
Tigre (Panthera tigris)
DIFFICULTE : Difficile
EFFECTIFS : 3890 (2020); en stagnation grâce aux parcs nationaux.
DISTANCE DE FUITE : 0 m à Bandhavgarh et Kanha ; plus élevée ailleurs.
Photo 1, 2 et 3 : Tigre mâle en déplacement au petit matin
Kanha NP; Madhya Pradesh; Inde (30.12.2014).
Ce matin là, le premier à Kanha NP, on n’est rentré depuis seulement une petite demie-heure. Le Soleil est encore trop bas pour éclairer la piste. Un gros tigre mâle descend d’une zone rocheuse. Nous sommes le seul véhicule au début et le tigre se déplace tranquillement parallèlement à la piste. Il s’arrête parfois pour renifler. La végétation, avec des herbes hautes dans le sous bois, ne facilite pas les photographies mais l’animal est magnifique. Bientôt, il va traverser la piste juste derrière le véhicule. Je suis à 5 m de lui dans une jeep ouverte. Il nous ignore totalement. Il disparait bientôt dans la forêt. L’observation a durée environ 5 minutes. C’est ma plus belle rencontre en 12 demi-journées consacrées aux parcs à tigres indiens…

Sans expérience, on se demande seulement Où observer un tigre ?
Avec de l’expérience, on sait que la question Quand ? est très importante aussi.
QUAND ?
Le mois théoriquement le plus favorable est le mois de mai, mois de canicule juste avant l’arrivée de la mousson. La végétation est la moins dense et les tigres sont polarisés par les derniers points d’eau pour étancher leur soif et se baigner. Mais avec une moyenne de 40.2°C en journée et de 24.9°C la nuit, cette canicule est aussi une épreuve pour l’observateur. Il faut donc trouver un compromis entre les chances de voir un tigre et sa capacité à supporter la chaleur : Mars (15.5 < 32.7°C) ; Avril (20.3 < 36.8°C).
Les chances de voir un tigre lors du safari du matin sont un peu plus élevées car les tigres se déplacent davantage. Le safari de fin de journée devient intéressant en fin de saison et doit se concentrer sur les points d’eau.

OU ?
Les tigres survivants sont divisés en 6 sous-espèces :
– le tigre de Chine méridionale ne compte plus que 25 spécimens condamnés à s’éteindre.
– le tigre de Sibérie compterait 400 fauves avec des densités très faibles.
– le tigre d’Indochine est en régression rapide. Les effectifs sont très mal connus (700 ?). Les derniers rapports de l’IUCN (International Union for the Conservation of Nature) annoncent la disparition de ce tigre au Laos et au Cambodge (2022).
– le tigre de Malaisie compteraient 800 félins eux aussi généralement invisibles.
– le tigre de Sumatra est estimé à 500 animaux. C’est la 2e sous espèce la plus observée après les tigre du Bengale. Bonne chance !
– le tigre du Bengale est le seul tigre qu’un touriste peut raisonnablement espérer observer… et ce n’est pas facile.
Si le tigre du Bengale est présent au Népal, au Bouthan et au Bangladesh, c’est bien en Inde qu’il faut organiser un voyage pour voir cette espèce. L’Inde tente en effet de protéger les tigres depuis longtemps :
En 1972, un comptage sérieux évalue la population de tigres indiens à 1827 animaux, bien moins que ce qui était supposé.
En 1973, le gouvernement indien lance le « Project Tiger » pour sauver l’espèce. Neuf réserves de tigres sont crées. La plupart compte aujourd’hui parmi les plus belles zones protégées d’Inde (Manas, Corbett, Bandipur, Ranthambore, Sunderbans, Kanha). Lors des 30 années suivantes, la population de tigres de ses réserves auraient été multipliées par presque 4.
En 2008, un nouveau comptage sérieux sème la panique : 1 411 tigres ! Non seulement les effectifs de tigres n’augmentent pas mais ils baissent. Les spécialistes notent que les chiffres étaient gonflés pour que les fonctionnaires gardent leurs emplois… en parallèle, le braconnage continue… L’Etat indien réinvestit pour protéger les tigres.

En 2022, selon les autorités indiennes, il y aurait 2 967 tigres en Inde (les chiffres par réserves donnent en fait des fourchettes) ce qui représenterait 70% des tigres sauvages. La population augmenterait de 6% par an. Ce qui est certain, c’est qu’il y a aujourd’hui 53 réserves de tigres. Une fois supprimer les réserves très compliquées d’accès, les réserves non aménagés pour les touristes, les réserves où le paysage est trop fermé et les réserves où la densité de tigres est très faible, il ne reste que quelques sites :
– 1 : Bandhavgard, Kanha et Pench : ces 3 parcs nationaux sont situées dans l’état du Madhya Pradesh au centre de l’Inde. C’est l’état qui compte le plus de tigre (526 en 2022). Ils sont suffisamment proches pour être visités les uns après les autres :
– Bandhavgarh (1968; 105 km2) compte de 44 à 49 tigres avec une densité de 1 tigre pour 4.77 km2 ce qui est considéré comme la plus forte densité. Le parc n’est malheureusement pas magnifique.
– Kanha (1955; 940 km2) est le plus grand de l’état. Il compte une centaine de tigre (8 pour 100 km2) et présente des paysages très variés.
– Pench (1983 ; 293 km2), moins célèbre, plus bruyant (touristes indiens) mais il compte des points d’eau qui offrent de belles opportunités, surtout en mars et avril.
– 2 : Bandipur : le Karnataka est le 2e état le plus riche en tigre. Bandipur offrent des chances de voir un tigre (9 pour 100 km2), mais la vedette du parc, plus facile à voir, est l’éléphant d’Asie.
– 3 : Jim Corbett : c’est une très bonne destination pour essayer de voir un tigre. Les densités sont estimées à 13 tigres pour 100 km2 en 2022. Le parc est magnifique mais les tigres sont plus farouches que dans les parcs précédents. Il vaut mieux être bien équipé (téléobjectifs et jumelles).

– 4 : Ranthambore : la plupart des touristes qui découvrent l’Inde visitent le Rajasthan. Ranthambore, avec 40 tigres est alors la moins mauvaise option. Mais mon vécu là bas en décembre n’est pas terrible :
Décembre 2010 : lors d’un voyage au Rajasthan, mon premier voyage en Inde, je prévois une journée pour voir des tigres au célèbre parc de Ranthambore. Le parc est divisé en 4 zones et on ne choisit pas où on circule. Le matin, pas de tigre. L’après midi, toujours rien. A la sortie, je demande aux touristes des quelques 10 jeeps s’ils ont vu un tigre: un observateur a vu bouger la queue d’un tigre au dessus des herbes sèches. Le tigre est resté couché. Au final, ce 21 décembre, personne n’a vraiment vu un tigre. La semaine suivante, nouvelle tentative dans le parc de Sariska. Très vite, on apprend que les 4 derniers tigres ont été tués par des braconniers. Bilan : un premier voyage en Inde avec 3 safaris et 0 tigre.
COMMENT ?
Les safaris en jeep sont les plus efficaces. Ils sont plus couramment proposés que ceux à dos d’éléphants.

La distance de fuite est nulle dans les parcs du Madhya Pradesh. Les tigres peuvent passer juste à côté des véhicules en ignorant totalement les passagers.
Photo 4 : Tigresse couchée dans les hautes herbes
Bandipur NP; Sud de l’état du Karnataka; Inde (05.03.2014).
Lors de ce 2e voyage au sud-ouest de l’Inde, je prévois 3 demi-journées dans le parc de Bandipur (231 tigres en 2010). On observe d’abord un groupe d’éléphants sauvages. Après une heure, la jeep serre à droite afin de permettre à un car de safari pour touristes indiens de nous croiser. Là, 50 m devant nous, on entend, les Indiens crier « Tiger ». Le bus reste quelques minutes puis poursuit sa route. On s’avance alors et on découvre en effet une tigresse, allongé à 20 m de la piste mais difficile à voir à travers la végétation. Notre guide pense que l’animal va traverser la route. On recule donc de 30 m et on attend. Rien. Un quart d’heure plus tard, on avance pour voir si le tigre est toujours là et, en effet, il n’a pas bougé. On recommence la manœuvre. Le cérémonial va durer plus d’une heure jusqu’à que le Soleil oblige à rentrer. La tigresse n’a jamais bougé.

Photo 5 : Mâle en déplacement à Bandhavgarh :
Bandhavgarh NP; Madhya Pradesh; Inde (28.12.2014).
Il fait encore nuit quand je monte dans la jeep pour mon premier safari à Bandhavgarh. Ce n’est pas encore la bonne période, mais…. Une colonne de 8 jeeps ronronne et les Indiens sont excités parce qu’un gros tigre mâle vient d’être vu. Enfin, la barrière du parc est ouverte. La colonne de jeep s’élance à toute vitesse, ignorant axis et sambars. Après 10 minutes, le guide montre les empreintes de l’animal dans le sable. Cent mètres plus loin, l’animal a regagné la forêt. Bien vite, les jeeps s’arrêtent et forment une sorte de colonne : une jeep tous les 50 mètres. Là, on attend. Devant moi, la végétation est très dense. Je ne vois pas à plus de 10 mètres ! Les jeeps ont coupé leur moteur. Un Indien est en vélo. Il s’est arrêté lui aussi. Silence de 10 minutes, puis un cri : un singe langur vient de signaler le passage du tigre. Les jeeps repartent en fanfare et s’alignent à nouveau au plus près de l’endroit où le singe a crié Cette fois, on est en face d’une laie forestière. Je vois loin, mais seulement sur une bande d’une 10e de mètres de largeur. Là, à 80 m environ, le tigre passe… Juste le temps de prendre une photo. Les guides indiens manifestent leur triomphe : on a vu un tigre pendant 8 secondes. Je ne sais pas encore que je n’en reverrai pas lors des 2 safaris suivant à Bandhavgarh.
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