Loutre à cou tacheté (Hydrictis maculicollis)
DIFFICULTE : Assez difficile.
DISTANCE DE FUITE : 60 m.
Pour les amoureux de la nature, cette loutre africaine est particulièrement intéressante pour deux raisons:
– elle est diurne, et donc plus facile à observer.
– elle est assez facile à identifier avec ses taches blanches sur les lèvres supérieures et/ou sur son cou.
La loutre à cou tacheté est la seule représentante du genre Hydrictis mais certains scientifiques estiment, après comparaison des ADN, qu’elle n’est pas assez différente des autres espèces de loutre pour être classée dans un genre à part. Elle pourrait donc revenir au genre Lutra.
Cette loutre est en déclin pour de multiples raisons :
– les pêcheurs la considèrent comme une concurrente et la chassent.
– l’introduction de la perche du Nil a diminué le nombre de poissons de petite taille et donc les ressources alimentaires pour cette loutre.
– la pollution des eaux diminue la visibilité indispensable pour cette espèce.
– l’aménagement des rives des lacs lui nuit.
OU ?
La loutre à cou tacheté est très largement répartie dans toute l’Afrique continentale au Sud du parallèle de 10 degrés de latitude nord. Dans ce vaste ensemble, il y a néanmoins des lacunes avec:
– des pays où elle n’est pas présente: Somalie, Zimbabwe, Namibie (sauf à la frontière nord).
– des pays où elle a disparu: Burundi, Lesotho, Togo.
Les pays où les observations sont les plus nombreuses sont la République Démocratique du Congo, l’Ouganda et la Zambie. Le lac Mutanda, au sud de l’Ouganda, et particulièrement la partie nord de ce lac, est un des meilleurs endroits pour l’observer. On peut également en voir sur le lac Victoria, depuis le jardin botanique d’Entebbe, mais ici, les effectifs sont en baisse.
En Côte d’Ivoire, le parc national de Taï et la forêt de Dodo sont également signalés comme des sites intéressants.
Photo 1 : Portrait
Mutanda Eco-community Centre ; Lac Mutanda ; Ouganda (16.07.2021)
On voit bien ici les taches blanches sur les lèvres supérieures et sur le cou.
Pour l’observer, il faut bien connaître son habitat avec les trois éléments indispensables à sa présence :
– une eau peu turbide: lacs, rivières ou marécage avec de l’eau libre… L’eau doit être assez claire pour que la loutre à cou tacheté puisse chasser à vue. Cela dit, les voyageurs ne trouveront pas que les eaux du lac Mutanda ou du lac Victoria sont claires… Mais elles le sont encore suffisamment pour les loutres.
– la présence de poissons: c’est l’alimentation de base de la loutre. Quand il vient à manquer, elle se rabat sur les amphibiens, les crustacés… mais en général, le poisson constitue au moins 50% de l’alimentation.
– des rives très végétalisées: roseaux, arbustes… les rives doivent être stables, permettre de se reposer et d’assurer le cycle de reproduction.
On notera que la loutre à cou tacheté ne s’éloigne pas souvent à plus d’une 20e de mètres des rives.
Photo 2 à 4 : En chasse
Mutanda Eco-Community Centre; Lac Mutanda; Ouganda (16.07.2021).
Photo 2 : Ici, on voit la tête et la queue: La loutre à cou tacheté mesure presque 1 m (60 cm de corps et 30 à 40 cm pour la queue).
Photo 3 : elle nage à 4 ou 5 km/heure. L’observateur qui ne la verra que dans cette position aura bien du mal à déterminer l’espèce.
Photo 4 : la loutre se met régulièrement sur le dos pour manger immédiatement ce qu’elle vient de capturer.
QUAND ?
On peut la voir toute l’année mais la saison sèche est plus favorable. C’est juillet-août en Ouganda.
Diurne, on peut avoir la chance de la voir en journée, mais ses pics d’activité sont au petit matin et en fin d’après midi.
COMMENT ?
Les rives de son milieu de vie sont souvent trop végétalisées pour pouvoir la repérer en randonnant. Pour l’observer, il faut donc, tôt le matin ou en soirée, soit :
– longer les rives des lacs en bateau: la distance de fuite est alors assez élevée. Si on repère un groupe ainsi, il vaut mieux s’immobiliser et en profiter de loin.
– patienter sur un ponton ou une zone dégagée : la distance de fuite est plus faible. On peut profiter des moments de plonger pour bouger et s’approcher un peu si le terrain le permet.
La loutre à cou tacheté peut aussi bien être solitaire que former des groupes familiaux. Les groupes sont facilement repérables mais tendent à s’éloigner plus rapidement des observateurs. J’ai pu voir un groupe de loutre tous les jours au lac Mutanda pendant trois jours de suite, mais sans parvenir à prendre de belles photographies.
Les 4 photographies présentent un animal solitaire, en chasse le soir. Les photos sont toutes prise du ponton du Mutanda Eco-Community Centre, lieu où il y a souvent du monde et où la loutre est donc habituée à la présence de l’homme.
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