
Observer une chauve-souris, c’est la déranger.
En dehors des zones tropicales, on peut considérer que les chauves-souris craignent la lumière et sont fragiles pendant les périodes d’hibernation et de reproduction.
1-La lumière:
Les chauves-souris européennes sont nocturnes. Bien que certaines pipistrelles profitent des insectes attirés par la lumière, elles sont lucifuges. La lumière de nos lampes les stresse.
Par faible luminosité, les chauves-souris semblent voir au moins aussi bien que nous. Peu d’études ont été réalisées sur le sujet, mais on sait que dans des conditions de basse luminosité, un grand murin distingue encore des lignes quand un homme ne les voit plus.
Comptage hivernal
Lors des comptages des chiroptères en hibernation, les petits sites sont généralement visités à deux avec des personnes déjà expérimentés pour reconnaitre les espèces. Ici, l’éclairage, le bruit du déplacement dans l’eau et ma chaleur sont susceptibles de déranger… On essaie de faire vite, sans bruit et sans remous.

2-L’hibernation:
De mi-octobre à mi-mars, les chauve souris européennes se retirent dans une cavité ou un tronc pour hiberner à l’abri du gel. Leur température descend jusqu’à se stabiliser environ 1°C au dessus de la température du gite d’hiver. Elles se réveillent en moyenne toutes les trois semaines pour s’hydrater mais chaque réveil est coûteux en énergie.
Quand on visite un petit site d’hibernation, on impacte la chauve-souris:
-en augmentant la température du gite à cause de la chaleur qu’on dégage.
-en déclenchant parfois un réveil supplémentaire à cause du bruit et de l’éclairage.
Le dérangement est visible chez les rhinolophes qui réalisent une traction réflexe en cas de stress. Un éclairage de 10 secondes suffit souvent à le déclencher. Les murins et les pipistrelles ouvrent lentement les yeux et, dans les fissures, cherchent à se détourner de l’éclairage.
Après le passage de l’observateur, le réveil se poursuit entre 30 et 50 minutes. Les chauves-souris brulent alors beaucoup d’énergie (réserve de graisse brune du dos puis tremblements pour finir de se réchauffer). Si les dérangements sont nombreux les réserves énergétiques seront insuffisantes.
Grand murin réveillé:
Ce grand murin est éveillé mais immobile. Dérangé par l’observateur, il risque de bouger et de gêner ses compagnons d’hibernation.

3-La reproduction:
De mi-mai à mi-juillet, les chauves-souris européennes mettent bas. Il n’y généralement qu’un seul petit. Les nouveaux nés s’accrochent à leur mère. En cas de dérangement, le risque, c’est la panique générale que l’observateur peut déclencher. Si certaines espèces restent assez calmes si on ne fait pas de gestes brusques (Grand murin), la plupart sont stressée. Lors des décollages en panique, certains jeunes peuvent tomber. Dans bien des cas, ils ne retrouveront pas leur mère.
Conclusion: Eclairer brièvement, éclairer modérément, éviter l’observation en période d’hibernation en dehors des comptages des scientifiques, et renoncer à l’observation en période de reproduction.
Patte de petit rhinolophe
Les chiroptères ne font pas d’effort pour se suspendre au plafond. Les tendons, à l’inverse des nôtres, gardent les doigts fermés. Ce petit rhinolophe dort suspendu par une seule patte. La seconde patte, photographiée ici pend dans le vide.