
Chamois (Rupricapra rupicapra)
DIFFICULTE : Moyennement facile.
DISTANCE DE FUITE : 150 mètres, parfois bien plus.
Le genre Rupicaria compte deux espèces :
– l’isard (R. pyrenaica) : il est plus petit et présent uniquement dans les Pyrénées.
– le chamois (R. rupicaria) : il est présent des Alpes aux Caucase mais les populations sont morcelées et divisées en 6 sous-espèces.
OU ?
Des 6 sous-espèces, c’est le chamois des Alpes qui est de très loin, la plus représentée en effectif et la plus facile à observer.
Les observations sont les plus importantes en France et en Suisse, puis en Autriche et en Italie.
Néanmoins, pour observer le chamois dans de bonnes conditions, il faut surtout se concentrer sur les zones protégées où les densités sont plus importantes et où les distances de fuite sont beaucoup moins élevées.
En France, 60% des chamois sont concentrés sur 3 parcs nationaux:
– Ecrins (15 000), soit 30% des effectifs français.
– Mercantour (8 000), soit 16% des effectifs français.
– Vanoise (6 000), soit 12% des effectifs français.
En Italie, le Parc Gran Paradiso compte 8 000 chamois.
Localement, on peut proposer les sites suivants :
1- le Pecloz dans le massif des Bauges (France) : c’est une réserve de chasse et un site ou on est presque sur d’en voir au moins le matin. Il présente 3 inconvénients:
-un dénivelé cumulé important (1 100 m de la chapelle N.D de Bellevaux à l’arète de l’Arpètte et 200 m de plus pour le sommet qui culmine à 2197 m).
– le bivouac y est interdit.
– certains chamois ont des étiquettes aux oreilles.
2- le lac Lauvitel dans le massif des Ecrins (France) : il jouxte la plus ancienne réserve intégrale de France et est accessible en deux heures de marche. L’idéal est de bivouaquer au bord du lac. Les chamois descendent souvent brouter le soir. Attention néanmoins au mois de juillet et août où il y a parfois du monde.
Photo 1 : Jeune chamois mâle dit « éterlou »
Pécloz ; Massif des Bauges ; Préalpes ; France (16.06.2013).
Les chamois ne sont pas liés à l’altitude. On les trouve d’ailleurs entre 400 et 3 500 mètres. Par contre, ils sont liés aux escarpements où ils se réfugient en présence de prédateurs ou de chasseurs. Sur le terrain, on concentrera les recherches entre 800 et 2 300 m. C’est leurs étages de confort.
Le chamois fréquente les versants ubacs et les zones ombragées. Il semble que le chamois ne boive que très rarement et que la fréquentation des versants frais lui permettent de limiter sa transpiration. En été, les hardes apprécient d’ailleurs les névés où on peut souvent les voir de très loin.
Si certaines populations sont forestières, pour l’observateur, il est plus facile de parcourir les pelouses alpines juste au dessus de la limite de l’arbre.
Photo 2 : Mâle adulte
Crête au Sud de Ponnière ; Drome ; France (13.05.2021).


QUAND ?
On peut observer le chamois toute l’année. Les données sont plus importantes en été car le tourisme vert est à son maximum et que les chamois évoluent d’avantage en dehors des forêts. En réalité, on peut estimer que la meilleure période d’observation va de juillet à fin-novembre:
– de mi-décembre à mars : les chamois évoluent généralement en forêt et la neige rend la circulation difficile. C’est la moins bonne période.
– d’avril à juin : les chamois passent l’essentiel de leur temps à se nourrir. La neige gène encore les déplacements en avril et les animaux changent de fourrure. Ces pertes de poil donne l’impression que les animaux sont en mauvaise santé. Ils ne sont pas très photogéniques. Les femelles rejoignent des escarpements difficiles d’accès pour mettre bas (fin mai, début juin).
– en juillet et août : les chamois sont nombreux à haute altitude et donc visibles de loin. Ils sont néanmoins assez farouches et les sentiers de randonnées sont très fréquentés. On les verra donc soit très tôt le matin, soit à distance et le photographe devra au minimum porter un téléobjectif 300 mm.
Photo 3 : Mâle adulte
Défilé de Zeleni Vir ; Croatie (21.07.2013).
– Septembre et octobre: les chamois réalisent leur seconde mue, une mue très discrète. Ils adoptent alors un pelage plus sombre. Les parcs nationaux sont moins fréquentés et on peut plus facilement réaliser des affuts (voir comment ?).
– Novembre à mi-décembre (le rut) : Question météo, ca devient difficile, mais les chamois ont leur plus beau pelage et ils sont hyperactifs pour s’accoupler. Les mâles (boucs) rejoignent les hardes de femelles (chèvres). Ils courent énormément et s’occupent beaucoup moins de l’observateur.
Les chamois sont diurnes même si les scientifiques soupçonnent de plus en plus des phases d’activité nocturne lors des nuits claires. Actifs toute la journée au printemps, il marque néanmoins une pause en milieu de journée en été. Le début de la matinée reste le moment le plus favorable pour le voir.
Photo 4 : Femelle et jeune :
Col des Houerts; Font Sancte; France (12.10.2017).


Photo 5: Jeune de moins d’un an appelé chevreau ou cabri
Crête de l’Aulp du seuil; Chartreuse; France (10.10.2017).
COMMENT?
C’est en randonnant qu’on verra le plus facilement des chamois.
Dans les parcs nationaux, la distance de fuite reste assez élevée (bien davantage que celle du bouquetin). Les animaux détallent d’autant plus si on quitte le sentier. Ils se sentent en sécurité s’ils sont plus haut que l’observateur.
Pour tenter une approche, il faut tenir compte des éléments suivants:
Les chamois localisent le danger prioritairement à l’odorat, secondairement à l’ouïe et enfin à la vue des mouvements.
Par conséquent, un observateur a intérêt à se mettre face au vent pour diminuer les chances d’être trahi par son odeur et ses bruits, et à rester immobile pour être quasiment invisible.
Sur le terrain, quand on découvre un chamois, il fuit généralement plus haut.
On peut alors tenter une approche de la façon suivante:
1-Observation des chamois: on reste immobile et on regarde les animaux fuir. On les compte si c’est un groupe et on attend qu’ils reprennent une activité en sécurité.
2-Repérage du milieu: on regarde le sens du vent. On choisit ensuite un arbre, ou un rocher bien reconnaissable qui devrait s’avérer un bon point d’observation (face au vent; à au moins 100 m des animaux) et qu’on peut rejoindre à couvert, par un talweg.
3-Approche: on s’éloigne des chamois en restant sur le sentier habituel tant qu’on est visible. On décroche ensuite pour rejoindre le point d’observation. Il faut prendre son temps en veillant à rester silencieux et hors de vue.
4-sortie et patience: arrivé près du point de vue repéré, on sort tout doucement et seulement le haut de la tête. C’est le moment le plus délicat. Il s’agit de revoir un chamois avant qu’il ne vous repère… et ne plus bouger. Une fois cette étape réussie l’observation peut être longue. C’est parfois les animaux qui s’approchent…
Photo 6: Femelle adulte
Gorges du Verdon; France (08.07.2016).


On pourra distinguer l’âge des animaux:
-pas de cornes: cabri (ou chevreau) de moins de 2 mois.
-petites cornes: cabri (ou chevreau) de la première année.
-corne courbes plus ou moins de la taille des oreilles: éterlou (mâle) ou éterle (femelle) de 1 à 2 ans.
-cornes nettement plus hautes que les oreilles: adulte
-pinceau de poil pénien prolongeant le fourreau de la verge, et, en hiver, crinière sur le dos: mâle de plus de 4 ans.
On pourra souvent distinguer le sexe:
-mâle: cornes épaisses à la base et nettement recourbée (crochet fermé); cou épais; urine en avant des pattes postérieures; Crinière en hiver; Adulte généralement solitaire en dehors de la reproduction.
-femelle: cornes fines à la base et moins recourbées (crochet ouvert); cou fin; urine à l’arrière des pattes postérieures. Adulte souvent en groupe ou accompagné d’un petit.
Photo 6: Mâle adulte
Biokovo; Croatie (17.07.2013).
Pas toujours facile de distinguer le sexe: le cou de ce mâle n’est pas très épais.