
Dendrobate fraise (Oophaga pumilio)
DIFFICULTE : Assez facile.
DISTANCE DE FUITE : il fuit le mouvement et saute généralement quand on bouge à moins de un mètre de distance.
EFFECTIF : il est commun, et parfois abondant, même dans les milieux dégradés.
Le dendrobate fraise est l’espèce type du genre Oophaga, un genre comportant 9 espèces. Oophaga signifie « mangeur d’oeufs » car les femelles alimentent leurs têtards avec des oeufs non fécondés. Ce sont de toutes petites dendrobates (2.4 cm). Leur répartition s’étend du Nicaragua à l’Equateur.
Le dendrobate fraise est sans doute l’amphibien emblématique le moins difficile à trouver sur son aire de répartition. Mais il existe de nombreuses variétés avec des couleurs variables et des taches de taille différente, notamment à Panama et sur ses îlots. C’est sympa d’orienter ses recherches dans les secteurs où elles ont de belles couleurs. On cherchera en particulier la variété dite « pumilio blue jean », une des plus classiques.

Photo 1 : Mâle adulte chanteur
Réserve biologique Tirimbina; vallée de Sarapiqui; Costa Rica (février 2018).
Cet individu signale sa présence aux femelles… et aux naturalistes.
Photo 2 : Dendrobate fraise mais pas blue jean…
Refugio nacional de Vida Silvestre Gandoca Manzanillo (avril 2022). Cet dendrobate, sombre et sans bleu, rappelle la plupart des dendrobates fraises de Panama.
OU ?
Le dendrobate fraise vit au Nicaragua, au Costa Rica et à Panama, toujours sur la partie Est (côté Atlantique). Les observations naturalistes sont très largement dominantes au Costa Rica avec presque deux fois plus de données qu’au Panama où elle n’est présente que dans le quart Nord-Ouest du pays. Les données au Nicaragua sont rares.
On peut le chercher dans de nombreux secteurs mais globalement les individus à l’Ouest sont les plus beaux avec la forme dite « pumilio blue jean« , rouge associé à des pattes postérieures bleues (et parfois plus). A l’Est, le bleu disparaît. C’est plus « fraise » mais moins joli.

Au Costa Rica, on peut retenir les sites suivants :
– 1 : la vallée de Sarapiqui : c’est le site le plus accessible pour trouver des dendrobates fraises avec du bleu. La réserve biologique de Tirimbina et les alentours en ont de fortes densités. On peut notamment faire les randonnées de la Selva Verde Lodge ou de la réserve de Tirimbina à proximité de La Virgen. C’est aussi un très bon spot pour le dendrobate doré (voir l’article : Dendrobate doré).
– 2 : la partie basse du parc national Braulio Carrillo : les individus sont beaux mais les densités de dendrobates fraises sont plus faibles.
– 3 : Cerro Tortuguero : c’est la colline situé quelques kilomètres au Nord du village de Tortuguero. On y a va pour la faune et pour le point de vue sur le parc national. Les dendrobates fraises sont faciles à trouver mais pas aussi jolies que dans les sites précédents.
– 4 : Refugio Nacional de Vida Silvestre Gondoca-Manzanillo : les dendrobates abondent dans ce secteur mais les individus sont généralement rouge foncé unis.
Au Panama, tout le quart Nord-Ouest du pays convient, mais les passionnés se rendront sur l’archipel Bocas del Toro. Sur chacune de ses îles et îlots (environ 10), les dendrobates ont des couleurs très différentes, avec bleu, vert-jaune, blanc, brun. Certaines sont tachetées et magnifiques.
Il faut la chercher à basse altitude, de préférence à moins de 500 m même si on peut en voir jusqu’à 980 m. Il fréquente toutes les forêts tropicales très humides. On le trouve généralement au sol même s’il grimpe un peu.

Il apprécie particulièrement les milieux dégradés : arbres tombées, jardins…
Le territoire idéal d’un mâle comporte :
– quelques postes de chants élevés : souches, branches mortes, rochers.
– quelques sites de ponte : feuilles conservant de l’eau.
Des expériences ont montré que les 2/3 des mâles éloignés de plusieurs mètres de leur territoire vont y retourner.
Photo 3 : Mâle adulte chanteur
Réserve biologique Tirimbina ; vallée de Sarapiqui ; Costa Rica (février 2018).
En déplacement, ce mâle est parfois bien visible et parfois presque introuvable sous le tapis de feuilles.
QUAND?
On peut le voir toute l’année. Il est diurne, contrairement à l’a’emblématique rainette aux yeux rouges, (voir l’article : Rainette aux yeux rouges) et donc beaucoup plus facile à trouver.

Photo 4 : Adulte
Selva Verde ; Vallée de Sarapiqui ; Costa Rica (février 2018).
Cet individu à moins de bleu sur les pattes que le précédent attestant d’une forte variabilité même au sein de populations très proches.
COMMENT?
Pour le repérer, il faut :
– 1 : marcher dans les zones humides (bas des versants).
– 2 : tendre l’oreille : Quand un mâle chante, on l’entend dans un rayon de 5 ou 6 m : buzz-buzz-buzz. Il peut chanter à n’importe qu’elle heure. Le mâle, très territorial (on peut retrouver les mêmes individus plusieurs mois de suite), défend une zone de 5 à 30 m2. Le nombre de mâle est très inférieur à celui des femelles chez cette espèce. Du coup, les femelles vont rejoindre le mâle le plus proche sans faire les difficiles.
– 3 : chercher le rouge : une fois le chant localisé, il faut regarder sur la litière et parfois soulever les feuilles mortes. Ses couleurs aposématiques sont très visibles. Elles préviennent les prédateurs du poison qu’elle secrète.

– 4 : Ne pas toucher : le poison secrété est en grande partie tiré des alkaloïdes de son alimentation (86% de minuscules fourmis). Ce poison n’est pas dangereux pour l’homme mais il est recommandé de ne pas se toucher les yeux, la bouche et d’éviter les contacts avec les blessures. En fait, on aura aucun intérêt à la capturer car elle ne restera pas là où vous la déposerez. Elle fuira autant que possible et vous retrouverez votre dendrobate toute salle et toute stressée.
– 5 : Photographier : il faut être immobile et près du sol pour prendre de belles photographies. L’idéal est d’être assisté d’une autre personne qui bougera pour rabattre lentement le dendrobate vers vous, immobile et en position pour déclencher.
Par curiosité, on peut aussi chercher des broméliacés. Les femelles déposent leurs têtards dans les calices de ces plantes. Elles ne les mettent pas tous dans le même pour multiplier leurs chances. On peut donc avoir la chance de voir des femelles adultes (elles reviennent pour nourrir leurs têtards) ou des individus émergents à proximité.
Photo 5 : Petit promontoire
Cerro Tortuguero ; Costa Rica (avril 2022).
Au Costa Rica, on ne peut confondre ce dendrobate qu’avec Oophaga granulifera, mais cette dernière sans distingue :
– par sa répartition : elle vit côté Pacifique… mais attention à une petite population introduite à proximité de Limon.
– par son dos très grossièrement granuleux : celui du dendrobate fraise semble lisse par comparaison.
Source principale :
– Amphibians of Costa Rica ; Twan leenders ; A Field Guide (2016); 531p.