différents reptiles (varan du Nil, cobras, pythons).

On ne peut pas entrer dans la grotte suite à la mort d’un visiteur infecté par le virus de Marburg après un contact avec une roussette. Une plateforme en mauvais état (2021) surmonté d’un affût permet d’observer l’entrée à une distance de 15 mètres. De l’intérieur, on ne voit pas grand chose. Dans la pratique, le guide laisse approcher à 7 ou 8 mètres. La faible hauteur de la voûte et l’incroyable densité de chiroptères n’invitent guère à s’aventurer beaucoup plus près.

A l’intérieur, de l’affut un panneau d’information explique: « Les chauves souris peuvent être porteuses d’un certain nombre de maladies dont la rage et les virus de Marburg. Les deux peuvent infecter les humains et provoquer des maladies ou la mort. Les roussettes infectées par le virus de la rage se comportent de manière agressive. Le virus de la rage est présent dans la salive des chauves-souris et peu être transmis aux hommes en mordant. La transmission du virus de Marburg est moins clair…« .

Photo 4 et 5 : grotte du trail de Nyamasingiri près du lac bleu
Forêt de Maramagambo ; Queen Elizabeth NP ; Ouganda (25.07.2021).
La totalité de la voute est couverte de roussette d’Egypte. Les roussettes sont bruyantes et dynamiques même sur le site de repos.


Les guides touristiques notent la présence de chauves-souris sans préciser l’espèce. Ils signalent la présence de cobras et de pythons alors que la distance d’observation et le dérangement rendent l’observation des reptiles lointaine et très aléatoire. Lors de ma visite, aucun serpent n’était visible et ce n’est qu’avec ma très bonne lampe électrique que j’ai pu remarquer la présence d’un varan du Nil… ou du moins sa queue. Je ne conseille cette visite qu’aux gens qui veulent voir la roussette d’Egypte (prendre jumelles et téléobjectif).

QUAND ?
On peut voir des roussettes d’Egypte toute l’année. Elles sont peut-être partiellement migratrices au nord de l’Egypte où les fruits manquent en hiver mais cette espèce n’hiberne pas.
Les périodes les plus chaudes permettent de l’observer dans de grands arbres (au Caire) mais cette période est la moins propice au voyage.

Sur le lieu de repos diurne, on peut observer les roussettes d’Egypte à n’importe qu’elle heure. Il y a toujours des individus réveillés dont certains en vol pour changer d’emplacement. L’idéal est néanmoins de venir le soir pour assister aux décollages vers les zones d’alimentation.

COMMENT ?
Dans l’exemple développé ci-dessus, il suffit de se rendre à pied à l’entrée de la grotte. L’idéal est de si rendre avec des jumelles et un téléobjectif. Dans bien d’autres cas, les chauves-souris ne sont pas visibles de l’extérieur. Il faut attendre la sortie du gite à la tombée de la nuit.

Les aventuriers souhaitant entrer dans les grottes doivent impérativement s’informer sur le virus de Marburg.

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