
Mangabey d’Ouganda (Lophocebus ugandae)
DIFFICULTE : Moyennement facile.
DISTANCE DE FUITE : 25 m.
En 2007, la phylogénie du genre Lophocebus a été révisée et les 3 sous-espèces du mangabey à joues grises (Lophocebus albigena) sont devenues des espèces. En voici donc une: le mangabey d’Ouganda ou lophocèbe d’Ouganda (Lophocebus ugandae).
Il se différencie des autres Lophocebus par des détails :
– il est plus petit que les autres espèces.
– son crâne est plus court.
– son dimorphisme sexuel est très faible.
– il porte un manteau gris comme L. albigena mais il présente une distribution différente.
Photo 1 : Portrait d’adulte
Bigodi ; Ouganda (27.07.2021).
Les études montrent que ce genre est en fait assez proche de celui des babouins.

Pour le touriste amateur, c’est le seul Lophocebus d’Ouganda. Il serait endémique (ce qui est inexact) et il serait remplacé par une autre espèce de l’autre côté de la frontière ougandaise à l’Ouest (ce qui est pour le moins curieux). Bref, malgré le gros travail (surtout informatique) effectué depuis 2007 pour distinguer les espèces, il reste à éclaircir les choses sur le terrain.
OU ?
En Ouganda, évidemment… Avec 22 espèces de primates (15 diurnes ; 7 nocturnes), les Ougandais aiment bien dire que c’est la seule espèce endémique… Mais il y a une petite population de mangabeys d’Ouganda en Tanzanie dans la réserve forestière de Minziro

En Ouganda, on peut essentiellement le voir :
– au Nord et Nord-Ouest du lac Victoria : forêt de Bujuko, de Bukasa, de Mabura et baie de Sango. La forêt de Mabura (à l’Est de Kampala) est un des deux meilleurs endroits pour le voir. C’est d’ailleurs là qu’il a été décrit pour la première fois.
– à Kibale NP et dans toutes les forêts du centre ouest : dans le parc national de Kibale, on paie cher (d’abord pour voir les chimpanzés communs) mais on peut circuler librement sur la route. J’ai pu observer deux mangabeys traverser la route en choisissant leur chemin dans la canopée. Les conditions d’observation sont très médiocres dans cette forêt très fermée.
La meilleure option reste de chercher sur les pistes entre le parc national et le marais de Bigodi (pistes oranges sur la carte). On peut également en voir en faisant le tour du marais (pointillés oranges sur la carte), qui en fait, se trouve être une forêt marécageuse (il y a 4 troupes de mangabey d’Ouganda dans le marais de Bigodi). Le tour est normalement payant et accompagné à partir du Bigodi Swamp Walk office (les guides tournent dans le sens des aiguilles d’une montre). Rien n’empêche de se promener librement (partir du Nord et tourner dans le sens inverse).

On peut voir également ce cercopithèque en grand nombre au parc national de Semuliki. On est alors à une dizaine de kilomètre de la République Démocratique du Congo… On ne voit pas bien pourquoi le mangabey s’arrêterait à la frontière !
Le mangabey d’Ouganda est un singe arboricole des forêts primaires et secondaires. Les botanistes peuvent chercher près des arbres qui fournissent ses fruits préférés: fausse muscade, fruit à pain, palmier dattier et palmier à huile. Il mange aussi fruits et graines des différentes espèces d’Erythophleum.
Photo 2 : Femelle et jeune
Entrée du Semuliki NP ; Ouganda (29.07.2021).
Cette femelle protège et cache son bébé, tandis que ce dernier s’amuse.


QUAND ?
On peut le voir toute l’année. Il faut choisir la saison sèche, juin, juillet, août, pour avoir le plus de chance d’éviter la pluie.
Ce singe peut se montrer actif toute la journée.
Photo 3 : « Lucifer »
Bigodi ; Ouganda (27.07.2021).
Le visage noir, les sourcils formant de fausses « cornes » les joues creusées et les yeux oranges… autant de traits qu’on donne parfois à Lucifer et qui permettent de rapidement reconnaître ce cercopithèque en Ouganda.

COMMENT ?
Il est plus discret que la plupart des singes diurnes :
– il vit souvent en plus petites troupes assez éclatées.
– il ne saute pas autant que le colobe de Guereza…
On peut le repérer grâce à ces cris bien différents de celui des autres singes. Surveiller les mouvements dans les branches reste la meilleure solution.
Photo 4 : Epouillage
Bigodi ; Ouganda (27.07.2021).
Si cette scène d’épouillage est un grand classique chez de nombreux primates, on l’observe moins sur le terrain avec le mangabey d’Ouganda que pour d’autres espèces.