
Lion (Panthera leo)
DIFFICULTE : Moyennent facile: on arrive à voir des lions en autonomie tous les jours dans les meilleurs secteurs d’Afrique de l’Est et un jour sur deux dans les grands parcs nationaux d’Afrique australe. Le véritable défi, c’est de les voir en dehors des moments de sieste.
DISTANCE DE FUITE : 0 m ; On a parfois des lions tellement près du véhicule qu’on les perd de vue. Les lions des zones protégées depuis longtemps ignorent l’homme. Le dérangement semble minime. J’ai quand même observé une lionne clairement gênée, agressive, par la proximité des touristes lors de son repas… un phacochère à 10 m des véhicules. Les autres membres du groupe étaient plus indifférents.
Photo 1 et 2 : Mâle adulte debout
Savuti ; Chobe NP ; Botswana (juillet 2014).
Les lions passent 20 heures sur 24 à dormir ou se reposer. Il faut avoir du temps et de la chance pour en voir en déplacement. Ce mâle adulte (à gauche), comme ce jeune mâle (ci-dessous), viennent juste de manger. On distingue un autre lion près d’une carcasse au second plan.


Le plus grand félin d’Afrique est l’un des plus faciles à observer notamment grâce à son mode de vie par petits groupes.
OU?
Les grands parcs nationaux d’Afrique australe ont la réputation d’être les meilleurs destinations pour l’observation des grands fauves mais les densités sont également très forte dans certains secteurs du Kenya et de Tanzanie.
Les meilleurs destinations pour voir des lions sont :
– 1 : Seronera au Serengeti NP (Tanzanie) : la Seronera et le cratère du Ngorongoro sont sans doute les meilleurs endroits au monde pour observer les lions. Ces spots associent une très forte densité de proie (annuellement alimenté par la migration des gnous), des points d’eau permanents et un paysage de savanes presque totalement ouvert et donc une visibilité maximale. En outre, le ciel est assez souvent couvert et les lions ne cherchent pas continuellement à se planquer à l’ombre. On y croise en moyenne 3 groupes de lions par jour.
En Tanzanie, les autres très bons parcs pour voir des lions sont Ruaha (voir n°12), Mikumi et Tarangire. On croise environ un groupe de lions par jours dans ces parcs.
Photo 3 : Mâle assis
Seronera ; Serengeti NP ; Tanzanie (août 2023).

– 2 : Chobe NP (Botswana) : la région de Savuti, au sud du parc de Chobe, a été choisie pour le tournage de nombreux films documentaires sur les lions. C’est sans doute le meilleurs secteur pour voir des lions et pour observer la compétition des grands prédateurs autour des carcasses.
– 3 : Kruger NP (Afrique du Sud) : la densité de lion est élevé dans le centre et le Sud du parc. La réserve privée de Sabi Sands juste à côté du Kruger offre les meilleurs chances de voir des lions sur une journée mais les safaris sont seulement guidés. Il y avait une population stable de 1500 lions dans le Kruger en 2008.
– 4 : Masai Mara NP (Kenya) : C’est la même logique que le parc du Serengeti mais côté Kenya.
– 5 : Etosha NP (Namibie) : la partie centrale du parc permet de voir des lions avec un bon rapport qualité prix.
Photo 4 : Femelle intriguée
Cette lionne est, curieusement, intriguée par un Land Cruiser bondé. Elle va aller les voir de plus près.
Seronera ; Serengeti NP ; Tanzanie (août 2023).


Des destinations pour des lions particuliers :
– 6 : la plaine de Duba (Botswana) pour les plus gros lions du monde : la plaine de Duba se situe au Nord de l’Okavango. Les lions y sont en moyenne 15% plus gros que la moyenne. Ici, ils chassent essentiellement les buffles. Ils apprécient d’avantage l’eau que les autre lions et leurs activités sont plus diurnes. C’est un destination onéreuse.
– 7 : le Kalahari (Botswana) pour les lions à crinière noire : c’est une destination aventure qui nécessite un peu d’expérience, du temps et de l’autonomie (réserves d’essence, d’eau, de nourriture). Il y a 450 lions dans le parc transfrontalier de Kgalagadi (2020).
– 8 : la réserve de Timbavati (Afrique du Sud) pour des lions blancs : certains y voient une quête spirituelle…
Des destinations pour des conditions de visite particulières :
– 9 : South Luangwa (Zambie) pour voir des lions à pied : C’est le long de la rivière Luangwa que les premiers safaris pédestres ont été lancés.
– 10 : la réserve privée de Sanbona (Afrique du Sud) pour des lions dans une zone sans paludisme : Cette réserve, dans le little Karoo, permet d’observer les big five. On peut tenter d’y voir deux lions blancs.
– 11 : la réserve de Niassa (Mozambique) pour être presque seul.
– 12 : la réserve naturelle de Ruaha (Tanzanie) pour être presque seul : moins de 20 visiteurs par jour dans cette réserve.


Des destinations décevantes :
Les meilleurs sites pour voir des lions peuvent s’avérer bien décevants pour des aventuriers en quête d’authenticité notamment quand un lion circule sur un axe très fréquenté au Kruger… (Photo 5 ci-dessus). Mais on peut être déçu pour d’autres raisons :
– 13 et 14 : la réserve de Selous (Tanzanie) et celle de Tsavo (Kenya) : dans ces réserves, un bon nombre de lions, dont parfois des mâles dominants, n’ont pas ou peu de crinière. C’est aussi le cas des quelques 500 lions indiens, localisés dans la forêt de Gir.
– 15 : le Queen Elizabeth NP (Ouganda) : ce parc présente deux secteurs réputés pour l’observation des lions.
– Ishasha : dans ce secteur, à l’extrême sud du parc Queen Elizabeth, les lions ont la particularité de monter dans des arbres, de gros figuiers avec des branches horizontales. Ils semblent qu’ils grimpent pour fuir la piqûre de certains insectes. Les pistes carrossables permettent donc de rejoindre les « arbres à lions », largement ventés par les prospectus. En réalité, c’est surtout à la saison des pluies que les lions utilisent les arbres. En juillet 2021 (en saison sèche donc), je n’ai vu aucun lion et j’ai été surpris par l’absence de proie dans le secteur des fig tree. Hors, pas de proies… pas de lions.

– Kasenyi : dans ce secteur, au nord du parc Queen Elizabeth, la savane légèrement arborée est typique des secteurs à lions et c’est le meilleur secteur pour en voir en Ouganda. Il présente néanmoins deux inconvénients : il y a peu de logements sur place ; les herbivores qui servent de proie sont des cobes et on ne voit pas une diversité de mammifères importante.
– 16: Hlane Royal NP (Swaziland) : dans ce parc national, on peut circuler avec son propre véhicule sauf dans le secteur des lions. En safari guidé, on entre dans une zone grillagée et on a l’impression de chercher les lions dans une très grande cage… Une ambiance zoo à éviter.
Photo 6 : Lion dans une très grande cage
Hlane NP; Swaziland (août 2014).
Dans ce parc national du Swaziland, on ne peut pas se déplacer en autonomie dans le secteur des lions. On entre dans une zone spéciale, entourée de grillage et on n’a plus l’impression de découvrir un animal sauvage… A éviter!

Il faut chercher les lions à une distance raisonnable d’un point d’eau. Les journées chaudes, on en verra plus souvent dans des zones où les arbres permettent de se mettre à l’ombre. Au Kruger, les dalles rocheuses (et la route) sont très appréciées le soir en juillet-août car elles gardent la chaleur du Soleil.
Photo 7, 8, 9 : Phacochère au repas et approche du mâle
Cratère du Ngorongoro ; Tanzanie (août 2023).
L’observation des groupes de lions sur le terrain fait tomber de nombreux clichés véhiculés par des documentaires animaliers : Non, le lion n’est pas le premier servi… d’autant qu’il n’est pas le premier sur place.
Ici, les lionnes ont tué un phacochère. L’animal est mort à 10 m de la piste où une file d’une petite dizaine de Land Cruiser va bientôt s’amonceler. Les lionnes et les lionceaux mangent sans attendre le mâle (photo 7). Ce dernier est encore loin. Il sait que le repas est servi. On se doute qu’il va venir et donc se positionner pour la photographie. Il traverse la piste en prenant tout son temps (photo 8). Il va même s’allonger 5 minutes dans les hautes herbes avant de reprendre sa marche (photo 9) et venir manger un phacochère déjà bien entamé.


QUAND ?
A l’échelle de l’année, c’est toujours la saison sèche (généralement juillet, août, septembre, dans les pays d’Afrique à safaris) qui est la plus favorable.
L’intérêt est double :
– l’herbe est moins haute et beaucoup d’arbres ont perdu leurs feuilles d’où une visibilité plus étendue.
– les points d’eau sont moins nombreux : Les lions ne sont généralement pas très loin de l’eau car ils viennent boire (généralement la nuit malheureusement) et parce qu’elle polarise les proies. Beaucoup d’herbivores doivent venir boire une fois par jour (buffle, zèbre, impala…).

A l’échelle de la journée, on peut décomposer le safari en trois périodes :
– du lever du Soleil à 10 heures : c’est le meilleur moment. Les lions sont actifs et donc à la fois plus visibles et plus intéressants. C’est le meilleur moment pour voir une chasse, admirer un groupe en déplacement, observer un repas.
– de 10 heures à 17 heures : c’est généralement une période de sieste ; une sieste d’autant plus marquée que la chaleur est importante. Ce moment est donc très variable selon les pays. En Afrique australe, il est souvent très net. Il faut chercher les lions à l’ombre. Les animaux ne se relèvent que quand le Soleil tourne. Ils font quelques mètres pour se réinstaller à l’ombre. En Afrique de l’Est, la couverture nuageuse atténue assez souvent l’impact de la chaleur. On peut parfois voir une lionne chasser en pleine journée en solitaire. Les animaux restent régulièrement à découvert toute la journée.
– de 17 heures au coucher du Soleil : il y a une reprise d’activité et parfois des chasses en groupe. En Afrique du Sud et en Namibie, avant les nuits très fraîches, les lions vont s’allonger sur les dalles rocheuses pour profiter de la chaleur du sol.

Photo 10, 11 et 12 : Près d’une carcasse de buffle
Savuti Chobe NP ; Botswana (juillet 2014).
Observer une chasse ou trouver une grosse proie tuée récemment est la garantie d’un spectacle sur plusieurs jours.
Ici, deux gros mâle se repaissent (photo 10, ci-dessus). Ils seront remplacés par des jeunes mâles quelques heures plus tard (photo 11, à gauche). Le lendemain, 6 lionnes sont présentes par intermittences (photo 12, ci-dessous) tandis que des hyènes tachetés, des chacals à chabraque et des vautours africains patientent.


COMMENT ?
Même si de plus en plus de parcs nationaux offrent la possibilité de faire des safaris à pied (South Luangwa en Zambie ; Kruger en Afrique du Sud) et même si les lions ne s’attaquent généralement pas à l’homme dans les zones où les proies classiques sont nombreuses, le safari pédestre est mal adapté à l’observation des lions :
– on couvre trop peu de terrain.
– on n’a pas assez de hauteur au dessus des herbes.
– on doit garder une distance importante pour notre sécurité mais aussi parce que les lions sont plus indifférents aux véhicules qu’ils ne le sont aux randonneurs, comme toute la grosse faune d’ailleurs.
Photo 13 : Lionne concentrée sur une proie potentielle
Sud du Kruger NP ; Afrique du Sud (août 2014).
Les lionnes circulent en groupes ce qui permet souvent de les repérer plus facilement que les autres félins d’Afrique.

Le safari en véhicule reste donc la meilleur solution pour observer.
Il y a alors deux options très différentes :
– payer un tour avec un chauffeur-guide (ou les deux) : c’est avantageux si vous ne savez pas chercher ou n’avez pas le temps de le faire. Les chauffeurs ont l’expérience (mais souvent, il regarde 1/3 la piste, 1/3 la savane, 1/3 leur téléphone) et écoutent les canaux de communications des autres chauffeurs. Ils peuvent donc vous amener voir un lion repéré par d’autres ou plutôt dans le bouchon autour du lion repéré par d’autres.
– circuler en autonomie avec un véhicule de location : là, c’est parfois un peu l’aventure ; c’est parfois plus long pour trouver… mais on est libre et on peut rester sur site quand tous les touristes vont manger.
Selon les parcs, il faut une petite citadine (Kruger, Pilanesberg, Etosha…), un 4×4 solide (Chobe, Tarangire…) ou un Land Cruiser obligatoire (Ngorongoro, Serengeti).

Photo 13 : Mâle adulte en déplacement
Savuti ; Chobe NP; Botswana (juillet 2014).
Ce lion a terminé son repas. Il va faire une petite marche pour rejoindre une zone de repos. Il s’arrête parfois pour marquer son territoire.
Photo 14 : Mâle adulte dans la brise du soir
Point d’eau de Gias ; Centre d’Ethosha ; Namibie (août 2013).
On avait repéré un groupe de lions en journée, totalement immobiles sous les arbres. On y est repassé une heure avant le couché du Soleil. Un lion s’était recouché à découvert. Une girafe passe au second plan. On va rester le plus tard possible (il faut être au campement au couché du Soleil). Il ne nous fera pas l’honneur de se lever.

Photo 15 : Lion au repos sur une dalle rocheuse
Sud du Kruger NP ; Afrique du Sud (août 2014).
Juillet et août sont des mois agréables pour les touristes en Afrique du Sud mais ils sont froids pour beaucoup d’animaux. Ainsi, les soirs, on trouve souvent des lions sur les dalles rocheuses. Ils profitent de la chaleur du rocher.
Photo 16 : Lion et lionne
Seronera ; Tanzanie (août 2014).
