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Bec en sabot du Nil

Bec en sabot du Nil (Balaeniceps rex)
DIFFICULTE : Assez difficile.
DISTANCE DE FUITE: 40 m.
EFFECTIFS : environ 7 000 (2002).

Le bec en sabot du Nil est le seul représentant de sa famille. Les scientifiques ont longtemps débattu sur ses liens de parenté avant que la génétique le rapproche des pélicans.

Son originalité vient de la forme de son bec (en « sabot »), un bec parfaitement adapté à la pêche en eau trouble, boueuse et très végétalisée. L’oiseau écope la vase d’où il déniche poissons, amphibiens et reptiles.

Si cette espèce est une curiosité pour les naturalistes occidentaux, les pêcheurs africains n’y voient qu’un échassier parmi d’autres: « Pourquoi voulez-vous voir cet oiseau? » demandent-ils.

Aujourd’hui, cette espèce est menacée par la destruction de son habitat naturel.

Photo 1 et 2 : Portrait d’adulte
Ntoroko ; Lac Albert ; Ouganda (28.07.2021)

Ce bec en sabot est sur un tapis de végétation flottante: trop solide pour naviguer et trop liquide pour marcher. Il reste globalement immobile en journée. Le photographe ne profitera que de la rotation de sa tête: de face, de trois-quart, de profil…
Il n’y a pas de dimorphisme sexuel net et les juvéniles sont seulement un peu plus brun que les adultes.


OU ?
C’est une espèce d’Afrique dont la répartition est extrêmement morcelée mais dont l’essentiel de la population se concentre dans la zone des Grands lacs. Les effectifs les plus importants sont dans des pays peu fréquentés par les touristes d’où un saisissant contraste entre : où il est le plus présent ? et où on peut le plus facilement le voir ?

Où il est le plus présent?

1- Soudan du Sud : il y aurait un peu plus de 5 000 becs en sabot du Nil dans ce pays né de la division du Soudan en 2011. Cela représente environ 70% des effectifs surtout concentrés le long du Nil blanc.
2- République Démocratique du Congo: un peu moins de 1 000 (14%).
3- Zambie: un peu moins de 500 (7%) essentiellement au marais de Bangweulu au Nord-Est du pays.
4- Tanzanie: environ 350 (5%) à l’Ouest du pays.
5- Ouganda: entre 100 et 150 (2%)
Il y a aussi quelques becs en sabot au Rwanda (1%) et en Ethiopie (1%).

Photo 3 : En vol
Marais de Mabamba ; Ouganda (31.07.2021).
Le bec en sabot vole avec le cou rentré. Le battement d’aile est ample et lent. Il parait maladroit. Il décolle néanmoins sans élan, presque à la verticale, et il peut planer en utilisant les ascendances thermiques.


Où peut on le voir le plus facilement ?
C’est très clairement en Ouganda que les observations enregistrées sont les plus nombreuses. Le classement des autres pays (avec deux fois moins d’observations: Zambie, Rwanda, Soudan et Tanzanie) montre que la Tanzanie, grand pays d’observation de la faune, n’est pas une destination très adaptée pour le bec en sabot.

Quelque soit le pays, il faut le chercher près de l’eau, au bord des lacs ou des cours d’eau, ou mieux, dans les marécages avec roseaux, papyrus. Il apprécie particulièrement les zones avec une végétation flottante.

Photo 4 : Couple
Ntoroko ; Lac Albert ; Ouganda (28.07.2021)

Le dimorphisme sexuel est très peu marqué chez le bec en sabot. Le mâle (à droite) est un peu plus grand et son bec est un peu plus long. La nuance est impossible à réaliser si les partenaires ne sont pas cote à cote.

En Ouganda, on peut le voir sur 4 sites dont aucun ne compte plus d’une douzaine de couple :
1: Murchison Fall NP.
2: Toro-Semliki Wildlife Reserve, avec des excursions en bateau sur le lac Albert depuis Ntoroko. En 2021, le village de Ntoroko était en partie noyée par une montée des eaux. C’est ici, un des meilleurs sites pour voir le bec en sabot, mais c’est en système débrouille en négociant avec les pêcheurs.
3: Marais de Mabamba: il y a peu de bec en sabot mais le site présente deux avantages: il est à seulement une heure de route de Entebbe (l’aéroport) et ici, les « pêcheurs » sont habitués à le chercher pour les naturalistes amateurs.

4: Akuja, au Sud de Soroti: C’est le moins bon des 4 sites, sur le lac Kyoga, mais il est intéressant pour les voyageurs qui ne vont pas au Sud de l’Ouganda.

QUAND ?
A l’échelle de l’année, il n’y a pas de meilleure période. Le bec en sabot est sédentaire. Les observations sont les plus importantes aux saisons touristiques d’où, en Ouganda, un maximum centré sur juillet (saison sèche) et un minimum centré sur avril (saison des pluies). La reproduction a lieu en début de saison sèche.

Le bec en sabot est plus actif de nuit. Les passionnés qui voudraient le voir pêcher devront privilégier les sorties très tôt le matin ou tard le soir. Les photographes peuvent profiter de leur tranquillité en journée.

COMMENT ?
Il faut le chercher en utilisant des petits bateaux de pêcheur. On longe les zones marécageuses très végétalisées. Ce n’est pas toujours facile. L’hélice du moteur se bloque régulièrement dans la végétation.

C’est un oiseau généralement silencieux bien qu’il utilise un complexe de sons pendant la période de reproduction.

On le repère e à vue en parcourant son territoire (3 km2). Un fois repéré, on peut stationner à une 50e de mètres. Le bec en sabot est généralement peu farouche.

Photo 5 : Dans des fougères
Marais de Mabamba ; Ouganda (31.07.2021).
Roseaux et papyrus sont les plantes caractéristiques de l’habitat du bec en sabot.

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